Je connaissais parfaitement le chemin que prenait Kazuo, l'ayant déjà fait mainte et mainte fois dans ma vie. Nous étions en direction des plaines d'Hehta, mon coeur se contractait un peu. Je ne connaissais que trop bien les étendues qui dessinaient les paysages autour de nous. J'ai grandi ici, tout près d'ici à vrai dire, ces terres sont ce qu'on pourrait appeler "mes attaches" même si je les ai fuis. Je resserre mon étreinte autour de la taille de Kazuo, palpant au passage son torse. Quoi ? Ce n'est pas parce que j'ai eu 10 minutes de faiblesse totale que notre jeu s'arrête pour autant. Jeu dont il n'y a aucunes règles soit dit en passant alors... Oui bon, c'est pas non plus hyper prudent certes, mais c'est pas comme si je lui mettais la main dans le froc ! Tiens, en voilà une idée pas mauvaise du tout...

Il doit être approximativement 14h30 lorsque que nous nous arrêtons, puisque je réclame une "pause pipi" et le temps de pouvoir déjeuner. Nous nous sommes arrêtés non loin d'un bâtiment, sans doute un élevage. J'y rentre calmement après avoir enlever mon casque en secouant légèrement la tête pour remettre mes cheveux en place, sachant comment me tenir dans un élevage. Je ne sais pas trop pourquoi je suis entrée, c'est comme si mon instinct m'y poussait. Je ne connais pas cet établissement, pourtant je connais le coin et je sais que la maison où j'ai vu le jour et ait grandi n'est pas bien loin. J'aperçois un Mangriff, assis seul devant de jeunes malosses entrain de jouer ensemble. J'ignore totalement la présence de Kazuo actuellement, ce n'est pas contre lui, mais c'est simplement une sorte d'habitude, un petit retour dans le passé pour moi. Je m'approche du pokémon tranquillement et m'accroupie à la hauteur de celui-ci en souriant et tendant doucement la main.

» Alors, tu m'as l'air bien seul.

Je souris chaleureusement avant qu'un jeune malosse vienne me renifler et me lécher la joue, sous les yeux blasée d'Ivy restée prêt de Kazuo. Je caresse simultanément les deux pokemons avant d'être prise par surprise par un voix féminine et bien humaine. Je me redresse alors, tout aussi tranquillement pour n'effrayer personne.

» J'aimerai vous prendre ces deux pokemons.

Dis-je en m'adressant à la jeune femme ici présente. Je crois entendre Ivy soupirer, ce qui me fait sourire en coin. Après avoir payé et totalement craqué mon porte-monnaie je ressors deux nouvelles pokéballs en main. Je les tends à Ivy pour qu'elle s'empreigne de leurs odeurs. Ce n'est pas comme si elle avait vraiment le choix dans le fond.

» Je te présente Nécrose et Virus. D'ailleurs Kazu j'ai une petite course à faire non loin d'ici si ça ne te dérange pas. Je dois en avoir pour 15mn tout au plus je pense.

J'attrape dans mon sac un morceau et papier et un stylo avant de griffoner quelques mots dessus, sans trop m'attarder. Ivy remonte dans mon sac, je ne voudrai pas qu'elle aille courir là-bas et alerter tout le monde. Quelques minutes plus tard, je me retrouvais face à face avec mon passé, la lettre manuscrite serrée contre mon coeur. Je n'ai pas le temps ni l'envie de passer ce portail et d'entrer, c'est trop pour moi. Lorsque je glisse le fameux bout de papier dans la boîte prévu à cet effet, j'entends très nettement les jappements des caninos et arcanins de ma mère. Ils ont sans doute senti mon odeur et c'est pour cela que je fais volt-face pour repartir le plus vite possible, murmurant mentalement un milliard d'excuses à ma famille. Je me cache le visible tant bien que mal pour laisser s’échapper une petite larme discrète du coin de mon oeil droit. Mon coeur saigne un peu, mais cela lui passera. J’essuie d'un revers de la main et m'adresse de nouveau à Kazuo tout sourire ;

» C'est bon, on peut repartir je suis prête.

Mon coeur semblait louper un battement lorsque Kazuo m'annonça que l'on resterait dans les parages un petit moment, j'affiche un sourire figé. Ce n'est pas grave Lex, tout ira bien il y en a pas pour longtemps.

Il me fait un clin d'oeil et je détourne le regard instantanément. Je le suis dans une clairière non loin de là et en profitons pour faire sortir nos pokémons respectifs. Ivy se pose sur moi tandis que Virus se pose docilement à mes côtés semblant "discuter" avec Ivy. Nécrose lui, plus jeune et plus fougueux, s'amuse à tourner autour du Zoruak de Kazuo semblant chercher le jeu. Je ne savais pas que les malosses pouvaient être si joueur. Je profite de cet instant de pause pour offrir quelques sucreries à mes nouveaux compagnons, sans oublier Ivy qui elle -bien plus gourmande- favorise le chocolat. Je mords dans un sandwich lorsque Kazuo m’interpelle. Je fronce un peu les sourcils

» Ah ! Parce que tu joues le rôle de mon banquier maintenant ?

J'arque un sourcil puis soupire. Je ne suis peut-être pas très agréable, mais il ne peut pas vraiment comprendre. Je me tâte quelques secondes avant de lui parler.

» En fait je ne sais pas trop. J'ai grandi dans un élevage, c'est quelque chose de naturel pour moi. Crois-le ou non, mais je me sentais attirée par ce mangriff comme s'il m'attendait... Le malosse n'est qu'un extra un peu sympa et foufou qui fera un super compagnon de jeu pour Ivy. Elle n'a jamais connu personne d'autre que moi et à toujours refuser qu'on l'approche ou la touche, à l'exception de toi. Mais, malgré tout je sais comment elle est, regarde là.

Je désigne du doigt la petite Evoli prendre un plaisir fou à courir après Nécrose, japant dessus pour jouer à une sorte de "chat" je suppose ? Ivy a besoin de s'ouvrir et de grandir, de jouer et de se dépenser. Je suis sûre que Nécrose sera très bon pour ça. Je passe ma main sur la tête de Virus pour le caresser, il ne s'y oppose pas, mais ne réagit pas vraiment non plus. Je lui souris tristement et garde mes yeux sur lui pour répondre au blondinet.

» En fait, je suis née et j'ai grandi non loin d'ici, un peu plus bas. Je suis simplement passée déposer une lettre à ma mère pour lui donner des nouvelles. Elle a horreur de la technologie, donc le holokit, les mails, c'est impossible. Je crois qu'au fond, j'aurai aimé passer la porte et imaginer revoir mon frère. Mais il n'est sûrement pas là, je n'ai pas besoin de plus de déception. En plus, il t'aura sûrement collé une baigne pour être bien trop proche de sa petite soeur et de la mener sur le mauvais chemin.

Lors de cette dernière phrase, je me suis retournée vers Kazuo et rit très franchement à la fin de celle-ci. Moi-même, je ne me serai pas cru capable de partir sur les routes en moto avec un mec rencontré un mois plus tôt et qu'au fond de moi je ne connais à peine. Ce malgré que nous semblons identiques sur tellement de point que j'ai l'impression de le connaître depuis toujours, sans parler de la façon dont son sourire me réchauffe le coeur. Je finis de manger et bois un peu d'eau avant qu'Ivy ne revienne épuisée s'allonger sur moi pour s'endormir. Virus semble bien intrigué par ma petite renarde et la renifle à son tour tandis que Nécrose lui, ne semble jamais vider ses batteries en allant tourner autour de Kazuo. Je le rappelle dans sa pokéball pour laisser tout le monde respirer un peu. Je vais devoir faire un énorme travail sur lui j'ai l'impression et beaucoup le dépenser quotidiennement. Tandis que je range la ball dans mon sac, je me retourne vers Kazuo en plongeant mon regard dans le sien.

» Je t'intéresse donc tant que ça ?

Je lui fais un clin d'oeil taquin à mon tour. La mélancolie semble m'avoir quitté.

Je souris fièrement à sa remarque quant au fait de "faire attention à moi". Bien sûr que ça me plait, pour qui cela ne serait pas le cas ? Et puis, c'est toujours mieux que de s'ignorer l'un l'autre alors que l'on fait un bout de route ensemble. J'allonge mon dos et ma tête contre l'écorce de l'arbre sous lequel nous avons déjeunés. Je profite de la brise et du calme pour inspirer profondément. Mes pensées divaguent entre une multitude de chose et de souvenirs de mon enfance, mais tout ça est rapidement coupé par Kazuo.

» J'aime bien l'idée de passer la nuit à la belle étoile. Moi en tout cas, ça me va et puis, à cette saison le ciel est magnifique sur les plaines.

Je l'ai souvent fait, je n'ai jamais eu de problème à m'allonger dans l'herbe pour admirer les étoiles. Généralement je m'endormais et je rentrais chez moi aux aurores lors des premiers rayons de soleil. Ainsi, je ferai sûrement une sorte de back-flip dans le passé, mais avec un nouveau compagnon de route. Je ferme les yeux et je crois m'être assoupie jusqu'à ce que j'entends Ivy grogner et se redresser, je papillonne avant de m'essuyer le coin de l'oeil d'un revers de la main et aperçois quelque chose venir en courant vers nous... ?

» Kazu, ça nous foncerait pas droit dessus là ?

Je me redresse en hâte et Ivy se met en garde, mais elle fût dépassée par Virus qui d'un geste semblant se vouloir protecteur prend sa place. Apparemment, le Mangriff eu tantôt semble déjà attaché à ma petite Evoli, en quelque sorte et prêt à se battre. Il s'élance en avant attaquant un Phanpy que je n'avais pas vu avant et je reste dubitative un instant avant de tenter une capture.

Clic... Clic ... Clic... Tut

Je crois que mes jambes tremblent un peu, ou est-ce seulement parce que j'ai la tête qui tourne que j'ai cette impression ? Je tombe sur mes fesses et lâche un long soupire avant de m'allonger dans l'herbe et de laisser éclater un fou rire nerveux et incontrôlé.

» Woaah, quel réveil !

Ivy s'approche de moi et pose sa truffe froide contre ma joue et je m'arrête doucement de rire en caressant sa tête, les yeux fixés sur les nuages. Ce genre de chose ne m'était jamais arrivé avant. Je me relève et épouste ma robe et mes jambes, remettant en place les bandages de ma jambe en place. Je fais revenir Nécrose et Virus dans leur balls respectives et ramasse celle du Phanpy que je viens de capturer. Psychose, cela sera son nom. Je me retourne avec Kazuo en souriant innocemment, la pokéball encore dans les mains.

» On peut dire que c'était mouvementé. Bien joué.

Je range la sphère dans mon sac et roule des épaules pour les décontracter avant de m'étirer de tout mon long. Je ne peux m'empêcher de sourire fièrement, après tout Psychose est ma première "vraie" capture de Pokémon. Je jette un œil au blondinet.

» Bon, et si on allait jeter un œil à la pension ?

Je m'approche et lui colle une pichenette affective sur le front. Décidément Monsieur Kawada, vous n'avez pas fini de me surprendre. Je m'élance la première dans la direction de la pension, allons donc voir si tout s'est bien passé.

15.4.2022

Nous avons passés plusieurs jours à vaquer à différentes occupations, entre la plage, Frewick et divers autres choses. C'était agréable de vivre un peu "sauvagement" en compagnie de Kazuo. Je suis beaucoup plus reposée et calme que je ne l'étais à Wilma, je ne ressens plus la tension que j'y avais.

Courant de l'après-midi un camp s'offre à nous, le Kawada m'expose son plan et j'approuve en hochant la tête. Je fais sortir Virus de sa ball et lui expliquer de suivre le blondinet et de faire ce qu'il lui demande tandis que je ferai diversion avec Ivy. Ceux sont deux hommes plus âgés que moi. J'envois Ivy courir partout dans leur camp tandis que je la suis d'un peu plus loin, feintant l'éssouflement. Lorsque j'arrive à hauteur du campement, Ivy s'enfuit un peu plus loin comme prévu et je demande à bout de souffle aux deux hommes leur aide pour rattraper mon "nouveau" pokemon un peu trop têtue et vive pour moi. Le temps d'attraper ma petite peluche, Kazu devrait avoir le temps de faire ce qu'il a faire là-bas. J’entame une pseudo-discussion avec les deux campeurs un peu plus loin, bredouillant des excuses multiples me présentant sous un faux jour de timidité. Les hommes aiment bien trop les femmes un peu naïves et timides, pour ne pas dire faibles. Je frissonne de tout mon long lorsque Yoru pose sa main sur moi, invisible et m'excuse encore avec Ivy dans les bras et poursuit mon chemin comme si de rien n'était pour rejoindre mon partenaire de crime un peu plus loin.

18.4.2022

Il est encore tôt lorsque nous nous rendons à l'élevage. Je baille en m'étirant tandis que Kazuo entre pour récupérer son bien. Je me frotte les yeux, encore quelque peu ensommeillée et profite de la brise fraîche des plaines pour sortir doucement de mon état de somnolence. Je ne me souviens même pas m'être réveillée.

Quelques minutes plus tard, les yeux enfin bien ouverts, j'aperçois le blondinet ressortir avec une toute petite chose dans les bras. Je fonds littéralement lorsqu'il me présente la chose, soufflant quand il me lance "Espérons qu'il soit moins chiant que son père !". Je m'extasie quelques minutes devant le petit Kaïminus, lui parlant à voix basse et caressant sa tête. J'adore les bébés pokémons, sûrement le côté instinctif de l'élevage familiale. Finalement, je sors de cette petite phase de transe lorsqu'il me demande où aller. Je tapote mon menton, réfléchissant quelques instants.

» Que dirais-tu d'aller à Hopa ? Je n'ai jamais eu l'occasion de visiter le grand sud d'Alcea.

C'est vrai que je n'ai jamais été plus loin que les plaines. J'ai visité Frewick une ou deux fois, mais j'étais bien trop jeune pour m'en rappeler actuellement. C'est ainsi que nous reprennons notre route en moto après ces quelques jours d'arrêts.