La journée de la veille avait été un brin chaotique. Le voyage jusqu'à Naira ne leur avait pas paru désagréable, mais la simple idée de "vacances" sonnait de façon si étrange dans la voix de Kenshîro que Duncan s'était longuement demandé ce qu'ils venaient réellement faire sur cette île. Quelques jours plus tôt, les deux compagnons s'étaient accordés sur le fait qu'ils se sentaient prêts à affronter l'arène de Hopa, et que l'entraînement du rongeur touchait à sa fin. Le Pikachu s'était alors attendu à devoir affronter le champion dans la semaine, mais c'est alors que son dresseur l'avait surpris en décidant de se rendre sur Runya pour profiter des festivités mises en place.
"Nous avons toujours célébré la fête des morts, dans ma famille." avait grogné Kenshîro avec son habituelle mauvaise humeur. "Tu n'as qu'à prendre cela comme une période de repos avant l'affrontement."
Charmante attention... Cependant, à peine avaient-ils posé le pied sur l'île que le dresseur s'était retranché dans une chambre d'hôtel, désireux de se tenir loin de rues chargées de monde, d'animations et de décorations. Quel intérêt alors de venir jusqu'ici, s'était demandé le rongeur en observant par la fenêtre la ville en fête brillant de mille couleurs dans la nuit. C'est alors que cette odeur désagréable avait frappé les naseaux de Duncan. Une odeur qu'il commençait à connaître. Comme de nombreux humains, Kenshîro avait pour habitude de fumer ces petits cylindres de nicotine qu'il appelait "cigarette". Mais il lui arrivait parfois, le soir, de ressortir cet abominable objet qui dégageait des effluves lourdes et nauséabondes. Une "pipe à opium", lui avait-il un jour confié dans un état de demi-sommeil et d'étrange béatitude. Le Pikachu s'était rapidement enfermé dans la salle de bain pour y dormir, afin d'échapper à cette fumée qui lui faisait déjà tourner la tête. Il avait soupiré longuement, sachant par avance l'état dans lequel il allait retrouver son dresseur le lendemain. Et ça n'avait pas manqué.
Ce matin-là, Duncan ouvrit doucement la porte de la salle de bain et passa la tête dans la chambre. Comme il s'y attendait, Kenshîro s'était endormi à demi-habillé, en travers du lit. La fenêtre, restée ouverte toute la nuit, avait chassé la fumée hypnotisante, mais laissait à présent entrer un froid piquant. Le rongeur ferma la vitre en prenant soin de faire le moins de bruits possible, bien qu'il sache que, dans son état, son dresseur ne se réveillerait pas avant plusieurs heures. Ne sachant quoi faire de plus, il tira de ses dents la couverture sur le dos du jeune homme, et attrapa la longue tige à l'odeur d'opium avec une grimace de dégoût pour la poser sur la table de chevet. Et puisqu'il avait un peu de temps à perdre avant que le garçon émerge de son apathie, pourquoi ne pas en profiter ? Duncan attrapa donc le holokit qui traînait sur une table et retourna s'enfermer dans la salle de bain pour allumer l'appareil. Après quelques tentatives infructueuses, il parvint enfin à se rendre sur une page de vidéo destinées aux Pokemon Combat que Kenshîro le laissait étudier quelquefois, tout en l'abreuvant de remontrances chaque fois qu'il "perdait son temps à étudier les mouvements d'un type que ne lui correspondait pas". Mais Kenshîro n'y connaissait rien...
Vers midi, des grognements bas apprirent à Duncan que son dresseur venait de se réveiller. Sans attendre, il éteignit le holokit, et revint dans la chambre pour assister le jeune homme qui trébucha sur quelques pas avant de trouver la direction de la salle de bain. Son Pokemon l'aida à se mettre sur la bonne voie, puis l'observa traverser la pièce, hagard, avant de disparaître dans la douche après s'être difficilement glissé hors de ses derniers vêtements. Deux heures plus tard, ils quittaient enfin l'hôtel et s'enfonçaient dans les ruelles festives de Naira. Kenshîro souffrait d'un mal de tête - heureusement pas assez violent pour qu'il s'en plaigne - et avançait d'un pas lent en se frottant régulièrement les tempes. Le jeune homme se sentit même l'obligation de s'arrêter sur un trottoir, s'accroupissant au niveau de son Pikachu pour lui demander s'il n'avait pas mauvaise mine. Duncan le fixa longuement, puis, affichant un sourire de circonstances, posa une patte sur l'épaule de son dresseur dans un geste qu'il avait souvent aperçu chez les humains.
"Bien dormi." remarqua-t-il pour réconforter le garçon.
Ce dernier lui répondit d'un regard noir, repoussa la patte du rongeur et se redressa avec dédain. Le Pikachu soupira, et haussa les épaules en repartant à la suite de son maître. Au moins, ce petit échange paraissait lui avoir donné un coup de fouet. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, beaucoup de gens déguisés. Mais Duncan n'avait aucun mal à suivre son dresseur, reconnaissable entre mille avec son élégant manteau de cachemire sombre, son écharpe en laine pourpre et sa démarche à présent volontaire. Une allure noble qui détonnait avec l'ambiance générale joyeuse et bruyante de la ville. Finalement, le rongeur ne regrettait pas d'être venu. Les rires, les musiques, les couleurs, les odeurs de caramel et de plein d'autres choses sucrées qui emplissaient les rues étaient un plaisir vivifiant. Son ventre criait famine, mais il ne s'en aperçut que lorsque Kenshîro s'arrêta acheter quelques sucreries que Duncan ne connaissait pas. Le dresseur lui offrit une barre de caramel, et l'un de ses gâteaux mou et délicieusement sucré qu'il appelait "mochi". Ils grignotèrent ainsi tout en descendant tranquillement jusqu'à la partie la plus animée de la ville, sur les berges de la rivière qui traversait Naira. Un groupe de personnes accostait les passants pour proposer une tombola. Le Pikachu tira sur le vêtement de son maître pour l'arrêter et lui désigner les lots. Kenshîro plissa son œil unique, un mochi en bouche, tout en observant la grille et les prix proposés.
"Si ça t'amuse..." bougonna-t-il.
Beaucoup de numéro étaient encore en vente, ce qui rendait le choix encore plus difficile. Le 4 était le chiffre de Giratina, hors de question de le choisir. Le 13 était, d'une région à l'autre, considéré comme un numéro de chance ou de malchance totale. Le 42 ne manquait pas de panache, mais le jeune homme était bien convaincu qu'il devait éviter à tout prix le 4, même en dizaine. Quant au 35... Mais ces questionnements perdirent tout intérêt lorsque Duncan lui désigna d'un geste sûr et décidé le numéro 14. Kenshîro haussa les épaules, et suivit l'instinct de son Pokemon en achetant ce numéro. Tout deux s'installèrent enfin sur le rebord de la rue, le dresseur s'appuyant sur la balustrade qui surplombait la rivière pour terminer ses mochis tandis que son Pikachu grimpait sur la rambarde pour grignoter sa barre de caramel tout en profitant de la vue. La fête battait son plein de l'autre côté aussi, et le large pont qui s'étendait à une vingtaine de mètres était chargé d'un flot continu d'humains et de Pokemon. Finalement... cette petite sortie était plutôt reposante malgré le brouhaha incessant qui recouvrait la ville.
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Dernière édition par Kenshîro Kiriyama le Sam 8 Nov - 14:17, édité 1 fois
Maître du Jeu
Sam 8 Nov - 11:10
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Deux journées sont passées depuis le début des festivités à Runya, chaque jour, tu sortais, en compagnie de tes Pokemon pour profiter de cette fête qui durait plusieurs jours, en l'honneur d'Halloween et des morts. Tu connaissais désormais chaque stands mais, pas que, tu en avais profité pour visiter la ville de Naira, charmant endroit, malgré son lourd passé. Tant de personnes étaient morte sur cette île, voir tous, sauf une famille, un coup de chance pour eux … Ce n'était pas réellement cela qui t'intéressait le plus mais, la cause de cette événement qu'il y avait eu lors de la guerre, ce rayon dont tous parlait, cet étrange créature qui avait survolé l'île tout en prenant les âmes de ces hommes entrain de se déchirer. Tu en étais sûr, au fond de toi, il s'agissait là de l’œuvre de l'un de tes dieux, de la main de Giratina. Tu avais tant étudié, sur lui, sur eux. Tu avais entendu tant d'histoire au sujet de cette catastrophe, de cette silhouette que tu ne pouvais penser autrement. Cette île, si proche de la mort, était l'endroit rêvé pour toi, pour ce en quoi tu crois. Dame Sylvanas aussi, t'avait conté tant de chose quant à cette époque … Tout ceci te fit de remémorer les souvenirs de ton enfance, le temps passé dans l'ancien temple dans le Mont Lossë, dans celui de Domuraille. Tes cours, tes rencontres … Tout ceci te semblait si lointain mais, aussi si près …
Il y a deux jours de cela, tu avais revu une personne de ton passé, cette personne que tu admires tant, cette personne qui t'a toujours considéré comme une sœur et que tu as toujours considéré comme un grand frère, un modèle. Cela t'avait fait plaisir, réellement et, tu espérais pouvoir le revoir, avant la fin du festival. Tu as le temps, ne t'inquiète pas … Tu as le temps de le revoir, pouvoir parler avec lui, passer du temps avec lui … Tu en avais bien besoin … Les mensonges te pesés et, tu ne savais plus comment faire, vis à vis de qui tu étais et, vis à vis de qui tu n'es pas … Idai te manque, cela ne fait aucun doute et, cela ne t'aide pas car, peu à peu, tu t'enfonces dans la mélancolie …
Marchant dans les rues décorés, vêtu d'une jupe noir simple, d'une veste de même couleur, de bottine montant presque jusqu'à tes genoux et, de ton éternel écharpe, tu profites de la musique, observe les gens déguisés. Déguisé … Peut-être devrais-tu te trouver un déguisement ? Pour le trente et un ? Cela pourrait être amusant après tout ! Oui, tu ferais cela, tu chercheras de quoi te déguiser pour l'occasion, quitte à s'amuser, autant le faire jusqu'au bout !
Tomo et Harau t'accompagnaient, tu avais préférée laissé Mizuiro dans sa Ball, après tout, il y avait beaucoup de monde et, le Prismillon avait encore du mal avec la foule. Si désormais il te faisait complètement confiance, cela était autre chose avec les autres … Marchant sur ta gauche, presque collé à ta jambe, Tomo lévitant ci et là, s'amusant parfois à effrayer les enfants qui passaient par là. A plusieurs reprises, tu as du le rappeler, qu'il cesse de tourmenter ces jeunes enfants, même si tu comprenais son excitation et son envie de s'amuser …
La mâtiné passa relativement vite et, la faim s'installa, faisant gronder ton estomac. Regardant Tomo, tu lui souris, lui aussi avait faim, tu l'avais sentie. Vous vous diriger avez l'un des stands à brochette et, tu pris deux tsukune teriyaki, tu demandas également s'il était possible d'avoir un morceau de viande cru. Usant de ton charme naturel sans avoir besoin de faire quoique ce soit enfin de compte, l'homme accepta. Tu donnes alors le morceau de viande à Harau qui le déguste avec grand plaisir, tandis que tu profites de ta brochette, assise sur l'une des petites tables présente, tenant l'autre brochette de ton autre main pour que Tomo puisse manger également.
Une fois avoir terminé, vous avez reprit la marche mais, avant cela, tu étais passé dans un stand de sucrerie pour prendre un petit dessert. Tu mangeais ta sucrerie, tout en traversant les différentes ruelles avant que Tomo ne s'arrête et attire ton attention.
- Kitai, là-bas. Monsieur Kiriyama, non ?
- Hm ? Où ça ? Oh … On dirait …
Était-ce réellement lui ? Difficile à dire, il semblait avoir … Changé … Et il était surtout de dos. Intrigué, tu t'approches de lui, suivis par tes deux compagnons, te décalant un peu pour pouvoir être sur sa gauche afin d'essayer de percevoir son visage tout en te penchant un peu.
- Hum … Bonjour … Ne seriez-vous pas Monsieur Kiriyama par hasard … ?
En le regardant plus attentivement et, cela, malgré le fait qu'il aborde un bandage désormais sur le visage, tu reconnus son regard qui t'as tant de fois intimidé, quoique, c'était toujours le cas …
- Cela fait longtemps que nous nous sommes pas vu. Je suis Zoldern N... Kitai. Je n'aurais jamais cru vous voir ici. Oh, c'est votre Pikachu ? Tu poses ton regard sur le rongeur électrique qui se trouvait de l'autre côté de Kenshîro.Il est adorable !
Pour la première fois depuis longtemps, Kenshîro se sentait presque... détendu. Il n'était pas très fier d'avoir cédé la veille au soir à ses pulsions maladives, mais au moins l'opium avait-il eu l'effet escompté. Il souffrirait peut-être d'effets secondaires, mais pour l'instant, ses muscles étaient décontractés et son esprit se permettait même de vagabonder loin de ses habituelles pensées moroses. Accoudé à la barrière de sécurité, le jeune homme ouvrit une canette en contemplant les reflets des nuages sur la rivière en mouvement. Il en but quelques gorgée, puis tendit le reste à son Pikachu qui s'empressa d'engloutir le breuvage, assoiffé par tout le sucre qu'il venait d'avaler.
Lorsqu'il baissa le récipient en se léchant le museau, Duncan aperçut une jeune fille qui s'approchait avec hésitation, comme si elle n'était pas certaine d'avoir reconnu le garçon vers qui elle se dirigeait. Le rongeur dressa les oreilles et observa le visage de son maître pour voir sa réaction quand la demoiselle prononça son nom. L’œil rêveur du dresseur sembla reprendre vie quand il se rendit compte qu'on s'adressait à lui. Posant une main sur la balustrade, il s'en écarta légèrement pour observer la jolie jeune fille qui lui faisait face.
"... Mademoiselle Zoldern." constata-t-il après une courte hésitation, le temps pour lui de remettre ses idées en place. "Cela fait une éternité, en effet."
La voix du jeune homme, sans être particulièrement chaleureuse, ne témoignait cependant d'aucun agacement ou mépris, ce qui étonna considérablement Duncan qui avait pour habitude de voir son maître rabrouer tout ceux qui lui adressaient la parole. Mais avant que le Pikachu ait pu pousser son raisonnement, la dénommée Kitai s'était tournée vers lui avec un charmant sourire, affirmant qu'il était "adorable !". Le rongeur sourit à son tour, et se rengorgea. Il trottina sur la rampe pour venir rapidement près de la jeune fille fort sympathique, mais resta figé à quelques centimètres d'elle lorsque la main de Kenshîro vint le caresser avec moins d'efforts qu'à l'accoutumé, de façon presque naturelle.
"Oui, il s'agit bien de mon Pokemon. Je ne l'ai pas depuis très longtemps mais il est très bien éduqué. Allez-y, je vous en prie." ajouta le dresseur en retirant sa main, au cas où Kitai hésiterait à caresser le rongeur.
Duncan en resta éberlué, fixant de grands yeux pourpres sur le jeune homme, les poils de sa tête encore hérissés par la câlinerie inattendue de ce dernier. Pas un gramme de cynisme ou d'agacement dans sa voix, et même un début de sourire au coin des lèvres, le Pikachu venait-il de louper quelque chose ? C'était réellement la première fois qu'il voyait Kenshîro se montrer... gentil - il n y avait pas d'autre mot - avec quelqu'un. Le garçon n'était donc pas un automate sans cœur ? Cette révélation chamboula totalement le rongeur qui n'osa plus bouger de son perchoir, observant tour à tour les deux humains pour essayer de deviner ce qui se tramait entre eux.
"Je suis venu profiter un peu de la fête, j'imagine que vous aussi ?" reprit Kenshîro en fixant sur elle un regard qu'il s'était efforcé d'adoucir. "C'est tout de même surprenant de se croiser au milieu de toute cette foule. Comment allez-vous ?"
À vrai dire, le garçon en était encore à se demander si cette rencontre tout à fait fortuite était une bonne ou une mauvaise chose. Au moment de quitter Domuraille, il avait repensé à Kitai, à leurs fiançailles arrangées qui devaient être déclarées dès que la jeune fille atteindrait la majorité. Ce pacte avait été passé il y a si longtemps, alors qu'ils étaient encore enfant, que le dresseur n'était pas sûr de très bien se souvenir des termes. Mais s'il ne se trompait pas, il lui semblait approcher de la date où le mariage pourrait avoir lieu. Tomber sur Kitai en cet instant, alors que pour la première fois depuis le drame il avait les idées à peu près clair, était sans doute une chance à saisir. Mais... Il était seul ici. Son père n'était plus, son oncle était occupé par les réparations et sa propre famille, et son mentor... et bien... Kenshîro se sentait incapable de le contacter. Il avait pourtant besoin de conseils. Devait-il presser cette alliance pour rallier au plus vite la forturne de la jeune fille ? Ou rompre ce pacte dont son père avait été à l'origine ? Il ne voulait plus rien avoir à faire avec la secte, après tout. Et Kitai... le rapprocherait à nouveau de ces croyants qui avaient fait son malheur...
Dernière édition par Kenshîro Kiriyama le Ven 14 Nov - 10:26, édité 1 fois
Tu ne t'étais pas trompé et, malgré l'hésitation de Kenshîro, celui-ci finit par te reconnaître aussi, ce qui te fit davantage sourire. Il te présenta ensuite son Pikachu, comme étant un Pokemon qu'il avait depuis peu. Il est vrai que tu ne l'avais jamais vu, que tu connaissais un autre de ses Pokemon. De voir le petit rongeur s'approcher de toi alors que tu avais portée ton attention sur lui t'avais fait sourire mais, maintenant que son maître l'avait retenu, il semblait hésiter. Tu approches doucement ta main du rongeur afin de ne pas l'effrayer ou le perturber davantage puis, le caresse doucement sous le cou, comme tu le faisais souvent à tes propres compagnons. Tu écoutais Kenshîro, tes yeux sombres de nouveau posé sur lui. Il est vrai qu'il est surprenant, que lui et toi vous vous rencontrez ici, surtout lorsqu'on sait ce qui vous lie tous les deux. Ah ? Avais-tu oublié ? Cette promesse qui avait été faites, quand vous n'étiez que de jeunes enfants ? Pour le vieux prêtre, tu étais une fierté, il te considérait comme sa propre fille et, il ne voulait que ton bien. Il souhaitait que tu ne sois jamais en manque de rien et que tu sois en sécurité, le jour où il viendrait à disparaître alors, lorsque l'occasion s'était présenté, il n'avait pas hésité …
Ainsi, lorsque Monsieur Kiriyama chercha une futur épouse pour son fils encore bien jeune, afin de créer un lien avec la secte, les prêtres t'avaient choisit, toi, jolie fleur aux allures d'innocences mais, parfaite petite adepte et pantin de tes dieux. On t'avait dit que cette union était en l'honneur de Giratina alors, enfant, tu avais acceptée, après tout, tu voulais faire plaisir à ton Dieu, rien de plus mais, à ce moment-là, tu étais trop jeune pour comprendre ce que voulait dire un mariage …
En repensant à cela, tu te raidis presque. Cette union … Elle prendrait effet lorsque tu atteindrais ta majorité et, cela fait un mois que tu as atteint ton dix-huitième anniversaire … Le savait-il ? Se souvenait-il de ce pacte passé. Au fond de toi, tu espérais que non.
Malgré ces souvenirs revenus du tréfonds de ta mémoire, tu continue de lui sourire car, après tout, tu es passé maître, dans l'art de la dissimulation d'émotion et dans les mensonges.
- Eh bien ça va. Depuis le décès de mon maître, je suis un peu plus libre de mes mouvements et, les prêtres m'ont permis de quitter Domuraille, il y a quelques mois déjà. Du coup je profite de mes moments de tranquillité pour explorer et enrichir mes connaissances.
Tu cesses de caresser le Pikachu, lorsque Tomo sortie de derrière ton dos, après s'être caché depuis le début. Il faut dire que, lui aussi, était intimidé par cet homme. Le jeune spectre observa Kenshîro avant d'imiter une révérence puis, retourna se cacher derrière toi. De son côté, Harau était couché à tes pieds, ne faisant pas le moindre bruit.
- Ah … J'ignore si vous vous souvenez de lui, il s'agit de Tomo, le Polichombr qui est à mes côtés depuis toujours. C'est lui qui vous a immédiatement reconnu.
Le petit spectre hocha doucement la tête puis, disparu complètement derrière ton dos avant de s'approcher du rongeur électrique et lui tourna autour pour l'observer.
- Hum … J'ai appris ce qui ai arrivé à votre demeure et votre famille … Je suis sincèrement désolé pour vous … J'ignore ce qu'il s'est passé, on ne m'a fournis aucuns détails à ce sujet mais, j'espère que ça ira mieux pour vous.
Tu étais sincère, pourquoi ne le serais-tu pas ? Tu n'aurais rien dit sinon. On t'avait parlé de cet incendie, dans la demeure des Kiriyama, qui avait coûté la vie du père de Kenshîro ainsi que de quelques domestiques mais, tu n'avais pas pu en savoir davantage. Pourquoi ? Comment ? Tu aimerais savoir mais, jamais tu n'oseras le lui demander, cela ne se faisait pas, après tout.
- En tout cas, c'est un plaisir de vous voir. Vous comptez rester un moment ici ?
Lorsque la petite poupée spectrale de Kitai osa s'aventurer hors de sa cachette pour imiter une révérence maladroite, Kenshîro ne put s’empêcher de plisser son œil unique. Outre sa méfiance des Spectres depuis que celui d'Ezechiel l'avait éborgné, le jeune homme se souvenait des moqueries silencieuses qui s'étaient égosillées dans son esprit lorsque, pour la première fois, on lui avait présenté la petite fille qui ne pouvait se résoudre à lâcher un seul instant sa poupée de chiffons. La bienséance de son éducation lui avait bien sûr toujours interdis de rire ouvertement d'une demoiselle, mais il se souvenait - non sans honte - avoir traité Kitai avec une certaine froideur durant son enfance, du fait de ce mépris sous-jacent qu'il avait éprouvé pour l'apparente fragilité de celle qu'on lui avait désigné comme sa futur épouse. Bien entendu, il n'était plus un enfant à présent, et cette cruauté facile propre à la jeunesse l'avait en grande partie déserté. Mais il ne pouvait s'empêcher de se remémorer avec quelle dureté il parlait à l'époque de sa fiancée lorsqu'il abordait le sujet auprès de son père.
Gêné à l'évocation de ces souvenirs, le garçon hocha la tête en réponse à la révérence du Polichombr, avant que ce dernier disparaisse à nouveau derrière le dos de sa maîtresse.
"Je m'en souviens, oui." acquiesça-t-il en reportant son regard sur Kitai. "Vous l'aviez déjà lors de notre première rencontre..."
Il n'osa rien ajouter, de peur de rougir en repensant à nouveau à son hypocrisie de l'époque. Il se concentra donc sur les premières paroles de la jeune fille. Ainsi, son maître décédé, elle avait pu quitter la ville et voyager loin des murs de la Secte. C'était une bonne chose, supposait le jeune homme. Cela expliquait aussi pourquoi il ne l'avait pas revue depuis son retour à Domuraille, la nuit de l'incendie. Heureusement, par ailleurs, n'avait-il pu la retrouver durant la période chaotique qui avait suivi, car sans aucun doute le garçon blessé, humilié et fou de colère qu'il était aurait eu un geste ou des paroles déplacées envers elle. La retrouver dans un cadre plus posé était ce qui pouvait leur arriver de mieux.
Duncan, pendant ce temps, avait enfin quitté son état de stupeur lorsque la jeune fille l'avait caressé dans le cou. Fermant les yeux en tournant son museau vers elle, il avait profité de sa main douce en faisant légèrement briller ses joues, signe d'un contentement infini. Cela faisait longtemps que le rongeur n'avait pas eu droit à tant d'affection de la part d'un humain, et cela s'avérait fort agréable. Quand elle retira sa main pour s'adresser à nouveau à Kenshîro, son petit Spectre - Tomo, comme elle l'avait appelé - vint timidement lui tourner autour. Le Pikachu n'avait jamais eu affaire à un Pokemon de ce type. Du moins, pas en dehors d'un combat. Aussi se demanda-t-il quelle était la meilleure façon de l'aborder. La créature, quoiqu'il en soit, ne paraissait ni agressive, ni désagréable. La souris électrique se redressa donc sur la balustrade, humant l'air en direction de la poupée, curieuse de capter la moindre effluve du Pokemon fantomatique. Il n'avait plus de nourriture à lui proposer, aussi se contenta-t-il finalement de lui tendre une patte avec un sourire engageant, envieux de savoir à quoi ressemblait le corps de Tomo au toucher.
Kenshîro surveillait du coin de l’œil le canidé couché aux pieds de Kitai lorsque cette dernière aborda le sujet délicat de l'incendie. Le jeune homme releva aussitôt son regard de faucon sur la demoiselle, conscient qu'ils étaient bien obligés d'en passer par-là, mais désireux d'éviter à tout prix ce sujet.
"Outre ma blessure, la destruction de mes biens et la perte de mon père, tout va pour le mieux." répondit-il d'un ton plus sec qu'il ne l'aurait voulu et qu'il s'empressa de rattraper. "Pardonnez-moi. C'est encore frais."
Se raclant la gorge en replaçant le col de son manteau le temps de reprendre contenance, tout en se morigénant sur ce maudit sang chaud qui le poussait à mordre à la moindre occasion, le garçon tâcha de se remémorer son professeur de maintien et de bonne figure en société. ... ... ... Par le Darkrai ! Il avait toujours détesté cet homme ! La dernière phrase de Kitai facilita son retour à une bonne éducation, et lui rappela que son esprit légèrement embué et ses muscles assoupis réclamaient un peu d'agitation.
"C'est un plaisir partagé, croyez-moi." reprit-il avec un sourire discret, maximum qu'il pouvait afficher. "Duncan et moi allons rester jusqu'à la fin des festivités et participer à un petit jeu, un test de courage, pour nous changer un peu les idées. Mais, si vous avez un peu de temps à m'accorder, voudriez-vous me raconter un peu vos aventures depuis votre départ de Domuraille ? Si cela ne vous dérange pas, j'aimerais que nous marchions un peu en discutant."
Ce disant, il lui désigna la longue allée pavée en contrebas, qui longeait la rivière, quasiment désertée par les passants qui s'étaient rassemblés dans les rues bordées de stands. Un escalier descendait vers le chemin à quelques mètres de leur position, et Kenshîro invita la jeune fille à l'y accompagner, hésitant à lui tendre son bras en se demandant si la bienséance l'y obligeait ou s'il valait mieux garder un peu de distance au vu de leur situation... ambiguë.
Tu venais de toucher une corde sensible, peut-être aurait-il mieux fallut que tu te taises, que tu gardes ta curiosité pour toi, ta sincérité. Trop tard, la bêtise était faites et, tu reçus ce que tu méritais, une réponse sèche. Tu retiens une grimace, tes muscles s'étaient raidis mais, il finit par s'excuser de s'être emporté. Non, c'était normal, tout à fait normal, il n'avait pas besoin de s'excuser mais, cela te permis de te décontracter de nouveau. Malgré cela, tu t'en voulais, réellement mais, tu n'osas rien ajouter de plus. Parfois le silence vaut mieux que des excuses qui pourraient passer pour de la pitié ou autre, parfois il vaut mieux tout simplement se taire et, éviter les sujets douloureux et fâcheux pour se faire pardonner. Tu changeas alors de sujet, ce qui semblait mieux convenir à Kenshîro, d'ailleurs, il te semble percevoir un sourire sur son visage mais, tellement infime que tu n'en étais pas sûr. Après tout, l'avais-tu déjà vu sourire ? Non, tu te souviens surtout de lui comme un enfant n'étant pas des plus agréable vis à vis de toi et de Tomo. Enfin, à cette époque, vous étiez jeune, toi encore plus. Tu ne pleurais pas, tu encaissais bien souvent ce qu'on te disais mais, tu n'en pensais pas moins.
Combien de fois, petite, as-tu voulu donner un coup de pied bien placé à ce gamin de bourge qui était toujours si froid avec toi, comme si il te prenait pour une moins que rien ? Bien évidemment, jamais tu ne l'avais fait. Comment aurait réagit le vieux prêtre, face à un pareil comportement ? Même si tu n'appartenais pas à une famille haut placé, car après tout, tu n'es qu'une orpheline trouvait au bord d'une rivière, tu te devais d'être bien éduqué. Avec le temps, tu avais finis par être intimidé par ce jeune homme qui grandissait et qui serait ton futur époux. D'ailleurs, à l'époque, tu te demandais bien comment ferais-tu, pour être avec lui alors que tu n'arrives pas à être à l'aise à ses côtés ? Aujourd'hui, tu n'as jute aucune envie d'être à ses côtés. Non pas parce que tu ne l'apprécies pas, enfin, tu n'as pas vraiment de sentiments envers sa personne mais, tu ne te voyais pas, être marié à un homme dont tu ne connais rien. Malheureusement, dans la vie, on ne peut pas toujours faire ce que l'on souhaite et, cela, tu ne le savais que trop bien …
Kenshîro comptait rester un bon moment ici et, même, participer au test de courage, ce qui t'étonna fortement car, il n'avait pas la tête d'une personne à s'amuser, encore moins lors de test pareil. Comme quoi, il ne fallait pas se fier qu'à l'apparence. Il te propose ensuite de passer du temps avec lui, pourquoi pas ? Cela pourrait être sympa et intéressant. Cela vous permettra également à apprendre à vous connaître, que tu effaces complètement l'image que tu avais de lui pour la remplacer par ce qu'il était réellement.
- Avec plaisir. Je vous suis.
Tu lui souris puis, marcha à ses côtés, Harau se levant pour venir marcher sur tes talons. Quant à Tomo, il restait près du Pikachu avec qui il faisait ami-ami. Après tout, ce petit spectre a toujours aimé le contact et se faire de nouveaux amis, il était très joueur qui plus est.
- Le début de mes aventures n'ont pas été des plus glorieux je dois avouer. Je devais partir seule mais, un ami m'a rejoins, c'est un apprentie chercheur, du coup, il m'a apprit énormément de choses, étant donné qu'il a l'habitude de partir en exploration. Nous avons fait une sale rencontre et avons négliger la différence de force entre nos Pokemon et ceux d'en face, du coup, on a dû rejoindre la ville la plus proche pour leur administrer des soins rapidement. Je n'en suis vraiment pas fière … S'entraîner au temple contre d'autres disciples, ce n'est vraiment pas pareil qu face à un Pokemon sauvage.
A ce moment-là, tu avais énormément appris, mine de rien. Tu avais appris à être plus vigilante, mieux observer. Parfois, c'est en faisant des erreurs qu'on apprend mais, cette fois-ci, vous l'aviez échappé belle, cela aurait pu être bien pire …
- Du coup on a participé à un stage d'entraînement, afin de ne plus faire les mêmes erreurs et apprendre des choses qu'on ne m'a pas apprit concernant les Pokemon. Après ça on a reprit la route. Je voulais à tout prix attraper un Ponyta, malheureusement, je n'ai pas pu. J'ai été rappelé à Domuraille et j'ai dû y rester enfermé deux mois ou plus avant qu'ils ne m'envoient au Mont Lossë il y a quelques semaines de cela. J'avais une course à faire pour eux. Ça a pas mal retardé mes projets mais bon … Au moins maintenant, ils me laissent tranquille ! Du moins, j'espère pour un moment …
Tu posas tes yeux sur l'homme qui marchait à tes côtés puis, frotta doucement ta nuque en fixant désormais le sol.
- Hum … En fait mes aventures sont plutôt nul et inintéressante … Enfin, difficile d'espérer mieux, lorsqu'on est pas totalement libre …
De la liberté, c'est ce que tu souhaitais ? Malheureusement pour toi, jolie fleur, ce n'est pas possible … Quoique tu fasses, tu resteras toujours enchaîné à la secte. Cela ne te dérange pas dans un sens car, tu leur dois tout ce que tu possèdes désormais mais, parfois, tu aimerais pouvoir voler de tes propres ailes …
Bon sang, mais qu'est-ce qui lui avait pris de proposer de lui-même à la demoiselle de raconter sa vie ?! Si l'on passait sous silence le fait que Kenshîro se souciait des aventures de Kitai comme de sa première chemise, la voix ininterrompue de la jeune fille commençait à réveiller sa migraine. Mais le dresseur se fit violence pour ne pas l'interrompre, serrant les dents en observant la rivière en attendant que le flot de paroles de sa compagne se tarisse. Enfin, au moins... la petite histoire de Kitai donnait au garçon une vague idée de son état d'esprit. Ainsi, la demoiselle était en quête de liberté - ce qui semblait logique, si la secte était aussi stricte que l'impression qu'elle donnait - et ceci était peut-être une bonne occasion de faire sa proposition...
Se passant une main sur le front pour chasser un vertige passager, Kenshîro ralentit l'allure pour se re concentrer sur la jeune fille lorsque cette dernière lui posa une question. Puisant dans sa volonté, le garçon borgne s'obligea à afficher un nouveau sourire léger à la douceur amoindrie par la dureté habituelle de son regard.
"Oh, moi, je ne fais rien de bien constructif." soupira-t-il. "Pour être franc, les derniers événements dont vous avez connaissance m'ont... épuisé. On peut dire que je prends... des vacances ?"
Il haussa les épaules, peu soucieux d'entrer dans les détails. Ce n'était pas totalement un mensonge, après tout, ce petit passage sur l'île de Runya était bien un genre de temps mort dans sa quête de vengeance. Mais cette vengeance, justement, hors de question d'en parler à Kitai. Et puis, l'opium de la veille l'avait laissé passablement affaibli, suffisamment en tout cas pour lui donner un air quelque peu fatigué qui allait dans le sens de ses explications. Et puisque l’atmosphère semblait s'être légèrement détendue entre eux, le jeune homme décida d'en profiter. Il jeta un coup d’œil en arrière pour s'assurer que Duncan les suivait toujours, et en effet le Pikachu avançait tranquillement en retrait, s'amusant ou faisant connaissance avec le Polichombr, cela importait peu le dresseur. Reportant son œil de faucon sur Kitai, Kenshîro se racla la gorge avant de reprendre :
"Je ne voudrais pas vous alarmer, aussi je vous prierais de prendre mes paroles comme une proposition, non comme une obligation." murmura le jeune homme d'une voix lente et calme. "vous savez tout comme moi que nous sommes tenus à un engagement depuis notre enfance. Vous savez aussi que mon père, ainsi que... vos tuteurs sont à l'origine de ce pacte. Mon père n'étant plus, je pourrais peut-être me permettre de remettre en cause ce contrat, si vous le désirez. Seulement..."
Le dresseur dévisagea sa compagne, cherchant à lire sur son visage la moindre expression qu'elle voudrait bien afficher. Il s'agissait de comprendre très vite ce que voulait et ne voulait pas Kitai. S'il devait finir ses jours aux côtés de cette fille, le fils Kiriyama avait besoin de savoir de quel bois elle était faite. Après tout, ils avaient beau avoir été présentés depuis longtemps, il ne la connaissait absolument pas. Et le peu qu'il avait aperçu ne lui plaisait pas plus que cela...
"J'aimerais que vous y réfléchissiez. En acceptant ce mariage, vous quitteriez la tutelle de la Secte. Je ne veux pas dire que vous seriez totalement coupée d'eux, bien entendu, mais vous accéderiez certainement à plus de liberté. Bien sûr, de mon côté... Je ne peux vous faire de promesses insensées. L'incendie a dévoré une grande partie de ma fortune, voyez-vous..."
Il laissa sa phrase en suspend, attendant de voir si Kitai rebondirait sur le sujet. Il avait besoin de savoir si la jeune fille avait les moyens de rattraper ses pertes. Si ce n'était pas le cas... alors il devrait certainement aller chercher ailleurs. Tandis qu'il parlait, leur marche s'était interrompue, et ils se tenaient à présent au bord de l'eau, face à face, le garçon attendant que la demoiselle lui dévoile ses pensées. Consciemment ou non.
Il est vrai qu'il ne devait pas avoir eu beaucoup de répit, depuis l'accident qui lui coûta sa fortune ainsi que certains de ses proches et, une fois encore, tu t'en voulais de lui avoir posé une pareil question, même si il semblait ne pas en être vexé et te souriait, à sa façon. En réponse à son sourire, tu lui en offris un également. Cela ne devait pas être évident, une aussi grosse perte, que lui restait-il désormais ? Tu te le demandes sans lui demander. Tu lui avais suffisamment fait ressasser ses problèmes ainsi et, comme il venait de le dire, il était ici en vacance, pas pour parler de problèmes et divers autres affaires, du moins, c'est ce que tu pensais …
Alors que tu pensais que ce sujet ne serait jamais mentionné, te voilà servit … Sans t'en rendre compte, tu t'étais arrêtée, là, près de l'eau et, il te faisait désormais face, tandis qu'il te parlait de ça, cette promesse faites par vos parents et tuteurs alors que vous n'étiez que de simple enfant. Cet engagement que tu avais oubliée toutes ces années avant qu'on ne t'en reparle, une fois ton adolescence présente, ta majorité approchant et, maintenant que tu avais atteint ton dix-huitième anniversaire, comment allais-tu t'en sortir ? Tu l'écoutais, peut-être souhaitait-il rompre cette union ?
Tu l'écoutes alors attentivement. Il voulait donc ton avis face à cette situation quelque peu délicate, du moins, il te demandait d'y réfléchir, savoir si oui ou non, vous respecterez les dernières volontés de ceux qui vous avez élevés. Le vieux prêtre voulait pour toi une belle vie, un avenir sûr, sous la bénédiction du dieu sombre mais, pouvais-tu accepter cet engagement, maintenant que tu étais en âge de décidé et, que Kenshîro t'offrait la possibilité de refuser ?
Tu l'écoutes, jusqu'au bout. Il te propose des choses plutôt alléchante car, même si tu aimes tes dieux, tu aimerais pouvoir vivre plus librement, faire ce que bon te semble et, tant que tu seras sous la tutelle de la secte, jamais tu ne pourras être complètement libre … L'homme l'avait bien compris et, jouait-il de cela pour pouvoir faire en sorte que tu acceptes ? Voulait-il réellement lui même de cette union ? Depuis le début de cette conversation, tu n'avais dit point mot, bien trop sous le choc de la surprise. Enfin, surprise …Tu t'attendais à tout, sauf à cette conversation … Au fond de toi, tu es effrayé, effrayé à l'idée de devoir te marier, effrayé de devoir être avec un homme dont tu ne sais rien et pour qui tu n'éprouves rien. Qu'allais-tu choisir ?
En soit, accepter cet engagement n'était pas vraiment être libre car, tu appartiendrais ensuite à cet homme et, tu n'auras pas pu choisir par toi même, celui avec qui tu souhaitais être. Le regard perdu, fixant le sol, tu cherchais une réponse, quelque chose à lui dire mais, les mots ne te venaient pas, il fallait pourtant … Tu restas là, planté devant lui, silencieuse. Tomo vint auprès de toi, sentant ton malaise. Tu posas sur lui ton regard perdu puis, finis par te décider à lui répondre. Même si tu n'avais pas de réel réponse à lui donner à l'heure actuel, tu devais lui dire quelque chose. Tu redressas alors la tête, regardant celui qui se trouvait juste en face de toi. Ton regard reprit émotion et, même si tu étais résolu à faire face à cette situation, tu ne pouvais faire disparaître la pointe de crainte et de tristesse qui se trouvait au fond de ton regard.
- L'argent ne m'intéresse pas et, ce n'est pas ça qui me manque de toute manière. Je ne peux toutefois vous donner une réponse maintenant. Une part de moi voudrait accepter, pour respecter cette promesse faites et ne pas déshonorer les dernières volonté de mon maître mais, en même temps, je ne peux imaginer le reste de ma vie avec une personne dont je ne sais rien et pour qui je n'éprouve rien.
Tu te tus, laissant quelque secondes de blanc avant de reprendre.
- C'est aussi votre choix à vous, je ne peux décider seule de ça.
Kenshîro laissa planer un instant de silence, durant lequel la jeune fille parut réfléchir sans oser le regarder. Lorsqu'enfin elle leva les yeux, le borgne put y lire l’appréhension et la tristesse. Ce n'était pas difficile de deviner ce qu'elle avait en tête, avant même qu'elle ne prononce les paroles qui suivirent. Il fronça les sourcils, durcissant un peu plus son regard. Il s'était attendu à plus de soumission de la part de Kitai, mais malgré sa crainte évidente, la demoiselle profita de son ouverture pour lui dire le fond de sa pensée. Et ce qu'elle lui avoua ne plut pas à Kenshîro. Ainsi, elle se considérait à l'abri du besoin. Ses fonds n'étaient donc pas superficiels, il faudrait qu'il se renseigne plus en détails. Elle voulait respecter les dernières volontés de son tuteur, mais ne souhaitait pas passer sa vie avec un homme qu'elle n'aimait pas ? Le fils Kiriyama n'affichait à présent plus un prémisse de sourire, dévisageant sa compagne comme un juge sur le point de déclamer sa sentence.
"Vous me voyez navré de cette hésitation." répondit-il d'une voix plus dure. "Si vous y tenez, je vais donc vous expliquer mon point de vue. Je n'ai aujourd'hui presque plus de pouvoir aux yeux des grandes familles de Domuraille, aussi il me serait très difficile de trouver une épouse fortunée qui permette de sauver ma maison. Vous devez bien comprendre une chose : vous êtes pour moi la façon la plus simple et la plus logique de préserver mon nom. Si vous êtes en possession de ressources suffisantes, je n'hésiterai pas à précipiter ce mariage. Vous êtes peut-être ma seule chance, et croyez-moi, je ne la laisserai pas passer."
Son ton était impartial, et bien que dépourvues d'agressivité, ses paroles n'étaient pas départies d'une sourde menace. Il devait lui faire comprendre à présent que le choix ne lui serait donné que si elle faisait le bon. Le bon selon Kenshîro Kiriyama. Jetant un coup d’œil à Duncan qui s'était approché à la suite du spectre et observait à présent les deux humains d'un air inquiet, le jeune homme soupira, tâchant de se détendre à nouveau et de reprendre une expression moins sinistre. Fouillant dans une poche intérieure de sa veste, le borgne en sortit une petite bague en or marquée du sceau des Kiriyama. C'était l'un des rares bijoux estampillé de sa famille que l'on avait pu sauver de l'incendie. Il l'avait gardée sans la porter, ayant horreur de ce genre d'accessoires, dans l'idée de la revendre un jour s'il se retrouvait dans une situation vraiment impossible. Ne laissant pas le choix à Kitai, il attrapa la main de la jeune fille pour y placer l'anneau gravé.
"Prenez, elle est à vous." reprit-il. "J'ai bien conscience que cette situation ne vous plait pas. Mais je tiens à vous dire que je ne fais pas cela dans le but de vous faire du mal."
Il se tut un instant, hésitant. Malgré sa hargne et son besoin de régler les choses au plus vite, il était vrai que forcer cette union ne lui faisait pas vraiment plaisir. Il avait toujours connu son père seul aux commandes des affaires de la famille, et ne s'était jamais imaginé autrement lui-même. Qu'adviendrait-il de Kitai s'ils se mariaient ? Il n'en avait aucune idée, en vérité...
"J'aimerais que nous échangions aussi nos numéros d'holokit. Ainsi je pourrai vous prévenir de l'avancée des choses."
Sans comprendre pourquoi, ni comment mais, la situation devint plus tendu qu'elle ne l'était déjà … Comment aurais-tu pu savoir qu'il réagirait ainsi ? Qu'il te dirait cela là, maintenant ? Plus le moindre petit sourire sur son visage, plus le moindre regard qu'on pourrait qualifié de « doux » mais, un regard dure, tout comme le ton de sa voix. Tu n'osas plus bouger, plus parler. Tu le fixais, simplement, l'écoutant. Surtout visage, ton sourire habituel avait également déserté face à cette situation étrange. Alors, dans cette union, il ne voyait que ce que cela pouvait lui apporter désormais ? Le fait de pouvoir se reconstruire un nom ? Faire de nouveau partie de ces familles réputés ? Pourquoi, quel intérêt cela avait-il hormis peut-être me confond ? Tu n'as jamais prêté attention à toutes ces choses matériels car, après tout, tu n'as jamais vécu avec. Certes, tu avais de l'argent, beaucoup. De l'argent que ton tuteur t'avait mit de côté sur un compte qu'il t'avait ouvert, de l'argent que tu avais eu après sa mort, dans son testament. Tu avais aussi effectué des petits boulots ci et là, pour pouvoir vivre comme n'importe quelle adolescente mais, malgré le fait que tu ais de l'argent à ne plus savoir quoi en faire, tu ne l'avais jamais réellement utilisé, du moins, pas pour toi.
Cette union, il ne la voulait que pour ton argent, ça, tu l'avais bien compris mais, le faisait-il aussi pour son père ? Cela, tu n'en savais rien, il n'avait pas dit le moindre mot à ce sujet quant à son explication. Tu ne savais comment réagir face à cela, tu étais mal, très mal à l'aise, cela ne faisait aucun doute. Tu venais même à te dire qu'il aurait probablement mieux valut que vos routes ne se croisent pas, pas maintenant.
Alors que tu restais là, comme figé, te demandant quoi faire, comment te sortir de là, tu sursautas presque, lorsque Kenshîro prit ta main et, glissa sur l'un de tes doigts, un anneau en or qui semblait gravé. Fixant cet anneau, tu levas la main afin de voir ce qui se trouvait dessus. Un sceau était présent, un sceau que tu connaissais, celui de la famille Kiriyama. Tu lèves la tête, posant ton regard sur l'homme et, le laissa parler, de toute manière, tu ne savais quoi lui dire, enfin … Si cela ne tenait qu'à toi, tu lui aurais rendu cette anneau mais, en fait, tu savais aussi que tu n'y arriverais pas, il était après tout difficile pour toi d'aller à l'encontre des autres. Tu n'avais pas réussit à refuser à Idai de te suivre lorsque tu as quitté Domuraille la première fois, cette fois-ci, tu n'arrivais pas à dire non à cet homme. En même temps, tu avais de la peine pour lui, tout ce qu'il souhaitait, c'était de pouvoir retrouver sa situation d'avant mais, pouvais-tu réellement lui permettre de retrouver cela ?
Ses dernières paroles fit naître un léger sourire sur tes lèvres mais qui s'effaça rapidement. Il lui proposa ensuite d'échanger leur numéro afin de te tenir au courant. Pourquoi pas ? Tu hoches alors la tête et, attrape ton holokit pour pouvoir y entrer ses coordonnées.
- Oui bien sûr, ça sera plus simple.
Vous vous échangez alors vos numéros respectifs puis, tu réfléchis un moment avant d'oser prendre la parole.
- Hm … Je vais sérieusement réfléchir à tout ceci et, vous donnez ma réponse au plus vite. Aussi, si parfois vous avez du temps de libre, peut-être pourrions-nous nous voir un peu. Ça permettra de faire davantage connaissance. Enfin, si vous le souhaitez bien sûr.
Peut-être que le voir de temps à autre te permettra d'apprendre à l'apprécier et, à prendre une décision. Mon dieu ce que cela pouvait être difficile ! Pourquoi tout ceci devait te tomber dessus ? Tu espérais que, selon ton choix, tu ne regretteras rien ...
Kenshîro prit rapidement en note le numéro de Kitai, l'ajoutant à ses contacts. Il ne se servait que rarement de cet appareil, peu soucieux de donner de ses nouvelles à qui que ce soit. Alors qu'il enregistrait son répertoire, le jeune homme remarqua qu'il avait un nouveau message. De la part de monsieur Hanson, son banquier. Le borgne fronça légèrement les sourcils, et, encore impulsif à cause de son précédent coup de sang, effaça le sms sans l'avoir lu. Si Hanson avait quelque problème à régler, il n'avait qu'à le faire avec son oncle ! À peine s'était-il laissé aller à ce geste grognon que le dresseur sentit la migraine revenir. Grimaçant légèrement, il releva un œil douloureux sur la demoiselle, lorsqu'elle lui adressa à nouveau la parole, se massant une tempe en l'écoutant. Ses derniers mots firent naître une nouvelle pointe de honte dans la poitrine du garçon. Vraiment, être aussi dur et intransigeant avec Kitai ne lui faisait pas plaisir. Il aurait pensé ressentir une certaine satisfaction à savoir quelqu'un sous son emprise, mais cette situation n'avait rien à voir avec celle d'un de ses serviteurs, ou d'un compagnon de jeu obligé à lui obéir. Non, il savait qu'il avait le pouvoir de détruire la vie de cette fille. Et... ça ne l'amusait étrangement pas...
"J'en serai ravi." répondit-il enfin, sa voix reprenant une certaine douceur. "Je suis d'accord avec vous, nous devrions apprendre à nous connaître."
Une nouvelle douleur lui barra le front. Il ferma son œil intact un instant, avant de secouer légèrement la tête pour reporter son attention sur Kitai.
"Je ne suis pas très en forme, aussi je m'excuse de la brutalité avec laquelle j'ai pu vous traiter tout à l'heure. Je crains de ne pouvoir être un très bon compagnon en ce moment. Cependant, je pense que ces vacances me feront du bien. Aussi, dès que les fêtes seront passées, je vous invite à m'envoyer un message pour m'indiquer où vous vous trouverez. Je vous promets de faire l'effort de me déplacer jusqu'à vous, pour que nous passions un peu de temps ensemble."
Cette promesse ne l'arrangeait pas, mais alors pas du tout. Il méprisait l'idée de devoir accourir comme un petit chien quand Kitai lui ferait signe, mais il devait se résigner s'il voulait amadouer la jeune fille. De plus, il était temps pour lui d'assumer son rôle de dernier descendant de la famille Kiriyama. Un homme devait être capable de se trouver une épouse sans passer par l'esclavage ! Kenshîro croyait se souvenir que son père avait beaucoup de succès auprès des femmes, ce qui n'avait jamais été son cas. Si les filles qu'il avait côtoyé lors de ses tournois ou de ses études avaient pu ressentir autre chose qu'un respect craintif ou que du mépris, en tout cas, il n'en avait jamais été mis au courant. Et puis, lui-même ne s'était jamais intéressé à la chose, il devait bien se l'avouer. Le séduction était un acte... totalement étranger à son comportement... Ce mélange de pensées augmenta son mal de crâne, et il sentit à peine le geste habituel de son Pikachu qui tirait sur sa jambe de pantalon. Baissant son œil sur lui, le dresseur remarqua le regard inquiet de son rongeur. Le jeune homme grogna :
"Tout va bien, Duncan."
Son regard explicite intimait au Pikachu de faire profil bas. Il ne tenait pas à endurer plus de questions de la part de sa compagne...
Tu l'avais observé, sans un mot, tandis qu'il entrait tes coordonnés sur son holokit. On dirait que quelque chose ne va pas, tu le voyais bien, à son expression mais, tu ne demandas pas, ne dis rien. Tu n'avais pas envie de t’immiscer dans sa vie privé, déjà tout à l'heure, tu avais fait l'erreur de lui parler de l'accident alors, ne refais pas les mêmes erreurs … Heureusement que tu apprends vite, cela t'évitera bien des problèmes, du moins, espérons le … Face à ta proposition, il accepta, son visage s'étant adoucie tout comme le ton de sa voix. Un sourire se dessine de nouveau sur ton visage. Si seulement il pouvait rester ainsi, il était bien moins effrayant et avait son charme. En même temps, tu pouvais comprendre pourquoi il était ainsi. Perdre tout ce que l'on possède, tout ce à quoi on tient, ça change une personne et, toi même tu avais eu énormément de mal, à la mort de ton maître. Tu avais passé une sale année mais, heureusement, tu n'étais pas seule, on t'avait soutenu et, c'est cela qui t'avait permis de tenir le choc et de passer à autre chose.
Il s'excusa, pour son comportement, la brutalité de ses paroles, sa façon d'agir vis à vis de toi. Il est vrai que cela t'avait donné envie de fuir mais, maintenant, comment pouvais-tu ne pas le pardonner ? Tu hoches doucement la tête à ses paroles, quoique cela te gênait que ça soit lui qui fasse le trajet pour te rejoindre alors qu'il n'avait visiblement plus autant d'argent qu'autrefois mais, tu n'osas pas faire cette remarque, de peur de le blesser dans sa personne et ravive une cicatrice. Lorsqu'on né fortuné et, que l'on perd tout, cela doit être bien difficile que de devoir vivre comme le commun des mortels, tu ne pouvais l'imaginer car, malgré ta richesse, tu as toujours vécu de façon simple. Tu n'as jamais cherché à t'offrir une maison de luxe, tu préférais rester dans le temple, avec les autres et, t'occuper de ceux qui, comme toi, sont orphelins.
Kenshîro semblait se sentir davantage plus mal, ce qui t'inquiéta, qu'avait-il ? Tu n'osas t'approcher, lui demander comment il allait car, de toute manière, il était clair qu'il n'était pas au meilleur de sa forme et, te l'avait de toute manière dit. Tu ne pouvais rien faire pour lui, ou presque …
- Vous devriez peut-être aller vous reposer un peu, le temps de vous sentir mieux. Comme vous l'avez dit, ses vacances peuvent vous faire du bien alors, profitez-en pour vous reposer. Nous pourrons parler une autre fois.
Tu continuais de lui sourire alors que tu rangeais enfin ton holokit et, te pencha en une courbette respectueuse.
- Prenez soin de vous et profitez bien des festivités. Peut-être qu'on se croisera de nouveau avant la fin.
Tu te redresses, tes yeux sombre posés sur lui puis, tu finis par t'accroupir pour être à la hauteur du petit rongeur électrique et, lui offrit une caresse sur la tête avec douceur.
- Toi aussi, prends soin de toi !
Tu te redresses ensuite, tandis que Tomo salua également son nouvel ami. Tu ne fis pas directement demi-tour, tu attendis, voir si l'homme n'avait rien à ajouter, à te dire, avant de pouvoir te libérer. Au fond de toi, tu avais tout de même hâte de mettre fin à cette rencontre, toi aussi, tu avais bien besoin de te reposer, te remettre les idées en place. Tout ceci était, mine de rien, éprouvant ...
Malgré le mal qui lui barrait le front, le jeune homme, une main sur sa tempe, emmêlant ses doigts dans une mèche de cheveux sombres, fut tenté de détailler véritablement pour la première fois son interlocutrice. Kitai était une gentille fille, il n'avait pas à en douter. Ses goûts vestimentaires étaient tout à fait corrects, et elle savait bien se tenir. Preuve en était de l'intérêt qu'elle portait à sa santé malgré l'agressivité avec laquelle il l'avait traitée, et la révérence qui ponctua sa phrase. Kenshîro ôta sa paume de son front, chassant la douleur pour offrir à la jeune fille une très légère courbette à son tour. La chose n'était pas évidente, mais il se promis de faire des efforts pour plaire à cette demoiselle. Finalement, tout ne s'était pas si mal passé...
Il l'observa tandis qu'elle se penchait sur Duncan pour le caresser et lui dire à bientôt. Le Pikachu reçut les paroles avec bonheur, et répondit en couinant tout bas, ses joues grésillants sous le plaisir de la caresse. Il fit un signe d'au revoir à son nouvel ami le spectre, puis recula se placer aux pieds de son maître. La jeune fille adressa un dernier regard au borgne, sa bonne éducation lui intimant sûrement d'être sûre que le garçon n'avait plus rien à ajouter. Kenshîro hocha la tête, la saluant une dernière fois. Puis, Duncan et lui regardèrent Kitai et Tomo s'éloigner. Resté seul avec son Pokemon, le jeune homme poussa un soupir épuisé, une goutte de sueur coulant jusqu'à son œil intact. Il l'essuya rapidement, resserra son col en claquant un peu des dents, et partit dans la direction opposée.
"Viens Duncan. Nous allons rentrer. Je crois que j'ai abusé des sucreries..." souffla-t-il, dépité.
"Kenshîro veut un soin ?" demanda le Pikachu en trottinant à côté de son dresseur.
Le garçon grogna, n’appréciant décidément pas les choix de vocabulaire que faisait parfois la machine lui servant à traduire les pensées de son rongeur. Mais il n'avait pas la force de s'énerver. Il secoua la tête pour toute réponse, réveillant son mal de crâne et lui faisant ralentir l'allure. La soirée s'annonçait difficile, et il regrettait presque son laisser aller de la veille. Enfin, au moins, la prochaine fois qu'il verrait Kitai, il serait prévenu à l'avance, et ne referait pas cette erreur. Toutefois, ses pensées étaient encore un peu confuses en ce qui concernait la jeune fille. Et cette rencontre, au lieu de le conforter dans l'idée qu'il avait tous les droits sur ce mariage, l'avait plutôt fait douter. Il n'avait plus le choix... Lorsque Kitai le contacterait de nouveau, il demanderait conseil à la seule personne en qui il avait confiance, même s'il lui faudrait alors surmonter la honte qu'il avait à se présenter à lui.
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