Après une folle soirée à Merya, réveil difficile au milieu d'un champ d'herbe touffue. Heureusement, je ne suis pas à poil, bien que peu couvert dans l'ensemble. La ball d'Otakar est toujours là, ça pourrait donc être pire. Mais étalé là, dans l'herbe et incapable de me relever, j'avais fier allure. Les maux de têtes me tiraillés et les relents d'alcool qui me monte au nez, tout ça me file la nausée. Je reste donc paisiblement allongé, les yeux fermés, profitant de la délicate brise et de l'environnement reposant pour me remettre doucement.

Rien sous la main, pas de truc à grignoter et mon ventre criait famine. Je n'avais aucune idée de l'heure, quant au lieu... de si vaste pleine à proximité de Merya ne peuvent être que celles de Wëo. Simple supposition, j'étais quand même bien loin de mon point de départ. Je me demande vraiment ce que j'ai foutu hier soir pour atterrir ivre mort ici. Une mauvaise farce expliquerait tout, mais ne me plairait pas pour autant. Trop mal en point pour faire quelque chose, je décide de faire sortir Otakar de sa ball. Toujours en gueulant dés qu'il fout un pied dehors, il fait une entrée des plus remarquée, son cri résonne même quelques secondes dans l'étendues des vastes plaines. Une partie de chasse, ça l'intéresserait sûrement.

« Bon, ça te dis de trouver un truc à bouffer ? J'ai vraiment trop la dalle là. »

Dans un nouveau cri, il prends son élan vers le ciel et s'envole. Disparaît au loin, me laissant dépérir, seul, étendue comme une crotte au milieu de cet océan de verdure. Inapte à faire quoi que ce soit même, je n'étais pas au meilleur de ma forme. Après un repas, je serais d'attaque. Otakar et sa discrétion légendaire nous signalent rapidement son arrivée. Planant fièrement dans les airs, la gueule en sang et une chose inanimée qui y pend. Il savait y faire, plonger en piquet profitant de son poids pour atteindre sa cible plus rapidement. Puis déployer les ailes et planer à raz du sol, chopant la petite bête au passage. Une réussite, sept fois sur dix, un bon score quoi !

Heureusement, je me balade toujours avec mon zippo. Sans être particulièrement grand fumeur, sait-on jamais, de temps en temps. Et la preuve que c'est toujours utile. Rapidement, les braises deviennent flammes et l'amas de branches morte prend feu. Tandis que Otakar dévore sa partie crue, moi, je prends le temps de la cuir. Pendant qu'il se régale avec son bout Lockpin dégoulinant, je préfère me concentrer sur la cuisson de ma partie, histoire de ne pas me dégoûter. Les flammes, la fumées et l'odeur ont, apparemment, alerté un voisinage peu commode. Otakar s'alerte, il digérait pourtant tranquillement. Non, on ne peut pas venir me faire chier au moment où j'allais bouffer, qu'ils reviennent plus tard, j'ai la dalle moi.

J'empoigne mon repas de mes deux mains, et croquent à pleine dents ! Assis en tailleur, dévorant enfin ma viande chaude et fumante, voilà que débarque un invité surprise. Une grosse vache, plantée là, toutes mamelles au dehors. Otakar l'a regardait avec envie, c'est sûr que de cette taille, ça fait un repas de premier choix pour la bête. Donc, cet Ecrémeuh reste planté là et m'observe de ses yeux ronds et larmoyants. C'est pas carnivore, une vache ? Alors pourquoi elle est là ? Ça me gêne, je déteste qu'on me regarde manger. Et voir ses grosses mamelles pointer sous mon nez, je trouve ça dégoûtant.

« Fou moi l'camp, grosse vache ! »

Otakar fait de même, il se dresse sur ses pattes, déploie ses ailes, ouvre grand la gueule, et rugit très fort. Soufflant, déversant sa rage dans la tronche de miss mamelles pointues. J'étais à deux doigt de lui botter le cul moi-même, mais apparemment, le manque de courtoisie de notre accueil rend la grosse vache toute colère. Frappant sur le sol à coup de sabot, se dressant ensuite sur ses deux pattes, l'Ecremeuh se rapproche, balbutiant de gauche à droite. Courtes pattes, gros bedon, dégaine ridicule.

Derrière ce spectacle, je finis d'engloutir le repas et observe l'allure du pokémon. Otakar se retourne et me regarde, on devait penser la même chose sur cette bouboule, elle a l'air conne. Mais comme elle reste plantée là, à m'observer fixement.  Loin d'être un danger, cette chose me gênait, disgracieuse, difforme elle traînait là, sous mes yeux. Je décide de lancer l'offensive, Otakar s'élance, pousse un rugissement plus féroce que le précédent, faisant même voler au vent les oreilles de l'Ecremeuh. Si cette mise en garde ne lui suffit pas, hé bien, Otakar se chargera de lui faire mordre la poussière. On m'emmerde pas impunément quand je mange tranquille, jamais !

Otakar utilise Ultrason. niv.05 - vol/roche (PV:40 - ATQ:52 - ATQ SPE: 32 DEF:32 - DEF SPE: 37 - VIT: 65)

Otakar se dresse entre l'adversaire et moi, dressé sur ses deux battes, il déploie ses ailes et les agite, tout en gueulant sur l'Ecremeuh. S'il pouvait, il l'aurait sûrement déjà mangé. Mais devant se contenter d'un simple combat, il sort les crocs, uniquement pour l'intimider. Poussant un cri plus strident que la normale, la vache tente vainement de boucher ses énormes oreilles tombantes. Mais avec des sabots, pas facile n'est-ce pas. L'insupportable supplice des ondes finit de lui réduire le cerveau en compote, avant qu'elle ne reprenne ses esprits et charge violemment Otakar.

Fou de rage, celui-ci secoue vivement la tête, gesticule dans tous les sens. Apparemment, elle ne charge pas comme une mauviette et l'écraser de tout poids avait fait son effet. Bon, les sabots, pas pratique pour jouer la sourde oreille, mais bien efficace pour piétiner les autres, même les plus redoutables. Pourtant, il paraissait inconcevable - pour moi, comme pour lui - de se laisser marcher dessus par une simple grosse vache aux mamelles suintantes. Question de fierté, et puis nous on exècre la défaite. Je suis à peine remis d'une soirée catastrophique qui m'a fait atterrir ici, sans raison logique. Autrement dis, je n'étais pas d'humeur à me faire emmerder par le premier truc qui passe.

Otakar pourra toujours acquérir en force en combattant ce pokémon ci. Bon, ce n'était pas le plus valeureux des adversaires, mais ses coups frappait fort et bien. Plus redoutable que je ne le croyais, peut-être que cette paire de mamelles sur pattes est plus forte que d'apparence. Pour autant, nous restons confiant tous les deux. Finalement, on croit autant l'un que l'autre en la force qu'il dégage, tant agressivité ne pourrait être réduite au silence par une simple vache à lait. Otakar observe la dégaine de l'Ecremeuh, grogne un peu plus fort et la foudroie du regard. Ce forcené ne montre jamais ses faiblesses, par contre, la vache elle, tournicote dans tous les sens, l'esprits embrumés par l'ultrason apparemment.

Otakar utilise Cru-Aile. (Puiss. 60) niv.05 - vol/roche (PV:40 - ATQ:52 - ATQ SPE: 32 DEF:32 - DEF SPE: 37 - VIT: 65)

« Kewah!? Elle est où la caméra cachée !? »

Non sans stupeur de voir Otakar se faire écraser comme un simple moucheron par l'Ecremeuh, je lance un regard noir à cette grosse vache. Toujours sous l'emprise de l'ultrason, elle tournoie sur elle-même, sans réussir à mettre un sabot devant l'autre correctement. Plein de rancune, je laisse la vache s'éloigner, sûr et certain qu'une fois sur pied, Otakar la traquera . À la suite de quoi, elle finira dans nos assiettes, très certainement. Laissant passivement le pokémon s'éloigner, je me tourne vers Ptera, mal en point.

« Pour une vache à lait, elle t'as mis de sacrés coups quand même ! »

La remarque ne semble pas lui plaire, il souffle bruyamment, mais pousse un râle à peine audible. Et finalement, il s'assoupit là, au beau milieu de la plaine. Profitant de l'état inerte de ce monstre, je l'inspecte de tout les côtés. Beaucoup d'égratignures causées par les coups de sabots, mais surtout des blessures superflues. À croire qu'Otakar avait autant festoyé que moi hier, pour ne pas venir à bout d'une grosse vache difforme. Plutôt que de le laisser là, je le fais rentrer dans sa pokéball. Je pourrais me précipiter en direction de Merya, mais par où aller ? Sans Otakar pour me guider par les airs, je ne suis pas sûr de pouvoir m'y retrouver, c'était si... vaste ici.

Tant bien que mal je recherche brindilles, feuillages, baies et autre. Pour autant, je sais bien que lorsqu'il ouvrira ses grands yeux, ce n'est pas quelques baies qui vont le réconforter. Non, contraint est forcé de lui choper un bout de viande suffisamment gras, je pars sans certitude à la recherche du plus dodu des omnivores que je croiserais. De nous deux, c'était lui le chasseur. Et ses dizaines de crocs acérés valaient mieux que mon petit couteau de poche. Mais après cette défaite cuisante, ça pourrait au moins l'aider à retrouver ses forces. J'ai du perdre deux bonnes heures pour débusquer enfin, le repas du grand prédateur. Deux heures à arpenter silencieusement, en long en large et au travers ce foutu océan vert.

De retour à l'air libre, Otakar ne semble pas plus en forme que tout à l'heure, malheureusement. Je lui fais un feu, rien que pour lui. Je lui donne un peu d'eau et lui tend le butin inanimé. Forcé de le lui découper en petit morceau pour rendre la tâche moins pénible, je découpe le rattata en plusieurs morceaux, les faisant ensuite danser à deux centimètres de sa gueule. L'odeur du sang finit par le réveiller et il dévore jusqu'aux derniers bouts la chaire crue et saignante de ce pauvre petit rat qui aura eu le malheur de croiser mon chemin. Je m'installe à côté de lui, m'y adosse, une main poser sur son crâne dur. Je caresse la bête, grignotant quelques baies de ma main libre. Aussi confortable qu'un tronc d'arbre, Otakar repart de nouveaux dans ses songes. Je suis même étonné de voir comme ce combat contre l'Ecremeuh a pu l'épuiser. Et finalement, assis là, à ne rien faire d'autre qu'à apaiser le monstre, jusqu'à m'assoupir à mon tour.

Milos dorlote Otakar pour qu'il retrouve la forme !