n était resté toute la journée sur la falaise et le soleil commençait déjà à se coucher. C’était chiant l’hiver pour ça, enfin moins qui préfère l’obscurité je préfère mais je parle pour vous, humain. Assis contre ton arbre, avec lequel tu vas fusionner à force de rester planté là, tu regardais Spleen et Sheldon se battre de façon pataude avec un soupire avant d’éternuer, pris d’un gros frisson.
Tu as attrapé froid. ─
Tu renifles, frigorifié. Malgré le fait que tu ais changé de vêtements après la douche glacée que t’as filé le polarhume, tu n’avais pas réussi à te réchauffer, et garder les cheveux trempés alors qu’il neige, c’était de la pure connerie. Le résultat de tout ça c’est que tu étais malade. En même temps quand on ne mange pas et qu’on a la peau sur les os c’est normal de choper la crève dès le premier coup de vent. Je m’approchais de toi, foutant ma patte sur ton front. Tu reculas la tête, ma main fantomatique étant plutôt froide, je l’avoue.
T’es brûlant mec… on devrait rentrer au Bourg Limë. ─
─ Non, je n’ai pas monté la tente pour rien et j’ai la flemme.
Je soupire, allant à la moto fouiller dans le coffre pour voir s’il y avait de quoi faire baisser la fièvre et pris la trousse de pharmacie et revint vers lui, sortant de l’aspirine en poudre que je versai dans une demi-tasse avec de l’eau.
Tiens bois, ça m’emmerderait que tu crèves d’une trop grosse fièvre. ─
─ Non… il est dégueulasse ce médicament…
Tu te roules en boule, me faisant dos. Je soupire, j’ai l’impression d’avoir affaire à un gosse. De trente-cinq ans mais un gosse quand même.
Et si je mets un sucre, ça passera mieux ? ─
─ Connerie.
Je souris, bon, tu as décidé d’être chiant ? Je le serais plus que toi, je vais te mener la vie dure jusqu’à ce que tu acceptes de prendre ton médicament.
C'est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler, commençais-je à chanter d’une voix plutôt horrible, ne sachant pas chanter. La médecine à couler, médecine à couler. Juste un morceau de sucre qui aide la médecine à couler ! ─
─ Ne commence pas ! J’ai mal à la tête !
Je ricane, continuant de plus belle alors que Spleen et Sheldon arrêtent leur entrainement et se mettent à sautiller sur place pour danser sous mes paroles, venant t’embêter eux aussi en te sautant dessus. Je ne sais pas s’ils ont compris qu’il fallait te faire céder ou pas mais le résultat fut le même. Au bout de quelques minutes tu gueulas :
─ C’est bon ! Je vais le mettre ton foutu médoc !
Je lui fais un large sourire et te tends la tasse, rajoutant un morceau de sucre dedans.
Et bah voilà quand tu veux. ─
Tu bois d’une traite, en faisant la gueule et partie te coucher sous la tente, emmitouflé dans ton sac de couchage. Ça te passera et tu me remercieras demain.
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