Sven m’accueille tout sourire avec des cernes énormes. Comme à son habitude, il n'était pas levé depuis longtemps, cet étrange personnage vis la nuit. La première chose qu'il a fait en se levant, m'a t-il dit fièrement, c'est de se rouler un petit bédo de sa nouvelle acquisition. Sven n'est pas du genre à se prendre la tête, avec lui on rigole bien, même si chez lui, c'est le bordel, un véritable capharnaüm. Le ménage, c'est pas son truc, mais ça, j'avais déjà deviné la première fois que j'ai mis les pieds ici.

Tout sourire, je lui présente Ivana. Lui aussi, succombe à son adorable bouille, pas étonnant. Mais mon sourire n'est que plus large quand je lui montre la liasse de 500 biftons. Lui aussi, semble apprécier la vue de tant d'argent. Il disparaît dans une des pièces et revient avec un énorme sachet de ma très chère marie jeanne. Il pose le tout devant moi, Ivana renifle avec curiosité le contenu. Je la pousse délicatement, mieux vaut ne pas avoir des habitudes pareilles. Quant à nous deux, nous concluons l'échange dans la bonne entente.

« Où t'as trouvé tout ce fric, dis moi ? »
« Haha, un couple de vieux bourgeois qui n'y a vu que du feu ! »
« Toujours d'aussi mauvaises habitudes, à ce que je vois. »
« Parce que toi t'as pris de bonnes résolutions peut-être ? »

On regarde tous les deux autour de nous, sous nos yeux, le chaos. Et on éclate de rire, parce que l'un comme l'autre, on ne vaut pas mieux. Les sermons, c'est pas pour nous. Juste après, on roule notre premier spliff, notre second, jusqu'à dix ou plus, je ne sais plus. Puis une bonne nuit de sommeil, un long et paisible sommeil.


Quand moi je rejoignais paisiblement Morphée, Sven a passé la nuit sur sa console. Même en ma présence, il ne change pas ses habitudes. Il doit être midi, environ, quand je quitte son petit appart désordonné et pire. J'essaye quand même de lui dire que je m'en vais, qu'on se reverra le mois prochain. Lui, affalé sur le canapé en caleçon lève la tête brièvement. Deux yeux rouges et gonflés qu'ils referment aussitôt, me fait un signe de la main, et replonge sa tête dans les coussins, marmonnant quelques mots incompréhensible.

Quand tout est mort chez Sven, Tavas vie pleinement. L'heure du retour à Merya a sonné, mon sac à dos est convenablement rempli. En direction de la sortie de la ville, je remarque plusieurs panonceaux et autre affiche parlant d'un entraîneur réputé, présent ici, à Tavas. Je regarde Otakar et Ivana, l'un comme l'autre en avait besoin. Je repousse légèrement mon départ pour m'attarder face à ce soit-disant entraîneur spécialisé. Vu ses tarifs, il à intérêt d'être bon, ce con.

J'utilise mon bon pour un stage et en paye un second. Pour Ptera & Helionceau.

Finalement, c'est une nana, l'entraîneur en question. Elle me file un papier avec plein de petites cases que je dois remplir et cocher, barbant. Une fois débarrassé des formalités, je confie Otakar et Ivana aux bons soins de l'entraîneur et m'installe non loin de là, pour observer. Entre Otakar qui se la joue gros dur et Ivana qui nous fait des caprices des princesses, la partie ne semblait pas être gagnée. Et pourtant, elle sait y faire, cette nana. D'une main de fer, avec le ton autoritaire, le regard noir et tout le reste, elle sait rapidement se faire entendre des deux-là. Même mieux que moi, presque.

Elle s'en sort bien, même si ça dur deux heures et que je trouve très rapidement le temps long, le spectacle n'est pas déplaisant. Voir Otakar obéir docilement à cette Sabrina, c'est étonnamment fascinant. Elle sait y faire, même avec les bêtes les plus revêches. Et ainsi, j'ai compris que je n'avais pas balancé tout ce fric dans le vide, tant mieux.

Une fois l'entraînement terminé, elle m'annonce qu'une séance d'entraînement en groupe - gratuite - se déroule se soir, à Tavas. Les gens disent que des entraîneurs comme cette Sabrina parcourent la région pour inculquer aux dresseurs leur savoir et partager leurs expériences. Ce serait con, de passer à côté. Moi qui ne viens à Tavas qu'une fois dans le mois, je ne suis pas à une journée prêt. Quant à traverser la forêt de nuit... hé bien, ça peut-être assez marrant. Si Otakar ne se met pas à courser toutes les choses roses qui y vivent. Et puis, si c'est gratuit, en plus.

Non loin d'apprécier l'idée, Otakar me fait comprendre son mécontentement par un rugissement rauque, quant à Ivana, elle se roule au sol en me regardant de son regard le plus mignon. L'un se plaint, l'autre essaye de m'amadouer. Un peu d'entraînement, ça ne leur fera pas de mal. Si je rappelle à Otakar le tragique épisode de la grosse vache de la plaine, il changera assurément d'avis.

Je décide donc de passer l'après-midi au village. Cherchant un coin pour grignoter d'abord, je me réfugie ensuite aux abords du village. Pour passer le temps, je commence mon petit stock acheté à Sven la veille. Adossé là, contre cet arbre et Ivana assoupie sur mes genoux, je fume tranquillement et savoure le trop plein de calme qui règne ici. Otakar quant à lui, vole toujours ici et là, profite de sa chance de pouvoir dominer tout le village depuis les cieux. Et finalement, je rejoins Ivana dans les bras de Morphée et plonge dans un sommeil presque aussi profond que le sien. Une sieste à l'ombre d'un arbre, c'est reposant.

« On est de retour. Regardez-moi ces mines réjouies ! »

Evidemment, c'était tout le contraire. L'entraînement intensif par miss Sabrina la tortionnaire ne les enchante pas. Ils profiteront d'une paisible balade dans les bois pour retrouver des forces. Et puis, ils doivent devenir forts, l'entraînement c'est la vie. Même si je suis bien content de ne pas y participer avec autant de mes forces et de ma sueur qu'Otakar et Ivana. À les regarder, j'ai l'impression de les envoyer à la mort.

« Allez, ça va être marrant ! »

Stage gratuit pour Ptera & Helionceau. \o