Après l’entrainement à Tavas qui nous avait permis de nous concentrer sur les faiblesses de nos Pokémon, Virgil et moi avions pris la route de Merya, la ville où allait avoir lieu le concours. Notre premier concours. Plus j’avançais et plus je me disais que je ferais mieux de laisser tomber, que je n’étais pas encore prêt pour une épreuve de ce niveau. Sans compter que j’allais forcément devoir affronter Virgil tôt ou tard et, même si je ne le connaissais pas réellement bien, il restait mon compagnon de route et quelqu’un qui pouvait me comprendre plus que personne. Si jamais nous parvenions tous les deux à briller lors de nos prestations, le combat serait inévitable et je ne sais pas comment j’allais réagir face à cette situation. Une chose était certaine, si je voulais avoir une chance de m’en tirer lors de cette épreuve, Kisaki devrait être ma partenaire. J’avais tenté d’expliquer la situation à Futeki qui m’avait observé intensément avant de répliquer qu’il comprenait parfaitement et qu’il n’était pas fait pour ce genre de choses. D’un côté, j’étais heureux qu’il le prenne bien, de l’autre, j’avais l’impression de piétiner tous les efforts qu’il avait fournis. Je me promettais qu’un jour, il serait mon partenaire et que ce jour-là, j’allais mettre les bouchées doubles pour épater la galerie. Nous étions finalement arrivés en ville dans les temps et je comprenais alors pourquoi Virgil avait déserté très rapidement la ville où sa sœur avait élu résidence : il y avait trop de monde ! Ma tête était sans cesse rétractée dans mes épaules et je donnais l’impression de me faire le plus petit possible afin d’éviter que quelqu’un remarque ma présence. La foule était tellement intense pour moi que j’en avais même des maux d’estomacs et des semblants de nausées… une véritable horreur. Nous nous étions inscrits pour le concours prévu dans quelques jours et nous avions réussi à trouver une chambre de libre au centre Pokémon afin de pourvoir nous y enfermer chacun de notre côté pour ne croiser personne, du moins pour ma part. À l’intérieur, je faisais réviser les mouvements que j’avais fait répétés un nombre incalculable de fois à Kisaki qui prenait toujours plaisir à les refaire sous les yeux de Futeki, chargé du rôle d’arbitre bien qu’il n’y connaissait pas grand-chose.

La nuit précédant le jour J avait été très courte pour ma part, le stress montait à un tel degré que je n’arrivais plus à le contrôler, j’étais tellement focalisé sur ce qui allait arriver que je ne faisais même pas attention à ce qui m’entourait. Arriver au lieu du concours, les coordinateurs furent emmenés dans les vestiaires afin de pouvoir se préparer comme ils le souhaitaient. Pour l’occasion, j’avais décidé de quitter mon habituel ensemble écolier blanc et bleu pour un costume avec les mêmes couleurs, mais qui me donnait l’air d’un jeune gentleman. Ma mère m’avait souvent répété qu’il fallait que le coordinateur soit aussi présentable que son partenaire Pokémon, mais delà à s’habiller de cette façon, je trouvais cela un peu ridicule. Je vérifiai que tout était prêt et Futeki finit par me dire que la seule chose qui n’allait pas, c’était moi. Il n’avait pas tort, j’étais dans un sale état psychologiquement, néanmoins j’étais inscrit, je ne pouvais plus faire machine arrière et je devais y arriver. Pour Futeki qui m’encourageait à sa façon, pour Kisaki qui allait donner le meilleur d’elle-même, pour mes parents qui allaient m’observer et dont je voulais recevoir la fierté. Je devais le faire, même si je ne réussissait pas à passer les qualifications, je devais tout de même tenter le coup.

La présentatrice arriva finalement sur la scène afin de se présenter, ainsi que les trois femmes qui allaient composer le jury. Tout allait être noté puisqu’il y avait une comportementaliste, un professeur et la propriétaire d’un salon de toilettage, ce n’était pas seulement la beauté du spectacle qui entrait en jeu, mais également le ressenti du Pokémon envers son coordinateur ainsi que son aspect physique mis en valeur. Le déroulement fut ensuite énoncé, si bien que j’appris que les matchs auront lieu le lendemain et non dans la journée comme je l’avais espéré, ce qui signifiait que j’allais devoir rester une journée de plus en ville… Chassant ma mauvaise humeur, je me concentrais sur les premiers concurrents à passer, il y en avait pour tous les goûts à mes yeux et je me doutais que le public allait apprécier le spectacle. Vint le tour de Virgil, je voulus lui souhaiter bonne chance, mais mes lèvres refusèrent de s’ouvrir si bien que seul mon regard était suffisamment éloquent, si jamais il le croisait. En contrepartie, je pris le temps d’observer son numéro et de le noter avec toute l’impartialité dont j’étais capable si bien que je devais avouer qu’il nous avait sorti du grand art. Sa Trousselin avait littéralement captivé la foule, son numéro de danse sonore était un véritable enchantement et les effets ajoutés le rendaient encore plus spectaculaire. Je n’avais pas l’impression de voir une prestation d’un coordinateur débutant, à mes yeux, Virgil était tout à fait capable d’atteindre les sommets. En étais-je capable également ? Allait-il me prendre le ruban de Merya grâce à ses talents innés pour les concours ? Juste après lui, ce fut mon nom qui arriva en tête de liste et je suivis les indications pour me diriger vers la scène, le couloir y menant me paraissait interminable au fur et à mesure que j’avançais. J’entendis alors la présentatrice annoncer mon arrivée.

Poursuivons avec notre prochain concurrent, un jeune homme venant tout droit de Bourg Limë qui participe pour la première fois à la compétition. Bonne chance à lui !

J’allais lentement sur la scène, je n’osais même pas regarder le public, si jamais je levais la tête, j’allais perdre tous mes moyens et je serais incapable de poursuivre. Fermant les yeux et respirant longuement, je me concentrais sur la seule chose qui comptait pour moi en ce moment, je recevais même un message télépathique de Futeki pour m’encourager à débuter. Ce Riolu était impressionnant, même séparé de moi, il parvenait à lire mon aura et savoir exactement ce que je pensais. J’avais l’impression de voir son aura et cela me réconfortait, si bien que je me sentis prêt pour relancer le spectacle.

Kisaki, la scène est à toi !

La Pokéball jetée dans les airs, finit par s’ouvrir dans un éclat de lumière avant de faire apparaitre une pluie de pétales de fleur, suivie de l’adorable Emolga qui écartait les bras pour être bien visible. Immédiatement, la prestation commença et il fallait faire vite dès le début pour assurer la suite. Kisaki s’aida de sa Vive-attaque afin de tourbillonner autour des pétales, elle avait l’air d’un pétale noir gigantesque parmi la multitude de roses qui était présente. Je lui avais demandé de faire ceci pour une bonne raison, Kisaki venait de former une tornade de fleurs dont j’étais le centre tandis que j’ouvris l’ombrelle pour la suite du numéro. Étrangement, je me sentais merveilleusement bien, toute la pression que j’avais accumulée se relâchait instantanément, j’arrivais même à prendre du plaisir à naviguer dans ce champ de pétales volants et mon sourire en était une preuve irréfutable. Ma partenaire finit par atterrir sur ma tête alors que les pétales nous tournaient autour et elle relâcha un éclair qui se propagea sur tout notre environnement donnant ainsi l’impression que nous étions arrosés d’une pluie dorée. Il fallait rappeler qu’Emolga était un Pokémon qui mêlait les aptitudes des Pokémon vols ainsi que des électriques. L’agilité dont elle faisait preuve dans les airs prouvait son appartenance aux créatures peuplant le ciel, quant à ses appartenances aux foudroyants, la barrière d’électricité qui nous entourait parlait d’elle-même. Kisaki maniait ses deux éléments sans aucun problème.

D’une ouverture d’ombrelle, je fis exploser toute la création et ma partenaire reprit son envol en laissant derrière elle une trainée de scintillements, visible uniquement grâce au projecteur qui nous irradiait de lumière. En réalité, j’avais profité de la faible vision qu’avait la foule sur nous pour placer discrètement de la poudre luisante, ce qui donnait l’illusion que Kisaki créait ce phénomène par elle-même.  C’était un véritable esprit de la nature que je suivais des yeux, une adepte de la haute voltige et une adoratrice des scènes, elle avait de grandes qualités pour ma part. Néanmoins, toutes les bonnes choses avaient une fin et il fallait que cet enchantement se termine pour de bon. Après avoir montré les aptitudes volantes, puis électriques de Kisaki, il était temps de prouver qu’elle était le mélange des deux et j’allais utiliser la particularité de ce Pokémon pour clore ce numéro. Une fois qu’elle avait fait le tour de la scène tout en gagnant en altitude, elle se plaça juste au-dessus de moi pour amorcer un piqué. Mais ce n’était pas tout. La spécificité des Emolga résidait dans le fait qu’ils étaient capables de produire de l’électricité tout en volant, ce qui était pourtant difficile puisqu’il fallait se concentrer sur deux tâches différentes. Kisaki fit jaillir des étincelles de son corps avant d’être recouverte par l’électricité qu’elle produisait elle-même, donnant l’impression d’une météorite qui allait s’écraser sur moi. Au dernier moment, je relevais l’ombrelle pour la placer de sorte qu’elle protège, bien que cela n’allait pas servir à grand-chose en situation réelle et je priais pour que Kisaki réussisse ce coup de théâtre. Alors qu’elle allait percuter l’ombrelle, elle relâcha la foudre de son corps tout en rebondissant sur le sommet de la tige qui supportait l’ombrelle et d’atterrir sur mon bras tendu. Et nous nous inclinâmes sous une pluie d’étincelles qui retombaient lentement tout autour de nous tandis que nous avions le sourire aux lèvres, fiers de ce que nous venions d’accomplir.

Je rejoignis Virgil dans les coulisses pour observer la suite des prestations et attendre ensemble la délibération du jury. J’avais envie de lui dire qu’il avait été grandiose et que j’espérais en avoir fait autant, mais mes instincts primaires avaient rapidement repris le dessus et aucun mot ne sortit de ma bouche. Futeki vint à mes côtés tout en me signalant que c’était magique, compliment que Kisaki avait l’air de beaucoup apprécié puisqu’elle s’était jeté à terre pour se frotter contre lui, provoquant ainsi une non-réaction habituelle venant du Pokémon Emanation. Avais-je réellement réussi à passer cette épreuve ? Le jury serait-il satisfait de ma prestation ? Allais-je devoir combattre Virgil pour parvenir à la récompense tant attendue ? Tant de questions sans réponses qui allaient devoir attendre la fin de la journée pour connaître les résultats. Je n’avais qu’une hâte : que le temps passe vite.

De retour dans les coulisses, je regardais les coordinateurs restants passer un par un tout en me demandant si ma prestation était supérieure à la leur. Je n’aimais pas me mettre au-dessus des autres, mais il fallait avouer que c’était une compétition, il ne fallait pas que je prenne ceci à la légère. Tout n’était qu’une question de classement, si quatre d’ente eux étaient meilleurs que moi, ils seraient en finale, et je connaissais déjà le nom d’un des finalistes. À mes yeux, Virgil allait combattre pour la finale, sa prestation tournait autour d’un thème bien précis, ce qui était un grand plus pour les concours. Ce n’était pas plus mal au final, je n’allais pas le combattre et je me chargerai de l’encourager pour qu’il réussisse à avoir son tout premier ruban, la récompense tant attendue. Je remarquais d’ailleurs que ce dernier avait cessé d’observer les autres performances, était-il stressé ? Doutait-il de ses capacités innées ? Soupirant, je préférais le laisser réfléchir seul pour me concentrer sur mes potentiels futurs adversaires. Futeki jugeait d’un air sévère tout ce qu’il voyait, il parvenait à trouver des défauts à toutes les prestations. Je me demandais s’il faisait cela pour me remonter le moral ou tout simplement me dire que l’erreur faisait partie de l’expérience. Je ne savais pas trop quoi penser de lui, il prenait toujours les décisions seul, il n’avait pas besoin de moi en réalité dans un combat; c’était pour cette raison que je ne l’avais pas choisi pour concourir aujourd’hui, j’avais tout simplement eu peur qu’il prenne une initiative que je n’aurais pas approuvé. Les Riolu étaient faits pour le combat, pas pour être sur scène, pourtant, il m’avait suivi de son plein gré dans mon rêve et il me soutenait du mieux qu’il le pouvait. Peut-être que je m’inquiétais pour pas grand-chose en réalité…

Le dernier des participants termina son numéro et le jury se retira pour aller délibérer ce qui fit monter la pression d’un cran dans la salle. L’attente était plus qu’insoutenable. Mon cœur battait avec force et vitesse, si bien que j’avais l’impression qu’il luttait pour s’extirper de ma poitrine afin de se libérer de sa cage naturelle. N’ayant rien dans les mains, je me mis à jouer avec mes doigts pour tenter de vider le stress qui montait de plus en plus. Je n’observais même plus les autres candidats, je m’étais isolé moi-même, je n’avais plus conscience du monde qui m’entourait. Et enfin, la libération. Les trois femmes revinrent pour apporter le nom des quatre finalistes sans toutefois oublier de donner les points forts et faibles de chaque prestation. La coordinatrice danseuse au Goupix obtint la moyenne et passa la première manche, Virgil eut droit à la merveilleuse note de huit sur dix, autrement dit, une réelle performance pour une première fois, mais je n’étais pas mis de côté, puisque j’obtenais sept et une quatrième finaliste fut choisie avec son partenaire Otaria. La nouvelle me fit un choc. Mes émotions se mélangeaient et mes pensées tourbillonnaient au point que j’avais l’impression que j’allais perdre connaissance. Futeki attira mon attention et, en tournant la tête vers lui, je me rendis compte que son regard ainsi que son aura reflétaient son inquiétude si bien que je me forçais au calme pour retrouver mes esprits. Je rejoignis ma chambre d’un pas rapide, évitant ainsi ceux qui auraient pu me féliciter pour ma prestation et je finis par m’écrouler sur mon lit avant de remarquer que Futeki m’observait avec un air bien précis : il voulait savoir ce qu’il m’arrivait.

Je… je sais pas. Je suis content d’avoir réussi, je pensais pas que le jury allait aimer, mais… Futeki, qu’est-ce que je vais faire si je dois affronter Virgil ? Il est peut-être la seule personne à me comprendre et je veux… je veux devenir son ami !

Le louveteau bleu soupira avant de croiser les bras pour réfléchir. Je finis par baisser la tête en l’enfouissant dans mes mains, comme si le fait de me cacher allait me permettre de trouver une solution à mon problème. Quel idiot j’étais ! Je sentis un poids s’ajouter à mes côtés et je sus qu’il s’agissait de Futeki qui venait de monter sur le lit, sûrement pour me réconforter ou me dire quoi faire. Le poids me contourna étrangement avant d’être derrière moi et, lorsque je relevais la tête pour voir ce qu’il faisait, je reçus un coup puissant à l’arrière de la tête qui m’envoya faire une rencontre brutale avec le sol.

Non mais quel idiot ! Tu t’es battu pour y arriver et tu veux tout arrêter ?! Tu t’es trouvé un ami et tu veux qu’il gagne avec l’impression que tu ne t’es pas battu à fond ?! La victoire par forfait laisse un goût amer parce que ce n’est pas une victoire alors bats-toi ! Pour lui et pour toi !

Je clignais des yeux plus d’une fois avant de comprendre où voulait en venir mon starter. Il avait raison sur toute la ligne, je ne pouvais pas faire cet affront à Virgil, il fallait que je donne le meilleur de moi-même et que la victoire soit obtenue avec tous les mérites qui lui était dus. Revigoré par cette leçon de vie, je remerciais Futeki avant d’aller me coucher pour être en bonne condition le lendemain, mais cela ne m’empêchait pas de venir chercher du réconfort en restant près de mon starter qui était un peu une partie de ma conscience, celle qui me poussait à faire les choses.

Le lendemain, j’avais une sale tête et pour cause, malgré les conseils de Futeki, je n’avais pas réussi à dormir convenablement, sans cesse dérangé par mes pensées obscures. Le louveteau donnait l’impression de se retenir de ne pas me frapper pour m’apprendre à me faire autant de souci pour pas grand-chose à ses yeux. Arrivé aux coulisses, je remarquais que Virgil était arrivé lui aussi et à voir sa tête, il avait dû avoir une courte nuit lui également. Nous fûmes obligés de rester sur scène pour recevoir les applaudissements de la foule qui firent chaud au cœur, mais nous rajoutaient également du poids sur les épaules. La présentatrice fit son travail et une enveloppe lui fut apportée contenant les noms des deux premiers demi-finalistes, je croisai alors les doigts pour ne pas entendre nos deux noms… Roots Virgil contre Krane Abigail. Sauvé ! Nous n’allions pas nous combattre de suite et j’espérais qu’il allait gagner pour avoir une chance de me mesurer à lui, même si c’était ce que je redoutais aussi. Observant son match, je remarquais qu’il n’allait pas utiliser sa Trousselin pour ce combat, une bonne chose puisque son adversaire était une Goupix qui l’aurait enflammée rapidement. Son Furaiglon montra qu’il était le roi du ciel en restant dans les airs avant d’aveugler son adversaire à l’aide des projecteurs pour lui asséner un coup de bec bien puissant. Le pauvre renard de feu n’avait pas supporté le choc, c’était une victoire incontestable de Virgil qui lui permettait d’avoir sa place en finale. C’était donc à mon tour de montrer ce que je savais faire et, tandis que mon adversaire était déjà placé, je me tournais vers Virgil avec un air décidé pour lui dire de m’attendre en finale. Puis, je m’avançais sur scène, bien décidé à gagner moi aussi mon combat, il le fallait, comme l’avait dit Futeki installé en spectateur sûrement proche du coordinateur aux yeux flamboyants, pour lui mais aussi pour moi.

Kisaki, la scène te veut encore !

Arrivé sur scène, je ne ressentais plus de peur, comme si le fait de me retrouver sur scène me permettait de combattre mon appréhension des autres en me focalisant sur la prestation que j’allais donner. Les combats de la seconde manche étaient différents des habituels combats entre dresseurs, les coordinateurs devaient faire ressortir toute la beauté de leur Pokémon en plein milieu d’un affrontement. Même si Virgil avait gagné en un seul coup, son Furaiglon avait su montrer qu’il était un rapace, un oiseau attendant le bon moment pour plonger sur sa proie et de l’avoir d’un coup bien placé. La grâce et la majesté qui ressortaient de ce Pokémon étaient tout simplement sans comparaison, même Kisaki qui avait été une véritable reine de la voltige lors de la première manche ne pouvait pas l’atteindre sur ce terrain. Néanmoins, elle allait devoir faire de son mieux puisqu’il fallait que nous parvenions à gagner notre match pour les rejoindre en finale. Je voulais me battre contre Virgil sans craindre une séparation à la suite de ce concours… Mais pour le moment, un Otaria me barrait la route et il fallait que je m’en débarrasse au plus vite. L’avantage que j’avais était le même que Virgil : ayant des Pokémon de type vol nous pouvions compter sur leur agilité pour esquiver les attaques et attaquer dès qu’une ouverture se montrait. Néanmoins, j’avais un plus que le Furaiglon de Virgil n’avait pas, Kisaki était de type électrique, autrement dit, ses attaques étaient également basées sur la distance et non le corps à corps. Si bien qu’après avoir fait un tour de scène pour se montrer à tous les spectateurs, son pelage commençait à accueillir des étincelles qui promettaient une fin douloureuse pour le Pokémon aquatique. La foudre lui tomba littéralement dessus sans qu’il puisse esquiver ou contrer et ma petite princesse s’inclina pour montrer qu’elle était la seule à rester sous les projecteurs. Peut-être était-elle un peu trop narcissique, mais je ne pouvais qu’être fier d’elle, elle venait de remporter haut la main la demi-finale et nos prochains adversaires seraient nos compagnons de route.

Suite à cela, la présentatrice avertit qu’il y avait la pause déjeuner avant de débuter la finale. Les infirmières furent bien occupées pour soigner l’Otaria qui avait dû griller et même si Kisaki allait bénéficier de leurs examens, elle n’allait pas en avoir réellement besoin puisqu’elle n’avait pas du tout été touché. Après quelques minutes, je récupérais ma partenaire avant de retrouver Futeki qui avait observé le match et avait trouvé impressionnant la force de frappe de l’écureuil volant. Pourtant, je sentais qu’il était préoccupé par autre chose et dès qu’il croisa mon regard, je savais ce qu’il avait en tête : il s’inquiétait du match à venir. Je lui fis un signe de tête pour lui dire de nous éloigner afin d’en discuter, ce qui n’était pas évident puisque plusieurs personnes venaient me féliciter et me souhaiter bonne chance pour la suite. La retenue et le rouge sur mes joues devaient être tellement intenses que tous comprirent qu’ils ne devaient pas s’attarder et me laissèrent poursuivre mon chemin que je terminai au pas de course. Tout en mangeant tranquillement dans un coin, Futeki décida d’enclencher la conversation en me demandant si j’étais prêt pour la suite. C’était une excellente question… Étais-je prêt à combattre de toutes mes forces notre compagnon de voyage ? Pourrais-je combattre avec neutralité la seule personne qui semblait comprendre mon mal ? Je n’en savais trop rien et Futeki le voyait bien, mais il avait la présence d’esprit de ne rien rajouter pour éviter de m’embrouiller ou de me forcer dans mes choix. Quoi qu’il en soit, il avait raison sur un point, le forfait ne donnait pas lieu à une victoire glorieuse. Virgil ne me pardonnerait sans doute jamais de l’avoir laissé gagner si je me retenais, mais c’était difficile de prendre une décision pareille, sans compter que j’avais dit que j’étais prêt à y aller à fond, mais comment allais-je finalement réagir devant lui ?

L’heure arrivait, il fallait que je me dépêche de revenir au concours et cette fois-ci, je ne vis pas Virgil avant la montée du scène, tout simplement parce que nous étions montés chacun d’un côté et que nous devions nous faire face lors de cette finale pour gagner le ruban de Merya. Une fois sur scène, Virgil fut le premier à débuter cette confrontation, il me surprit en relevant la tête tout en sortant son partenaire avant de s’adresser à moi dans le plus grand des calmes. Il voulait me faire savoir qu’il se fichait du résultat, qu’il voulait juste poursuivre la route avec moi, que nous combattions ensemble ou l’un contre l’autre, que nous gagnerions tous les rubans nécessaires avant de se voir pour le Grand Festival où nous aurions grandi et serions alors de véritables rivaux, liés par une amitié sincère. Je gardai la tête baissée en le remerciant silencieusement, il avait libéré les chaînes qui me retenaient et il fallait que je lui avoue également ce que je pensais au fond de moi. Je voulais qu’il sache ce qu’il en était pour moi et que j’étais d’accord pour rester avec lui et nous amuser ensemble. Je lançai ma Pokéball en l’air à mon tour et Kisaki me rejoignit pour faire face à l’autre duo.

Je suis d’accord ! Donnons le meilleur de nous-mêmes et poursuivons ensuite notre route… mon ami.

Ces deux derniers mots résumaient sans doute le mieux ce que je pensais en ce moment même. Virgil n’était pas un inconnu dont je devais avoir peur, il ne faisait pas partie des autres personnes qui déclenchaient malgré eux ma peur profonde. Le coordinateur aux yeux flamboyants était un rival lors des concours, un compagnon sur les routes et un ami dans mon cœur. J’entendis Futeki qui me donnait raison et m’encourageait à combattre avec tout ce que j’avais. Il était temps de montrer ce que je savais faire et c’était Kisaki qui allait se lancer afin de tenter de gagner mon premier ruban.