Récupération.

« Mieux vaut vivre enchaîné près de celui que l'on aime, que libre au milieu des jardins près de celui que l'on hait. »

J’avais passé toute la journée dehors, à vagabonder à droite, à gauche, à chercher mon lot de la loterie, une part de tarte à la citrouille immangeable pour les humains. Après avoir galoper partout, j’avais enfin le pied au Centre Pokemon.

Une jeune fille était en train d’insulter son Pokemon, de lui crier après. Enfin, il était encore dans la Pokeball mais il devait entendre ce qu’elle disait. Je fronçai les sourcils un long moment tandis que Nucleos volait autour de moi. Il me jetait un regard assez colérique, comme s’il voulait que j’intervienne pour empêcher ce monstre de maltraiter son pauvre ami. Ou alors, peut-être s’agissait-il d’un Pokemon qui venait de tuer quelqu’un, d’un criminel de grande envergure capable d’arracher la tête de ses adversaires avec les dents ou de briser la nuque d’une simple pression du poignet. Non, vraiment, il faut que j’arrête de me faire des films. Tournant la tête vers la scène devant moi, je commençai à me diriger vers elle quand une personne au teint pâle s’approcha de moi, me regarde un instant et me contourna. Un malade peut-être, mais dans ce cas-là il devrait être couché. Alors que mes pensées s’éparpillaient, Nucleos me rappela à l’ordre et s’insurgea en me tapotant la tête.

« - Excusez-moi, Mademoiselle, quelque chose ne va pas avec votre Pokemon ? »

Il était déjà tard, je n’avais qu’une seule envie : m’enfermer seul, dans ma chambre, et continuer mes recherches sur le gêne chromatique et les possibilités de l’utiliser dans la création artificielle de Pokemons. Certaines personnes étaient intéressées par ce projet, l’instigateur semblait être un certain Docteur L. Peu d’informations circulaient à son sujet, si ce n’était qu’on le considérait comme un savant fou. Mais la folie avait beaucoup fait avancer la médecine ces dernières années. Tout en observant la jeune fille, je finis par regarder la Pokeball et y observai le Pokemon à l’intérieur – j’étais déjà assez près, ce n’était pas un crime de voyeurisme…

« - Un Fantominus, c’est un Pokemon effrayant, n’est-ce pas ? En réalité, certains spectres ont plus peur des humains que les humains n’ont peur d’eux. »

Je me retournai un instant vers Eos qui s’installa sur mon épaule, toujours en lévitant. Il regarda la jeune fille en face de moi et je nous présentai alors :

« - Moi, c’est Damian, et lui Eos. Enchanté ! »

Récupération.

« Mieux vaut vivre enchaîné près de celui que l'on aime, que libre au milieu des jardins près de celui que l'on hait. »

« - Grui… Quelle imagination. »

Un soupir m’échappa alors que je lançais cette remarque dans le vide. Mon regard se porta un instant sur le cochon pour passer sur la jeune fille aux cheveux bouffants et enfin au Fantominus qui avait esquivé grâce à la maladresse de sa maitresse le sort de rentrer dans sa Pokeball. Elle ne semblait vraiment pas l’aimer, et ça me faisait un peu mal au cœur pour le spectre. Celui-c n’avait pas vraiment l’air méchant, c’était comme tous les Pokemons spectres une créature mue par l’envie de faire des blagues ou de communiquer avec les vivants. Quoiqu’en réalité, selon moi, ce qui était mort n’existait plus dans ce monde ci, donc un spectre était théoriquement vivant. Le regardant un long moment, je finis par lui lancer un sourire charmeur. Ah, ce Pokemon semblait réellement être quelque chose ! Peut-être était-ce l’absence de Kyle qui m’obligeai à combler en me lançant dans des opérations foireuses, mais je finis par m’approcher du fantôme et par lui demander :

« - Tu as envie de jouer peut-être ? Qu’est-ce que tu veux faire ? »

Ma voix portait à peine au-dessus d’un niveau de voix normal, mais j’avais l’impression de m’adresser à un sourd quand je voyais une créature sans oreilles visibles. Enfin, quoiqu’un spectre n’était pas réellement plausible quand on prenait en compte les humains… Un long moment ma réflexion me poussa à la frontière de l’étrange, mais je me ramenai finalement au monde des humains.

« - Quoiqu’il en soit, Cheany, tu ne devrais pas en avoir peur… Et s’il t’effraie, il faut le faire adopter par quelqu’un qui en prendra soin ! Abandonner un Pokemon est un crime de lèse-majesté. »

Tout en disant cela, je finis par regarder Fantominus et lui sourire à nouveau. Eos s’était approché de lui à son tour et avait tourné la tête plusieurs fois sur le côté avant de faire un pirouette maladroite et de crier un petit « Eooos » amical.

Récupération.

« Mieux vaut vivre enchaîné près de celui que l'on aime, que libre au milieu des jardins près de celui que l'on hait. »

La situation était plutôt inexplicable. La jeune et polie Cheany avait commencé à critiquer le Pokemon sous le bon prétexte qu’il avait englouti l’intégralité du repas de ses camarades. Je fronçai les sourcils en regardant l’accusé et haussai les épaules. Avec moi, il serait difficile qu’il fasse un coup pareil. J’avais trop envie de partir retrouver Kyle à présent, oubliant totalement mes recherches. Mais en un rien de temps, la Pokeball se retrouva dans mes mains. Celle de qui ? Du Fantominus, bien sûr. Elle avait du considérer que mes paroles faisaient de moi le futur possesseur de la créature fantomatique, bien que j’ai du mal avec ce genre de… Pokemons. Skelenox, ce n’était déjà pas ma tasse de thé, alors Fantominus. En soupirant longuement, je me rendis compte que la jeune fille, après m’avoir envoyé une ultime remarque, avait disparu dans la foule. Ah ! Elle m’avait piégée ! Je la cherchai du regard, aidé d’un Nucleos agité qui revint bredouille : il y avait trop de monde.

« - On dirait qu’on est coincé ensemble, lançai-je au fantôme, un clin d’œil à son adresse alors que l’expression de son visage était figée sur une image ragoutante de constipation. »

Mon regard se porta sur lui un long moment et je finis par comprendre que s’il avait mangé toutes les provisions, il allait s’en tirer avec un mauvais mal de ventre, et s’il avait été solide on aurait même pu s’attendre à des carries. Me dirigeant vers l’intérieur du centre, je demandai à l’infirmière de prendre soin de lui pour éviter qu’il ne tombe plus malade encore. Elle accepta et quelques heures plus tard, alors que je m’étais endormi sur un siège de la salle d’attente, la jeune femme me réveilla pour me dire que tout allait bien. J’accueillis la nouvelle avec le sourire. Vingt-trois heure… Il était temps d’aller dormir !