Le retour vers Hyarma fut plus calme qu'à mon premier passage. Accompagnée d'Aka et du nouvellement renommé Tao, je suis assez satisfaite de cette expédition, l'acharnement ça paye finalement. Cependant, la capture du Mustébouée n'est pas aussi efficace que celle de son comparse aquatique. J'y ai réfléchi sur la route et le mieux est encore que je l'envoie à un autre dresseur. J'ai brièvement entendu parler de cette échange qui reste, apparemment, toujours une surprise. Cela dit, je ne pourrais être en plus mauvais terme avec celui qui prendrait sa place. Une nouvelle tentative d'amadouement se solda par un échec, elle me cracha à nouveau de l'eau au visage, depuis je ne touche même plus à sa pokéball. Autant dire que le mieux pour nous deux, mais surtout pour moi, c'est de nous séparer.

Malgré l'heure tardive, le centre pokémon est toujours ouvert. Une fois à l'intérieur, je me dirige immédiatement vers l'ordinateur et dépose la sphère bicolore dans le socle approprié. Celui-ci se referme par la suite et je n'entendrais plus jamais parler de cette Mustébouée. J'aurais aimé en dire autant de cette petite blonde qui me fait soudainement face à peine ai-je tourné les talons.

« Salut ! »
« Encore toi.. »

Il m'est bien trop difficile de cacher mon exaspération, cette gamine collante qui me regarde tout sourire va écourter mon passage à Hyarma. Vu l'heure, je n'ai d'autre choix que de passer la nuit ici, je devrais acheter quelques vivres pour que nous puissions reprendre la route. En espérant que d'ici là, elle soit déjà loin.

« Tu veux venir manger à la maison ? »
« Pas du tout. »
« Ma maman fait de bons petits plats, un couvert de plus ça ne va pas la déranger. »
« C'est pas ce qui me pose problème.. »

Elle me regarde avec ses grands yeux et moi, je me sens presque coupable de parler aussi sèchement à cette gamine désespérée. Je peux refuser son invitation, mais la popote sur centre me tente pas spécialement. C'est sûr que je meurs de faim, mon esprit n'aimera pas y être, mais mon estomac me pousse à la sympathie et comme elle me regarde fixement de son air penaud...

« Bon si tu veux.. »

Autant lui laisser une chance à cette gamine. Même si ça sent le piège à plein nez, histoire de me montrer sa triste vie d'enfant. J'espère au moins ne pas assister à une scène de drame familial, très peu pour moi. Quoi qu'il en soit, je sens clairement le traquenard. Cette petite blonde me cache un truc.

« Lizzy, te voilà enfin ! Oh mais.. Qui est-ce ? »

Je salue la grande dame blonde armée de son tablier et de ses gants de cuisine. Une petite maison dans une petite village d'agriculteur. On dirait que ce lieu a des siècles. La gamine m'interpelle après avoir, entre autre, négocié avec sa chère mère et nous faisons les présentations en échangeant quelques sourires. Sans trop m'attarder sur le ressentiment de la mère, je l'écoute lorsqu'elle m'invite à m'installer dans le salon, près de la cheminée. Une place idéale il faut dire, mais rapidement d'une chaleur très vite étouffante. La blonde débarque avec un verre de jus de tomate avec l'excuse qu'il n'y a rien d'autre. De l'eau aurait suffit, mais ici ils tournent au jus de tomate. Au moins le breuvage est frais, bien que le goût ne m'enthousiasme pas vraiment. Elle revient rapidement avec un second verre, du jus de carotte cette fois-ci. Elle commence à se vanter des légumes du jardin. Elle m'explique qu'elle entretient elle-même le potager et tiens à me faire goûter ses jus de légumes dégueulasses. L'heure du repas arrive et heureusement, elle ne m'a pas menti. L'odeur qui se dégage du plat me fait saliver. La patronne de la maison me propose une boisson alcoolisée, un vin plus précisément qu'elle me sert sans vraiment attendre ma réponse. Je bois rarement, alors un verre suffira, je me contente de le boire lentement. Heureusement, j'ai enfin un verre d'eau, bien que son goût soit vraiment spécial. Il n'y a que ce que je mange qui émoustille mes papilles et surtout, qui ravie mon estomac.

Patientant un moment à table par politesse, je fini doucement le verre de vin. Je prends parfois quelques gorgées d'eau pensant me rincer la bouche, mais j'oublie toujours quelle goût elle a pour de l'eau qui n'est pas censé en avoir. Un mystère que je ne saurais élucider, je n'ose pas vraiment leur demander pourquoi leur eau est si dégueulasse. Je me contente de boire à petite gorgée, jusqu'à ce que la blonde n'intervienne de nouveau pour me proposer un nouveau jus mixé à tout un tas d'ingrédient dont j'ai déjà oublié les trois quart. Ses histoires de jus sont d'un ennui. Comme je me sens fatiguée, que ma tête tourne et que mes paupières me semblent lourdes je décide de me lever, il faut bien commencer par quelque part pour rejoindre le centre pokémon. Une fois correctement debout, je sens que je vacille et qu'aligner un pied devant l'autre est soudainement devenu très compliqué. Je crois d'abord m'être levée trop vite, mais il faut croire que ce n'est pas du tout ça. Le mystère s’éclaircit quand la petite voix faussement intriguée se fait entendre.

« Ça va pas ? »

Je peine d'abord à la trouver, elle était juste derrière moi. En y pensant, même si j'ai rarement eu l'occasion de me bourrer la gueule, je sens l'entourloupe.

« T-tt-toi .. ! Qu'est-ce que .. ?»
« Mais c'était pour rire ! »

Elle ricane, c'est bruyant et ça m'agace, mais je n'ai pas la force de répliquer. Je le sentais, pourtant, le piège de cette petite fouine. Elle a alcoolisée tout ce que j'ai pu boire ici, je comprends mieux l'incommodante saveur de l'eau, que les jus soit dégueulasses reste une évidence, avec ou sans alcool. Je tends mes bras vers elle, mais elle recule et je suis bien mollassonne actuellement. Rigolant, elle commence à gambader dans la maison, ce que j'aimerais l'attraper pour lui tordre le cou. Elle continue et m'emmène à l'étage Je gravis les marches, un effort considérable parce que l'équilibre sur deux jambes ne fait plus partie de mes compétences d'être humain. Lourdement, je tombe à la renverse, heureusement depuis deux marches.

Je ne comprends pas pourquoi mais je ris. Le fracas de ma chute a fait se retourner la blonde qui se marre également. Elle m'énerve et j'aimerais mieux la lancer depuis le haut de ces marches, mais je n'arrive pas à m'arrêter de glousser. Étendue là au pied de l'escalier, la blonde fini par me rejoindre pour me tendre la main. Je la pousse et me relève... après quelques bons efforts. Fermement accrochée à la rampe, je retente l'expérience et monte une à une les terribles marches. Une fois en haut, et ce n'était pas si terrible, elle me guide jusqu'à sa chambre, ferme la porte. Je m'installe sur son lit, observant les alentours avec cet air hébété que je peux avoir dans ce genre de moment. De son côté, Lizzy commence son discours que je n'écoute absolument pas. Concentrée sur les battements de mon cœur qui semble résonner jusque dans ma tête, en proie à d'infectes relents acides qui me brûle la gorge. J'essaye de me calmer et de respirer pour ne pas repeindre la chambre, même si elle le mériterait bien, de son côté l'histoire ne s'arrête pas.

***

Au petit matin, je me souviens très bien de la supercherie de la veille. Endormie dans le lit de la blonde, j'ouvre les yeux en imaginant qu'une tornade était passée par là. À côté de moi, une note sympathique.

Maman a passé une bonne partie de sa matinée a ramasser ton vomi dans la salle de bain.
J'en ai profité pour partir, merci.
PS: Je t'attends dans les champs, j'ai la pokéball de ton Débugant, tu m'a pas trop laissé le choix. Cette fois-ci tu écouteras peut-être, j'ai besoin de ton aide.

Pas de bluff.. la ball d'Aka n'est en effet plus là. Je bouillonne, parce que bêtement j'ai foncé et elle a réussi à faire ce qu'elle voulait. Maintenant, je vais devoir subir le chantage d'une sale môme en pleine crise qui a kidnappé Aka. Je ne crains qu'en contre-partie je ne me coltine cette ado sournoise qui s'obstine vraiment trop à mon goût.