Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Partagez
 

 Le dernier banquet

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Kenshîro Kiriyama
Kenshîro Kiriyama
Lun 24 Oct - 23:03
Alcea

Messages : 1620

Casier judiciaire
Statut: Citoyen anonyme
Jauge criminalité:
Le dernier banquet Left_bar_bleue0/100Le dernier banquet Empty_bar_bleue  (0/100)

Le dernier banquet Mini_ava_relations05
PERSONNAGES PRÉSENTS - 13.03.2022
KENSHÎRO
Duncan (Pikachu ♂)
Égide (Roitiflam Le dernier banquet Miniicon_shiny_bl ♂) - Calvin (Caninos Le dernier banquet Miniicon_shiny_bl ♂)

le dernier banquet. - Domuraille (route 9)


Kenshîro déglutit le plus discrètement possible. Son menton disparut un instant dans son écharpe sombre, y dissimulant le mouvement incessant de ses dents qui mordillaient sa lèvre. Ses mains plongées dans les poches de son long manteau lui donnaient l'impression de contenance qu'il souhaitait afficher, mais son regard hésitant trahissait l'angoisse qui portait sa démarche maladroite alors qu'il faisait les cent pas dans l'allée menant à son manoir. Oui, son manoir. Celui qui, à présent reconstruit sur les décombres des anciens murs n'avait presque plus rien de familier.
Cela faisait longtemps que le borgne n'avait pas mis les pieds à Domuraille, et plus longtemps encore qu'il n'avait pas vu son oncle en face à face. Et pourtant ce dernier l'attendait aujourd'hui, bien au chaud derrière ces murs flambant neuf, au creux de ce bâtiment dont il avait lui-même supervisé la renaissance.

Ils avaient beaucoup échangé ces dernières années, l'oncle le tenant au courant de l'avancée des travaux, de l'état des finances et de l'influence vacillante de la famille Kiriyama. Bien sûr, la désertion du fils héritier de la grande ville avait fait jaser, et ce malgré les efforts déployés par l'oncle et toute la branche secondaire pour maintenir au possible la réputation de leur maison. Kenshîro ne pouvait qu'en être redevable, incroyablement redevable, car le frère de son père l'avait couvert durant ses longs mois d'absence, s'était chargé de tout, et l'avait encouragé dans ses projets.
Oui... Cet oncle qu'il connaissait à peine et que son père lui avait appris à mépriser lui avait permis d'échapper pendant longtemps à tous ses devoirs, à prendre le large, à se reforger une confiance qui s'était à l'époque si facilement brisée.
Depuis près de trois mois, ils ne s'étaient quasiment plus parlé, mais lorsque le borgne avait sollicité une réunion afin de revenir s'installer au manoir, l'oncle s'était aussitôt occupé de décaler ses rendez-vous afin de lui consacrer une soirée. Il avait par ailleurs contacté monsieur Mikael, le notaire de famille, invitant ce dernier à participer au repas pour les informer tous deux de la situation présente.

"Bon... Je suppose qu'il est l'heure d'y aller..." marmonna le borgne en jetant un coup d’œil à sa montre.

À ces mots, Calvin cessa de courir après la balle que son dresseur s'était résolu à mollement lui renvoyer tandis qu'il tournait en rond. Le chiot cala son jouet entre ses dents, et revint tout fringant vers le jeune homme et ses deux autres compagnons. Duncan était resté discret, bras croisés sur le bord de la rue, perdu dans ses pensées en attendant que le nobliau se décide à les faire avancer. Égide, quant à lui, n'avait pas quitté d'une semelle leur dresseur, marchant dans ses pas comme une ombre gigantesque mais silencieuse afin de réconforter la silhouette angoissée de la chaleur de ses flammes.
Maintenant qu'il avait évolué, le Roitiflam faisait presque deux têtes de plus que Kenshîro. Plus grand et plus imposant que Côtelette, il arborait au contraire un regard bien plus doux et une apparence protectrice. Malgré l'élément qui définissait le colosse, le borgne n'en avait pas peur. Égide était son géant, son acolyte, au même titre que Duncan. Avec ces deux-là à ses côtés, il se sentait la force de se confronter à la soirée qui l'attendait.
Calvin ne faisait pas partie du groupe depuis très longtemps, mais sa présence aussi suffisait à apaiser légèrement le sabreur ; le chiot était certes joueur, amical, mais il était surtout attentif, savait se calmer lorsqu'il le fallait, et faisait montre d'une certaine prestance qui plaisait au fils de bonne famille.
Affublé de l'écharpe bleu ciel qui rappelait la couleur de ses yeux, le Caninos au pelage sombre s'assit docilement aux pieds de son maître qui lui tapota brièvement la tête avant de lui arracher son jouet pour le ranger dans sa besace. Oui, ainsi accompagné, le jeune homme se sentait en confiance. Son oncle ne pourrait que constater que sa confiance n'avait pas été donnée en vain, qu'il n'avait pas chômé pendant ces deux longues années. Il était devenu un dresseur de bon niveau à présent, et l'ouverture imminente de son Centre de Dressage achèverait de le prouver. Cette simple liasse de papiers...

"Allons-y." ordonna-t-il en tapotant de l'arrière du poing l'épaule imposante d’Égide.

Ce dernier acquiesça, soufflant un nuage de vapeur de son groin, tandis que Duncan sautait aux côtés de son dresseur. Et tous les quatre rejoignirent les grilles du manoir Kiriyama.

~ & ~

Une odeur désagréable fit froncer le nez au jeune homme alors que le majordome lui retirait son manteau. Le hall d'entrée avait bien changé, plus chargé en fioritures que dans son souvenir. L'architecte semblait avoir pris quelques libertés, mais après tout... il n'avait pas été là pour superviser, alors pouvait-il lui en vouloir ?
La majordome, un homme d'à peine quarante ans parfaitement inconnu de Kenshîro, l'invita à le suivre au salon. Le borgne inspira profondément, et lui emboîta le pas. Ils traversèrent des couloirs que le dresseur ne reconnut pas. Des tapis orientaux, des bibelots dorés et argentés, des tableaux de famille qui avaient autrefois séjourné dans la bâtisse de son enfance lui semblaient aujourd'hui déplacés, perdus dans ces nouveaux espaces où ils n'avaient pas leurs marques. Ce nouveau manoir lui était totalement inconnu.
Quelque chose se serra dans sa poitrine, sans qu'il puisse réellement se l'expliquer. Il se demanda un instant si sa chambre était toujours dans l'état qu'il l'avait connue. Elle faisait partie des pièces qui n'avaient été que partiellement touchées par l'incendie, aussi n'avait-elle pas du subir les affres du grand chambardement. Il espérait, sans vraiment savoir pourquoi, qu'elle n'aurait pas changé.

"Bienvenu, mon cher neveu."

La voix grave et élégante d'Akio résonna entre les murs du salon avant même que le borgne ait aperçu la silhouette de laquelle elle provenait. Son oncle était un homme d'allure calme, droite et puissante. Son regard sombre était plein d'une fierté et d'une autorité naturelle qui rappelait beaucoup celle de son défunt frère. Tous ces atouts dont Kenshîro s'était toujours targué d'avoir hérité tout en sachant pertinemment qu'il avait faux. Le borgne devait redoubler d'orgueil, et d'une certaine agressivité dans ses regards appuyés s'il voulait parvenir ne serait-ce qu'à cinquante pour cent du charisme qu'obtenaient son père comme son oncle d'un simple coup d’œil. Et aujourd'hui encore, le dresseur dut réunir toutes ses forces pour durcir la lueur de son œil unique afin de faire face sans ciller à Akio Kiriyama.
Malgré tout, son regard se détourna bien vite lorsqu'il entendit Calvin gronder tout bas, son poil hérissé frottant contre les jambes de son maître. Kenshîro comprit alors d'où provenait l'odeur désagréable qu'il avait sentie en entrant dans le manoir ; au fond de la pièce, devant la lourde cheminée où crépitait un feu de bois, se tenait Akio. Et quelques pas à sa gauche, droite comme un I, les mains croisées dans son dos tandis que ses lèvres affichaient un sourire satisfait qui fit dresser les cheveux sur la nuque du borgne, Saeko Kiriyama, sa détestée cousine accompagnée de son Moufflair. La bête en question était vautrée sur un tapis non loin du feu, imposant sa présence et son odeur musquée à toute la pièce et promenant un regard tranquille et scrutateur sur tous les convives, comme un lourd pacha qui serait maître des lieux.
Saeko sourit un peu plus en croisant le regard de son cousin, et s'inclina imperceptiblement alors que son regard se chargeait de malice. Elle était très contente de la surprise indécente qu'exerçait sa présence sur le borgne. Mais ce n'était pas fini. Assis à table, occupés à discuter tout bas, les deux fils d'Akio et frères de Saeko ricanaient déjà en lançant de petits regards amusés dans la direction de Kenshîro.

"Bien, je ne vous cache pas que je meurs de faim. Pouvons-nous passer à table à présent ?"

Cette nouvelle voix provenait du vieil homme en costume gris qui s'était tapis dans un coin de la pièce, si bien que le borgne ne l'avait même pas remarqué. C'était m. Mikael, le notaire, un vieillard frêle particulièrement discret, voir effacé. L'oncle hocha la tête, et tous, y compris Kenshîro, suivirent son mouvement et se mirent à table. Akio se mit à un bout, son neveu à l'autre.
Égide, un peu perdu dans cette ambiance pesante, choisit d'imiter Calvin qui s'était posté à droite de son maître, torse bombé, haletant silencieusement, et vint se positionner à sa gauche en triturant ses lourdes griffes.

"Je vois que tu t'es amélioré." reprit la voix résonante de son oncle tandis qu'on leur servait la soupe. "Si je me souviens bien, je crois que tu as quitté le manoir accompagné d'un simple rat électrique. Je me trompe ?"

"Non, mon oncle, vous ne vous trompez pas." répondit Kenshîro d'une voix qu'il espérait aussi volontaire que la sienne. "Mais Duncan n'est plus un raton, et je peux vous assurer qu'il a gagné lui aussi en panache."

L'oncle sourit en coin, et acquiesça en adressant un bref regard au Raichu qui, perché sur la chaise de son dresseur, observait l'assemblée avec une certaine appréhension. De tous les humains présents ici ce soir, aucun ne lui inspirait la moindre confiance. Et lorsque les yeux noirs du maître de table croisèrent les siens, le rongeur sentit un frisson glacé le parcourir.

Akio Kiriyama était un homme de taille moyenne, de carrure moyenne, au visage fin et allongé muni d'une moustache et d'un bouc finement taillés qui durcissaient plus encore son visage d'acier. Ses sourcils fins, ses cheveux bruns denses et ondulés lui apportaient une élégance naturelle et un charme auquel il était difficile de résister. En société, Akio avait tendance à se montrer discret, comme le voulait le code de la branche secondaire d'une famille noble. En aucun cas il n'était censé pouvoir faire de l'ombre à la branche principale. Et pourtant, en cet instant, Kenshîro savait parfaitement ce qu'il en serait si son oncle et lui-même se trouvaient invités à n'importe quelle soirée mondaine ; il ne ferait pas le poids face au charisme de son oncle, et sa présence serait vite oubliée.

Le repas se passa dans le calme. Les deux frères avaient cessé de parler tout bas, et seule les voix d'Akio et de m. Mikael bercèrent la soirée, inventoriant les changements dus à la reconstruction du manoir, l'évolution des richesses de la famille, les changements d'influence, les biens qui avaient du être cédés, les nouvelles alliance, etc...
Au bout d'une demi heure à peine, Kenshîro en avait déjà la migraine. Tant de changements à retenir... Et bien d'autres encore en perspective.

"Hm... Il reste encore beaucoup de choses à régler, ce ne sera pas facile." grogna le borgne en baissant l’œil sur le dessert qu'on venait déposer sous son nez. "Mais je ferai de mon mieux."

Un gloussement étouffé échappa au plus jeune des frères, qui se dissimula aussitôt dans sa serviette en toussant légèrement. Kenshîro fronça les sourcils en le foudroyant du regard. De son côté, Akio sourit, d'un sourire qu'on aurait presque pu croire attendri si son regard n'avait pas été si dur.

"Tu n'y es pas du tout, cousin."

C'était la première fois de la soirée que Saeko prenait la parole. Elle touilla un instant le thé qu'on venait de lui servir, fixant Kenshîro sans ciller tandis qu'il la détaillait à son tour avec mépris.

"Je te demande pardon ?"

"Tu n'auras pas à faire tant d'efforts." reprit-elle simplement. "Puisque les affaires de la famille Kiriyama ne te concernent plus."

Le borgne ouvrit la bouche, avant de la refermer. Un frisson imperceptible le parcourut, et il montra les dents, prêt à répartir, lorsque la voix discrète du vieux notaire prit la relève :

"Ah, oui, c'est vrai que nous n'avons pas abordé ce point." Il avala une gorgée de son thé, ses petits yeux délavés toujours plongés dans sa tasse, comme s'il n'avait pas conscience de tous les gens qui l'entouraient. "Les rênes de la famille Kiriyama sont désormais aux mains d'Akio Kiriyama, le petit frère de l'ancien chef de famille. Par conséquent, toute sa fortune, son nom et la gestion de son domaine revient à la branche secondaire, qui n'a donc plus lieu d'être. Les Kiriyama ne sont à présent qu'une seule branche robuste."

"Je... ne comprends pas." bafouilla Kenshîro.

"C'est pourtant simple." soupira Saeko. Le borgne lui adressa un regard noir ; malgré son air détaché, il était clair qu'elle jubilait. "Tu ne fais officiellement plus partie de cette famille. Et tous les biens de notre lignée appartiennent maintenant à mon père, mes frères et moi-même."

"Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?!" explosa le dresseur en se dressant d'un bond, repoussant sa chaise dans un fracas monumental qui hérissa le poil de Calvin et du Moufflair auparavant assoupi.

"Les droits de succession ont été signés il y a deux mois de ça. Comme tu ne t'es pas présenté malgré les nombreuses relances du cabinet de monsieur Mikael, ta signature a été évincée du document."

Kenshîro s'était figé. Son regard furibond, déstabilisé restait braqué sur son oncle tandis que son cerveau réfléchissait à toute vitesse. Il ne comprenait pas. Comment cela était-il possible ? Rien n'avait de sens ! Pourquoi raconter pareilles absurdités ?!

"Je... n'ai jamais reçu la moindre..."

"Tous les documents t'ont été envoyé à plusieurs reprises, ta boite mail doit être saturée de messages d'urgence, et malgré cela tu n'as pas réagi. C'est ton entière responsabilité, Kenshîro."

Il mentait. Tout simplement. Tout cela n'était qu'un vaste mensonge. Un... piège qu'on lui avait tendu. Mais c'était impossible ! Ils ne pouvaient pas faire une telle chose au nez et à la barbe d'un notaire ! De son propre notaire de famille que le garçon connaissait depuis son plus jeune âge !
Alors que la panique naissait, le borgne tenta d'établir un contact visuel avec le vieil homme. Mais ce dernier se contentait d'observer docilement sa tasse, y trempant par à-coups ses lèvres plissées par l'âge. Alors, la peur et la colère débordèrent.

"Vous n'avez pas le droit de faire ça !" rugit le dresseur en frappant de toutes ses forces sur la table. Plusieurs verres se renversèrent, l'un des frères grogna en épongeant le vin qui coulait sur son pantalon. "Ce manoir est à moi ! Et tout ce qu'il contient aussi !"

"Plus maintenant." minauda Saeko. "Oh, mais ne t'en fais pas !" reprit-elle rapidement avant que le borgne se remette à aboyer. "Nous ne sommes pas des monstres, il n'est pas question de te jeter à la rue sans rien dans les poches."

À ces mots, et d'un claquement de doigts, elle fit lever la lourde masse de son Moufflair. La créature fouilla un instant le tapis froissé qu'elle piétinait, avant de dénicher un vieux carton déglingué qu'elle traîna de ses crocs jusqu'aux pieds du dresseur, lâchant l'objet devant Calvin qui s'était redressé, tous crocs dehors, grondant comme un moteur survolté.
Sous les pans du carton à demi ouvert, Kenshîro pouvait deviner la couleur d'un kimono élimé, et les formes de ses deux sabres en bois d'entraînement, ainsi que de sa vieille peluche Monsieur Pipi, le Pikachu à moustaches. Il sursauta quand une liasse de feuilles atterrit sur la table, juste devant lui, et releva son œil effaré sur sa cousine qui s'était rapprochée pour étaler devant lui les documents officiels de sa déchéance.

"Comme tu le vois ici..." récita-t-elle en désignant tour à tour plusieurs paragraphes. "... tu gardes le droit de conserver notre nom, même s'il n'aura plus aucun lien avec notre famille. Tu perds bien évidemment ton statut de noble, et ainsi ton droit à franchir les portes de Domuraille sans un laisser-passer officiel. Plus aucune succession ne t'est due, et même si notre famille venait à disparaître, tu n'aurais aucun moyen d'obtenir une part de l'héritage. Nous avons fait ajouter une close nous assurant qu'à partir de ce jour, tu n'as plus le droit de t'approcher à moins de cinquante mètres d'un membre quel qu'il soit de la famille Kiriyama. Et je pense que le plus gros est dit, tu pourras vérifier les détails par toi-même."

Elle lui fourra les papiers dans les bras, souriant de plus belle face à la détresse du borgne qui les retint maladroitement en essayant encore d'assimiler ce qu'elle venait de lui annoncer. Puis, tranquillement, elle se pencha vers lui pour croiser une dernière fois son regard.

"J'espère que ton Centre de sport pour bestioles marchera bien, Kenshîro." chuchota-t-elle.

~ & ~

Duncan courut à toute haleine pour rattraper son dresseur.
Ses feulements furieux et ses coups de poings rageurs n'avaient rien changé à la situation, et comment auraient-ils pu ? Le vigile et ses deux chiens de garde l'avaient repoussé avec force cris, injures et coups de crocs, couinant sous les chocs électriques mais revenant sans arrêt à l'assaut pour finalement le jeter hors de la propriété. Le rongeur ne s'était pas démonté, criant encore de longues secondes avec fureur tout en électrocutant les barreaux de la grille, faisant vibrer le métal qui avait pâli sous les assauts.
Haletant, son souffle comme un râle continue, le pelage encore dressé partout sur son corps comme de fines aiguilles, le Raichu s'était finalement aperçu que son dresseur et ses deux autres compagnons avaient disparu. Il s'était rué à leur poursuite. Sur la route, Duncan croisa Calvin qui revenait vers lui en courant en tout sens, l'alarmant de petits jappements secs. Le rongeur redoubla d'efforts, et ne sentit le soulagement le gagner que lorsqu'il aperçut la silhouette du borgne qui s'éloignait de la haute ville d'une démarche hagarde, dans une rue à quelques mètres en-dessous d'eux. Égide marchait lentement, au rythme de son maître, portant le carton biscornu en surveillant l'humain comme s'il craignait à tout instant de le voir s'effondrer.

Il fallut plusieurs minutes à Duncan et Calvin pour parvenir enfin à les rejoindre, à bout de souffle. Incertain, le Raichu s'accrocha comme il avait l'habitude de le faire à la jambe de pantalon de son dresseur. Mais ce dernier continua sa marche, ignorant tout bonnement sa présence.
Ils continuèrent ainsi jusqu'à la sortie de la ville, laissant derrière eux les murs imposants de Domuraille. Personne sur le chemin ne leur avait adressé la paroles. Les gens étaient peu nombreux dans les rues à cette heure avancée, alors que le soleil s'était couché depuis une heure environ. Quand ils foulèrent la plaine, Duncan espéra que Kenshîro allait s'arrêter enfin. Il espérait simplement entendre un ordre, une parole, n'importe quoi. Mais le jeune homme s’évertua à avancer, perdu dans des pensées profondes où ses compagnons n'avaient pas leur place. Alors les trois créatures ne dirent rien, et se contentèrent d'avancer en silence.

Égide ne comprenait pas vraiment ce qui s'était passé. La seule chose qu'il avait capté dans l'échange entre les inconnus et son dresseur était la détresse dans laquelle s'était retrouvé ce dernier. Alors, la seule chose à laquelle il pensait à présent, c'était de le protéger.
Calvin était moins idiot qu'il en avait l'air, et surtout, son instinct était fort développé. Sans concevoir tous les détails de cette fameuse discussion, le chiot en avait tiré chaque sentiment, tout le dédain, la colère, la joie, la fureur qui s'étaient déclenchés tour à tour chez les participants de ce festin aux relents d’exécution. Peu importe ce qui s'était déroulé, son dresseur en avait fait les frais. Alors, il tentait d'imprégner à jamais l'odeur de chacun de ces humains dans son esprit, jusqu'au jour où il les recroiserait, le jour où il les ferait payer.
Duncan avait passé toute sa vie auprès des humains. Il ne comprenait pas vraiment la notion d'argent, ni vraiment la notion d'héritage. Mais il savait parfaitement ce que les humains qualifiaient de liens du sang, de "famille". C'était quelque chose que les créatures partageaient très souvent avec leur dresseur et leur équipe. Et ce que Duncan avait compris durant cette soirée, c'était quelque chose qu'il ne pensait pas pouvoir comprendre ; un membre de la famille avait été renié. Et ce membre, c'était Kenshîro, son dresseur.

Le rongeur essayait d'imaginer ce que cela lui ferait si le borgne décidait soudain de le chasser de l'équipe, loin de ses amis, loin de lui. Mais il oublia très vite cette pensée. Ce n'était pas une pensée normale. Ça ne devait pas arriver.
C'est à cet instant que le jeune homme stoppa enfin sa marche. Sans un mot, il s'assit à même le sol, dans l'herbe froide et humide, et plongea sans tête dans ses bras repliés sur ses genoux serrés.

Égide s'assit à sa gauche, attisant ses flammes pour réchauffer l'air qui l'entourait, serrant simplement contre lui le carton sans oser toucher son dresseur. Calvin s'allongea à sa droite, se roulant en boule contre lui en gonflant son poil épais. Duncan s'assit face à lui, simplement, triturant ses petites griffes en se tassant sur lui-même pour mieux contrer le souffle glacé du vent qui se levait parfois. Pendant plusieurs heures, il observa les épaules de son dresseur secouées de soubresauts, ses doigts s'ouvrant et se fermant sur le tissu de ses manches, ses cheveux tombants se charger lentement de gouttelettes légères.
Et durant tout ce temps, le rongeur ressentit la plus grande impuissance de toute sa petite vie.

DEMANDE DE MODÉRATION.

Achat d'une Pierre Feu, d'une Pierre Foudre, d'une Balle Lumière.
Total : 4.500 P$

Vol jusqu'à Naira.

Maître du Jeu
Maître du Jeu
Mer 26 Oct - 13:25
PNJ MJ

Messages : 2505

    Achat
Vous achetez :
01 × Pierre Feu : 1.500 P$
01 × Pierre Foudre : 1.500 P$
01 × Balle Lumière : 1.500 P$
Total : 4.500 P$
    Déplacement
Vous volez jusqu'à Naira. Bon voyage !
 

Le dernier banquet

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Et un dernier badge !
» Dernier combat avant le bal
» Un dernier pour la route [19/12]
» Dernier détour avant Wilma
» Dernier combat avant le Centre

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Pokemon Reborn :: 
Récré
 :: Bazar :: Archives RP
-
Liens utiles
Guide pour bien débuter
Contexte
Carte
CGU
Fonctionnement
Métiers
Avatar utilisés
Staff et crédit
Partenaires
Top-Partenaire

Facebook