Après la sieste improvisée en plein soleil au beau milieu des plaines, je me suis dis qu'il était plus judicieux de rentrer à Merya. Après avoir erré un moment, seul, sans l'aide d'Otakar pour me guider par delà les airs, j'ai réussi à retrouver mon chemin malgré tout. Sans pour autant comprendre comment je m'y étais pris pour m'y rendre et n'en avoir aucun souvenir. Vachement bizarre.

Aux portes de la ville, je presse le pas. Bien qu'Otakar soit enfermé dans sa pokéball, le K.O lamentablement infligé par l'Ecremeuh le laisse dans un état de faiblesse. Je dévale l'avenue et arrive rapidement au pied de l'immeuble. Je laisse Otakar s'affaler au beau milieu du salon, ronflant de façon interminable. De mon côté, je m'éclipse brièvement jusqu'à la boutique du coin, de quoi acheter suffisamment de ressource pour ne pas revivre cette galère une nouvelle fois. Les emplettes se font au pas de course, je croise même quelques voisins de l'immeuble et d'autres connaissances de la ville. Dix-sept heures en plein weekend, ça promet d'être festif ce soir encore.

« Hé Milos, tu viens chez l'gros Tom ce soir, grosse fiesta de prévue !? »
« Ouais, peut-être, file moi l'adresse, je verrais. »

Je le connais que de vue, il tient bien son surnom du "gros Tom", parce qu'on pourrait le faire rouler d'un bout à l'autre de l'avenue sans soucis. Je réceptionne le papier indiquant l'adresse, ça se passe à la sortie de la ville je crois. Je rentre donc vite fait à l'appartement, je me prépare un truc à manger. L'odeur qui se dégage de la cuisine ne pertube même pas Otakar qui dort toujours d'un sommeil de plomb. Décidément, il n'a tellement pas l'habitude de se battre qu'un K.O est carrément fatal. Bon, vu son état, mon pauvre Ptera, je ne suis pas sûr d'avoir le cœur à la fête. Après tout, c'est Otakar, ce n'est pas n'importe qui. Lui vaut bien que je laisse ma petite personne de côté. Je me plante avec mon plateau repas devant la télé, en caleçon et affalé dans le fauteuil. Bon, après la cuite d'hier, je peux bien m'offrir une soirée pépère de pantouflard. Je garde un œil sur Otakar qui ne semble pas perturbé pas les bruits de la télé, toujours étendu là, dormant au beau milieu du salon.

Achat de 1 Rappel (1.500P$) & 3 Chococoeurs (300P$) Dodo à l'appart, regen de Ptera.

Je n'aurais pas eu le loisir d'une belle et bien grasse matinée. Otakar me réveille par des hurlements sauvages, réclamant de quoi se nourrir. Sans prêter attention à l'heure, je me dirige en cuisine, encore dans le brouillard. Là, je sors un morceau de viande, des pièces de choix pour mon cher Otakar. Ce matin, ce sera du roucool. Un roucool entier en somme, et il aura encore la dalle d'ici quatre ou cinq heures. Je m'attarde en cuisine, décongèle la viande par une rapide cuisson, le tout suffisamment saignant pour les crocs affamés d'Otakar. Une fois son repas servis, je m'affale dans le canapé, allume la télé, et me réveille tranquillement.

Otakar, reput, digère étalé dans le salon tandis que je m'apprête à bouger. J'attends que quelques heures passent, avoir l'air d'un lève tôt à Merya, c'est un peu naze. L'immeuble dort encore, seul les escaliers grinçants résonnent entre ces murs. Otakar avait pris la voie aérienne, s'éclipsant directement par la fenêtre du salon. Un peu étroit, mais il y prend son envol sans problème. Balade à Merya avant midi, quasi désert. Presque, sauf ce couple, qui se balade, main dans la main, d'un pas tranquille. Il puait la richesse, et ça me plaisait. Otakar me rejoint, vol sur place à mes côtés.

« Tu les vois là-bas ? Bon, alors on fait comme d'hab. »

Comme d'habitude, c'est à dire ? Jouer la comédie, évidemment. Otakar interprète merveilleusement bien la bête en furie et moi, le sauveur téméraire. Le monstre avait retrouvé l'altitude qu'il chérie tant. D'un léger sifflement, la bête qui planait la haut fonce en direction du couple bourgeois. Une cible bien facile, mais après la journée d'hier, et celle qui m'attend, j'avais envie de simplicité. Surtout que ça n'en est pas moins efficace ! Alors il descend en trombe jusqu'à faire face aux amants effrayés. Leurs cris résonnent, l'homme qui hurle bien plus que sa bonne femme même. Je prends le temps de rire, de me marrer avant de sauter joyeusement, à leur rescousse. Profitant tout d'abord de la panique, j'en profite pour fourrer ma main dans le sac à main de la gente dame. J'y trouverais peut-être quelque chose d'intéressant, si ce n'est une belle liasse de billets. Et tout comme je l'ai maîtrisé lors de notre rencontre, je lui bondis sur le dos et y met tout mon poids. Otakar tombe lourdement au sol, fait mine de se débattre pendant que j'emprisonne sa gueule de mes deux mains. Il était coriace, on sent qu'il n'y met pas tout sa puissance, j'aurais sans doute fait un vol plané de quelques mètres en arrière. De leur côté, le couple niais est tétanisé à la vue du monstre enragé, je garde mon sérieux et me débat contre la bête, la calmant peu à peu.

Vol de la semaine.

Le couple s'en va, reconnaissant, me glissant un discret merci. Je me contente de leur rendre un grand sourire, faisant signe de la main. Une main dans le dos, contenant une jolie liasse de billets. Jackpot! Je glisse le tout dans mes poches, ni vu ni connu et une fois le couple suffisamment loin, félicite Otakar. Ce Ptera était un bien meilleur allié que j'aurais pu le croire le jour où je l'ai sorti de son sommeil. Je lui saute au cou et lui frotte la tête, il pousse un léger cri. Ouais, bizarre de me voir dorloter un Ptera, mais il aimait ça, quand l'occasion y était propice.

Il déploie fièrement les ailes et disparaît derrière les bâtiments. Sans doute partis choper un truc en vol, de quoi calmer son petit creux de début d'après-midi. Pendant ce temps, je retourne à l'appartement. La ville s'éveille doucement, l'immeuble également et moi, je prépare mes affaires pour une petite expédition à Tavas. Là-bas, comme souvent, j'y retrouve Sven. On fait nos petites affaires dans une bonne ambiance, c'est plutôt cool. Sven est un mec sympa, et plutôt marrant ! Je me penche à la fenêtre, siffle deux fois histoire qu'Otakar rapplique et on sera partis. Vu la distance, on y serait que dans la soirée, et encore, fallait passer par cette maudite forêt.

« Otakar ? On est partis, ramène toi ! »

Je ferme la fenêtre, verrouille la porte et dévale les escaliers avec un petit sac à dos contenant le strict minimum. Une fois au pied de l'immeuble, j’aperçois l'ombre d'Otakar planant dans le ciel, il me rejoint aussitôt. D'un pas tranquille, nous quittons la ville. Si seulement il voulait bien que je lui monte sur le dos... mais ça nécessite encore de l'entraînement, il a du mal à me porter sur une longue distance et peine à voler. Et je n'ai aucune envie de payer un taxi pour rejoindre une ville à quelques heures de marche. Un pas tranquille et modéré qui nous mènera bien assez vite à Tavas.

Terminé.