La route jusqu’à Merya était longue, et Irwin soupirait déjà tant la chaleur ambiante le fatiguait. Pourtant, le soleil était déjà bas dans le ciel puisqu’il n’avait émergé que très tardivement de son monde de rêves et la nuit commençait déjà à se laisser deviner à l’horizon.
Aussi loin que son regard portait, tout n’était que beauté et pureté naturelle. La rivière s’écoulait entre les arbres, son eau limpide éclaboussant de temps à autre les brins d’herbe tendres et verdoyants. Il était presque jaloux de toute cette beauté ; même si la sienne n'avait rien à envier aux autres humains, il ne pourrait jamais atteindre la perfection naturelle. Il se posa près de l'eau pour prendre une petite pause.
Irwin soupira en retirant sa veste et la rangea dans sa sacoche, la pliant aussi bien que possible. Le jeune homme en profita pour sortir la ball de Vigrid et s'amusa un instant, l'envoyant en l'air et la rattrapant avec agilité. Le petit lézard feuillu finit par s'extirper de sa prison et fixa son dresseur l'air suffisant, il lança une liane en direction de la balle rouge et blanche pour la mettre en sécurité hors des mains du voleur inconscient. Ses yeux semblaient le menacer et le mettaient au défi d'essayer de la lui reprendre.
Irwin s'allongea dans l'herbe fraîche, en arrachant quelques brins pour se détendre. Le Vipélierre se roula autour de la pokeball en poussant un petit son strident mais supportable. Après quelques longues minutes à savourer la baisse progressive de température il finit par ouvrir sa chemise pour aller s'humidifier un peu le visage et le torse dans l'eau de la rivière. En se redressant il attrapa le lézard qu'il déposa dans sa sacoche et se remit en route.
La nuit tomba doucement, allégeant l'air de quelques degrés supplémentaires, et la lune fit son apparition dans le ciel noir d'encre. Irwin marcha jusqu'à pouvoir s'installer entre les arbres qui devinrent plus nombreux autour de la rivière qu'il continuait de longer. Vigrid était rentré dans sa Pokeball il y avait de ça quelques heures après s'être endormi ; le jeune voleur l'enviait un peu, lui avait toujours sa "maison" où qu'il soit, Irwin n'avait aucune envie de dormir à la belle étoile. Il avait besoin du minimum vital des commodités…
Ses yeux se fermaient de temps à autres alors qu'il grignotait quelques biscuits, il sentait son corps devenir lourd mais il avait encore de la route à faire. Il savait qu'un village se tenait au cœur de la forêt et, au départ de Domuraille, il espérait pouvoir l'atteindre en une après-midi, mais il avait surestimé ses capacités et il sentait à présent qu'il dormirait dans l'herbe, sous le regard protecteur de l'astre nocturne.
Epuisé, il s'allongea à même le sol, profitant de la température agréablement estivale qui l'autorisait à ne pas allumer de feu. Il dormit mal, peu habitué au sol humide et aux bruits de la nature. Ce qui lui avait paru être le paradis la journée ressemblait, la nuit, à une version doucereuse de l'enfer. Eveillé aux premières lueurs de l'aurore, il avait l'œil hagard et les cheveux ébouriffés. Son costume était recouvert, par endroits, de traces vertes et marron ; il avait pris tout un tas de mauvais plis qui ne partiraient qu'après un bon lavage.
Il grogna en se levant et grignota un peu avant de se remettre en route. Irwin était courbaturé et épuisé, la chaleur qui grimpait progressivement n'aidait en rien sa progression. Et c'est avec soulagement qu'il vit se dessiner les premières maisons de Tavas.