Finalement, il n’y avait rien eu de spécial depuis la capture de ce petit Capumain. La journée avait tranquille, à se reposer à l’abri des arbres pour tenter de supporter la chaleur. Une chaleur bien trop étouffante, malgré le couvert des arbres. A vrai dire, je n’avais pas osé penser ce que c’était à l’extérieur de cette forêt, la chaleur que l’on devait ressentir. Finalement, être encore coincé ici, ce n’était pas si mal. La soirée, par contre, avait été fraîche, ce qui n’était pas plus mal après cette journée étouffante. Akuro se faisait petit à petit accepter par tout le monde, même par Haneya. Oui, nous avions passé une bonne petite soirée tranquille, jusqu’à s’endormir et faire un tour dans le royaume des songes.

Le réveil, lui, fut plus compliqué. Une forêt est censée être un lieu tranquille, dans lequel on peut se ressourcer. Sauf quand on s’installe dans le coin des roucools et compagnie. Roucool, oui. Encore ce volatile. J’allais finir par adopter une phobie de ce volatile, à force de le croiser pour de mauvaises choses. On n’avait pas idée de piailler vers six heures du matin, réveillant ainsi tout le quartier. C’est ce qui me valait cette mauvaise humeur et cette tête fatiguée. J’avais levé le temps rapidement, pestant contre cette espèce un peu trop fatigante pour moi. Beaucoup trop fatigante, oui. C’est ainsi que je me retrouvai assise sur une souche d’arbre, Aito dormant dans mes bras, Haneya se reposant à mes pieds tandis qu’Akuro s’amusait à passer d’arbre en arbre. Une vraie boule d’énergie, ce pokémon. Secouant vivement la tête, je me mis une claque sur la joue gauche, cherchant à me réveiller ainsi. Le bruit réveilla le petit Sonistrelle, m’attirant un regard endormi, ne reflétant rien d’autre que de la fatigue.

« Il faut qu’on bouge un peu, sinon on va dormir sur place … Courage, on peut le faire ! »

J’essayai tant bien que mal d’insuffler un peu de motivation sur notre groupe d’endormi. Akuro était le seul à partager celle-ci, m’offrant un sourire rayonnant, tandis qu’Haneya se repositionnait pour dormir et qu’Aito volait tant bien que mal près de ma tête. Il était prêt à s’endormir à tout moment, lui. Soupirant un coup, je me mis debout, attrapant le petit dragon pour le garder dans mes bras.

« Tu n’as qu’à rester ici … Haneya, il faut se motiver un peu, viens ! »

La quadrupède se leva tant bien que mal, tandis que je me mis en marche, dégageant le passage pour laisser la place à mes pokémons de passer. La journée allait être longue, pour le coup.

Il y a des matins où l’on se met à rêver d’un lit douillet, d’une couette moelleuse et d’un oreiller de plume. Des choses banales quand on est dans sa maison. Des choses beaucoup plus difficiles à trouver quand on se trouve au beau milieu d’une forêt. Pourtant, qu’importe l’endroit où l’on peut vivre, si l’on se trouve loin de ce confort au moment de cette envie, on sait automatiquement que cette journée sera, tout simplement, insupportable. Et quoi de mieux pour confirmer cette affirmation que de se retrouver par terre, au beau milieu d’orties ? Oui, il y a de ces matins où l’on rêve de son petit confort et de retourner se coucher. Je rêvais de mon confort et d’une bonne nuit. Hébété, mon regard se porta néanmoins sur la chose qui venait de me percuter. Une fille, avec des cheveux roses. Une fille qui avait des vêtements en mauvais état. Enfin, ça, c’est ce que je pris le temps de remarquer avant que mes bras se mettent à me gratter et que je comprenne où j’avais atterris. Sautant sur mes pieds, je me mordis la lèvre inférieure, cherchant à oublier la sensation désagréable qui courrait sur mes membres supérieurs. Une sensation plus qu’insupportable. Qui avait dit que la journée serait longue, hein ? Elle commençait bien, là.

Aito, désorienté, mis quelques temps avant de réagir à nouveau, se débattant ensuite pour que je le lâche. Car oui, dans la chute, j’avais eu le réflexe de resserrer ma prise sur lui, de peur qu’il ne tombe et se fasse mal. Au moins, il avait pu échapper aux orties, lui. On n’a pas tous de la chance, dans la vie.

« Ça piiiiiiiiiiiiiiiique ! »

Au moins, c’était clair. Tapant du pied dans l’espoir de détourner mon attention de ces démangeaisons désagréables, je tourne la tête vers ma petite troupe, constatant avec un certain soulagement que j’étais la seule victime de cette sensation horrible. Au moins, je n’avais pas un autre cas à gérer, c’était toujours cela de pris. Mon regard se posa ensuite vers cette fille inconnue, qui était la cause de tout ceci.

« On a pas idée de courir comme ça et de bousculer les gens, merde ! »

Mes bras étaient rouges, des petits boutons avaient fait leur apparition. Tant de beauté dans tout ça. L’ironie était la seule chose qui me restait, maintenant.

Il fallait que j’arrive à quitter cette forêt, vraiment. J’en avais marre d’être ici, marre de ne voir que de la verdure, marre de ces orties. Même ici, dans un lieu où l’on pourrait se croire isolé, on arrive tout de même à se faire percuter par des inconnus. A quoi cela servait de se terrer, si l’on n’échappe pas à la civilisation ? A rien. Strictement à rien. Ma décision était prise : dès que les démangeaisons se calmeraient, je ferais en sorte de quitter cet endroit. J’avais passé trop de temps en ces lieux, il était temps que je change d’air. Inspirant, j’écoutai à peine les excuses de cette inconnue, grommelant vaguement un remerciement quand elle me tendit ses confiseries pour pokémon. Ce n’était pas cela qui allait atténuer mon état, loin de là. Enfin, toute ma troupe sembla excitée à la vue de ces bonbons, je ne pouvais donc pas refuser. Même si j’avais plus qu’envie d’envoyer paître cette fille. Fille qui, pourtant, avait un pokémon inconnu dans ses bras. La curiosité me piqua au vif, tandis que j’attrapai mon sac, me mordant l’intérieur de la joue pour me forcer à ne pas me gratter. En silence, je fis les mêmes gestes qu’elle, quelques secondes auparavant : je sortis mon pokédex et le pointa sur le petit pokémon dans ses bras, arquant un sourcil en apprenant qu’il s’agissait d’un Togepi. C’était pas mal, même s’il n’était pas vraiment mon style. Enfin, je n’avais pas vraiment de style.

Je commençai à ranger mon pokédex, prête à reprendre mon petit bonhomme de chemin, quand un cri indigné se fit entendre. Tournant la tête en direction d’Akuro, je fronçai les sourcils. Là, sous mes yeux, il y avait deux Akuro. Un autre Capumain se trouvait là, tenant dans la main qui lui servait de queue un bonbon. Et, à la vue de la réaction de l’autre Capumain, il s’agissait de sa friandise. Donc, mon Akuro venait de se faire prendre sa petite gourmandise par un pokémon sauvage. C’était un peu risible, dans le fond. Risible pour moi, pas pour mon pokémon qui semblait prêt à sauter sur le fauteur de trouble. Le petit singe sauvage ne tarda pas à grimper dans un arbre, narguant le mien avec un sourire jusqu’aux oreilles. Sourire que n’arborait pas Akuro, trop crispé pour cela. Il ne tarda d’ailleurs pas à lui courir après, prêt à récupérer son dû coûte que coûte. C’est beau, l’esprit de combativité. Pourtant, dans sa course, il heurta un petit quelque chose qui tomba au sol. Une sorte de boule de coton verte, avec un peu de blanc et des yeux. Tendant mon pokédex vers cette petite créature, un petit sourire éclaira mon visage en apprenant son nom : Doudouvet. Un nom aussi mignon que son apparence. Il me le fallait, celui-là. Mais pour ça, je devais avoir le champ libre avant.

« Akuro, attaque griffe sur ce Capumain ! »

Si je battais rapidement le Capumain, j’allais pouvoir me concentrer sur ce Doudouvet. Et, qui dit concentration, dit capture. Et ça, c’était mon but.

Akuro utilise Griffe (Puissance – 40 // Précision – 100)
Lvl 10 – Normal

Pv : 35 (8) – ATQ. 43 (8) – DEF. 36 (9) – ATQ SPEC. 28 (9) – DEF SPEC. 35 (8) – VTS. 50 (8)

Avec un léger sourire, je regardai mon Capumain courir après son double, le dépassant aisément dans une pirouette magistrale. Une pirouette se terminant par son assaut, quelques secondes après, contre ce voleur de bas étage. Akuro était agile, Akuro était fort. C’était sans doute mon plus fort pokémon pour l’instant, une sorte de petite perle qu’il me fallait préserver à tout prix. Mais ça, je n’allais certainement pas le dire à haute voix, de peur de vexer quelque peu Haneya et Aito. Dans le fond, ce serait normal qu’ils se trouvent vexés. Mon regard quitta pourtant la prestation de mon pokémon quand la voix de cette fille se fit entendre, demandant à son Togepi d’attaquer. Est-ce qu’elle souhaitait l’attraper ? Ou visait-elle le Doudouvet, à quelques pas de nous ? Si c’était la deuxième option, je n’allais certainement pas le lui laisser. Pas un être aussi mignon que ce pokémon. Fronçant les sourcils, mon attention se reporta sur Akuro, juste à temps pour voir qu’il venait de bien blesser son adversaire. Un large sourire se dessinait maintenant sur son visage, tandis qu’il s’empressait de récupérer et de manger son gâteau, que ce pokemon sauvage venait de laisser tomber. Il se l’était fait piquer une fois, pas deux. Secouant légèrement la tête, amusée, je laissais mon regard se porter vers le petit pokémon plante. Son corps s’était mis à briller, pendant quelques secondes. Alors, lui aussi semblait vouloir se joindre à la petite fête. Ce n’était pas un fuyard, c’était déjà cela de gagné. Mon attention se reporta sur Akuro quand il se mît à crier, se tenant le nez avec ses mains. L'autre venait de se venger. Plutôt rapide comme pokemon. Enfin, ce n'est pas cela qui allait nous faire peur.

« Akuro, on recommence s’il te plait ! Attaque griffe sur ce Capumain ! »

Rapidement, je sortis une ball de mon sac, prête à la lancer pour capturer le Doudouvet. Tandis qu’Akuro se jetait sur son nouvel adversaire, un sourire toujours présent sur son visage, j'observais du coin de l'œil le pokemon plante. Akuro semblait prendre un malin plaisir à combattre. Et moi, je prenais un malin plaisir à m’imaginer réussir ma capture.

Akuro utilise Griffe (Puissance – 40 // Précision – 100)
Lvl 10 – Normal

Pv : 35 (8) – ATQ. 43 (8) – DEF. 36 (9) – ATQ SPEC. 28 (9) – DEF SPEC. 35 (8) – VTS. 50 (8)

Finalement, le pokémon sauvage avait un peu plus de ressources que ce que je pensais. Alors qu’Akuro lui fonçait dessus, il esquiva dans un premier temps, profitant du déséquilibre de mon pokémon pour s’en prendre au nouveau venu sur le terrain : un petit cochon orange et noir, plutôt mignon sous un certain angle. Sous un certain angle, oui. Akuro arriva dans le dos du capucin sauvage quelques secondes après, administrant son attaque à celui-ci. Une attaque qui fut plus qu’efficace, pour le coup. Le Capumain tituba quelques instants, avant de s’écrouler, assommé.

« Bien joué Akuro ! »

Un nouveau sourire illumina son visage, tandis qu’Aito l’applaudissait depuis sa branche d’arbre. Fier, il fit le signe de la victoire, loupant au passage le plus important. La boule de coton ne semblait pas très d’accord avec ce qui venait de se dérouler et le fit savoir. Et ce, d’une manière plus que contestable pour le coup. Surtout pour Akuro qui le prit plutôt mal sur le moment. D’ailleurs, il ne tarda pas à répliquer, se laissant emporter par ses émotions. D’un coup, il fonça sur le petit Doudouvet, usant de son attaque griffe pour se venger. C’était une réaction légèrement puérile, que l’on pourrait qualifier de disproportionnée. Mais pour lui, cela semblait normal.

« Akuro, arrête ! »

Mon ordre, dit sur un ton qui ne supportait aucune réplique, le fit se calmer. Penaud, il se rapprocha de moi, tournant le dos au pokémon qu’il venait tout juste de blesser. Un pokémon qui semblait dans un sale état. Tournant mon regard vers l’inconnue, je lui montrai ma pokéball, espérant qu’elle comprenne par ce simple geste. Et, dans le cas contraire, il suffisait simplement qu’elle m’écoute.

« Tu m’excuses, mais ce pokémon est pour moi. »

Même si elle essayait de répliquer quoi que ce soit, c’était trop tard. Je venais de lancer ma pokéball, espérant de tout cœur réussir ma capture. Celui-là, je le voulais. Ce n’était pas par dépit ou par simple amusement. Non, il me plaisait vraiment.

Il suffisait maintenant de croiser les doigts.

Akuro utilise Griffe (Puissance – 40 // Précision – 100)
Lvl 10 – Normal

Pv : 35 (8) – ATQ. 43 (8) – DEF. 36 (9) – ATQ SPEC. 28 (9) – DEF SPEC. 35 (8) – VTS. 50 (8)

Mari lance une Pokéball sur le Doudouvet

Les doigts croisés, mon regard ne quittait plus cette ball qui venait d’emprisonner ce petit pokémon blanc et vert. Une ball qui ne cessait de gigoter, me faisait retenir ma respiration dans le vain espoir que cela change quelque chose au résultat final. Akuro avait bien amoché ce Doudouvet, mais il restait toujours l’hypothèse qu’il lui reste assez de forces pour se sortir de cette situation. Et de ma ball, par conséquent. Ce qui conduirait donc à mon échec. Et ce sentiment d’échec est quelque chose de très détestable. C’est quand le clic caractéristique d’une capture réussie résonna que je me permis de respirer à nouveau, laissant échapper ma joie dans un saut, le poing levé. C’était affreusement cliché, totalement immature, mais je m’en fichais. Je l’avais ce Doudouvet, je l’avais vraiment.

Et rien ni personne ne pourrait me séparer de lui.

Je le voyais déjà comme un grand ami, un avec qui je pourrais faire route à travers cette région. Un peu comme Haneya, Aito et Akuro. Et j’espérais sincèrement qu’il m’accepte réellement. Me rapprochant rapidement de ma pokéball, je laissais échapper mon nouvel allié, le faisant apparaître à mes pieds, tandis que ma petite troupe s’approchait de lui, prise de curiosité. Effrayé, il ne semblait pas savoir où donner de la tête, tournant sur lui-même pour observer ces pokémons inconnus. M’accroupissant près de lui, je lui souris, posant ma main sur son crâne cotonneux, le caressant doucement. Cette action sembla le ravir, puisqu’il afficha rapidement une mine plus détendue. Et avec une tête pareille, il plus que mignon. Un sourire béat sur le visage, je le pris dans mes bras, me redressant ensuite avant de lever les bras au ciel.

« T’es troooooop mignon ! Tu seras Kuro, d’accord ? »

A nouveau, il prit cet air qui me plaisait bien, me faisant sourire d’avantage. Baissant un peu les bras, j’essayai de l’installer confortablement dans ceux-ci, me tournant vers celle qui avait eu la gentillesse de ne rien faire.

« Merci de me l’avoir laissé. Je m’appelle Maribel, et toi ? »

Cheany. Cheany Manson. Son prénom était plutôt original, mais cela lui allait bien. Après tout, qui fait une révérence car il se présente ? Pas grand-monde. Ou alors, pas des gens que je côtoie. Enfin, je peux tout aussi bien venir d’une ville d’arriérés, même si j’en doute tout de même. Mais là n’était pas la question. Curieuse, je regarde la carte qu’elle fait tomber, tiquant légèrement en la reconnaissant. C’était l’espèce de carte pour rentrer à Domuraille, une ville regroupant toutes les personnes se trouvant supérieures aux autres. C’était plus des idiots qu’autre chose. Et encore, le terme « idiot » était utilisé pour paraître le plus polie possible. Il faut savoir faire preuve de politesse, dans ce bas-monde.

Dans tous les cas, si cette fille possédait cette carte, c’est qu’elle faisait partie de ces personnes vivant là-bas. Ce qui signifiait donc que son comportement était sans doute normal pour eux. Et que donc, elle pouvait se montrer potentiellement agaçante. Chassant ces pensées de mon esprit, je souris légèrement à sa remarque, notant que j’étais moi-même dans ce cas de figure. Depuis que j’avais quitté la maison, j’avais fait en sorte de ne plus retourner en ville, même quand Haneya et Aito avaient demandés des soins. En fait, j’avais plutôt tendance à me faire discrète, sachant que mes parents n’étaient pas forcément loin. Et que Noah était forcément avec eux. Elle, on pouvait dire qu’elle ne me manquait pas, loin de là. Le rire de Cheany me ramena à l’instant présent, tandis qu’elle prenait à nouveau la parole, disant qu’elle allait devoir aller dans un centre pokémon. J’étais un peu dans la même situation, avec Kuro qu’Akuro avait bien amoché, et Akuro qui s’était fait attaquer préalablement par Kuro. On possédait chacune deux blessés dans nos rangs pour le coup. En silence, je la regardai s’éloigner un peu, regardant tour à tour Haneya, Aito, Akuro et Kuro. J’avais pris l’habitude de n’être entourée que de pokémon, peut-être que faire route avec elle jusqu’à un centre pourrait être intéressant. Et puis, si elle retournait à Domuraille, elle pourrait m’aider à rentrer. Et, là-bas, il y avait des articles de première qualité, d’après ce qu’avait l’habitude de dire Noah. L’accompagner pourrait donc me faciliter la tâche pour récupérer ces articles. Enfin, si elle acceptait.

D’un pas rapide, je la rattrapai, tandis qu’Haneya trottinait derrière moi, Akuro avançant en se balançant dans les branches et Aito volant jusqu’à se poser sur mon épaule.

« Attends ! Tu es de Domuraille, non ? Tu y retournes ? Cela te dérange si je t’accompagne ? A vrai dire, j’ai pas grand-chose à faire de toute manière et ce serait plus sympa de faire route à deux pour soigner nos pokémons. Et puis, dans cette ville il y a des choses que j’aimerais bien acheter. »

J’avais tout dis d’un bloc, m’imposant plus qu’autre chose auprès d’elle. Qu’elle accepte ou non, je m’en fichais un peu. De toute manière, cette ville serait ma prochaine destination, même si elle n’acceptait pas de m’aider à rentrer.

Taxi pour Domuraille !