Après mon passage à l'arène Pokemon de Tavas et, après cette belle victoire de la part de Tsubasa, j'ai décidé de faire un tour dans ce petit patelin, enfin … J'en ai bien fait le tour, il n'y a strictement rien d'intéressant ici, pas même un café quoi ! C'est quoi ces types sérieux ?! Même si apparemment ils possèdent de la bonne herbe, qu'est-ce qu'ils vivent dans la merde quoi ! J'aurais pas aimé voir le jour ici et y vivre, franchement, ils font quoi leurs gosses pour s'occuper ? Et les ado ? J'imagine qu'ils se barrent faire leurs études ailleurs, après tout, il n'y a qu'une seule école ici.
N'ayant rien de mieux à faire, je retourne à l'auberge où j'ai déposé mes affaires et décide de me reposer un peu. Me laissant tomber dans le lit de fortune, je lâche un soupir, plaçant mes bras derrières ma tête, je ferme les yeux tandis que Kuroi grimpe sur le lit et vint se blottir contre moi. Je retire l'un de mes bras de sous ma tête pour pouvoir la poser sur le canidé et le caresse machinalement. Peu à peu, je me perd dans mes pensées, dans mes souvenirs, mes cauchemars …
Parfois je me demande comment à tout dérapé, pourquoi tout ceci a dû avoir lieux, pourquoi me suis-je interposé ce jour-là, ce premier jour où j'en ai eu marre de voir ce type persécuter constamment Mère après avoir bu le verre de trop, marre de le voir s'en prendre à nous, pauvres gosses innocents et sans défenses. Je me suis pourtant levé, laissant Mei blottit dans un coin et, je lui ai fais face, à ce connard qui ne mérite même plus le statut de père. Je me suis interposé, prenant le coup à la place de Mère, cela l'avait surpris, cela les a tous surpris. Moi, petit gringalet que j'étais, pleurnichard de première qui tentait tant bien que mal de cacher ses émotions pour pouvoir être fort et rassurer sa petite sœur. Putain, qu'est-ce que j'ai pu être con ce jour-là, si je n'avais rien fait de tel alors, Kuro ne serait pas mort et, Mei ne serait pas partie.
J'en veux à Mère, tellement, je lui en veux de m'avoir retiré ma sœur, celle qui me permettait de tenir le coup. Je me suis retrouvé seule, sans elle, sans Kuro, seul avec mes mauvaises fréquentations, mes mauvaises attitudes. Mon état empirant, passant le plus clair de mon temps à traîner avec les délinquants de la capital, buvant, fumant, je ne compte plus toutes les fois où je ne me souviens pas de ce qu'il s'est passé la veille, je ne compte plus toutes les fois où je me suis réveillé avec une personne inconnu à mes côtés. Est-ce de la faiblesse que de se laisser tomber dans l'alcool et les drogues ? En y repensant, lui aussi il est tombé dans l'alcool, lui aussi était tout autant pathétique, en fait, je lui ressemble et, c'est probablement pour cela que je ne cesse de le mépriser.
Sale gosse que je suis … Je refuse tout ce que Mère peut m'offrir, je refuse de faire la paix avec ce type, je refuse de prendre les responsabilités qui sont miennes malgré moi. Tout ce que j'ai envie, c'est de fuir, loin, très loin mais, je ne le peux, je ne peux pas fuir encore et encore, je ne peux pas la laisser, déjà que mon silence de ces derniers jours à du lui peser, je ne lui ai même pas dit au revoir quand je suis partie maintenant que j'y pense … Quel frère suis-je hein ? Je devrais probablement lui envoyer un message …
Le fil de mes tristes pensées s'interrompit alors que j'entends frappé à ma porte. Ouvrant les yeux, j'attrape mon holokit que j'avais lancé dans le lit et, regarde l'heure dessus. Chouette, je vais enfin pouvoir penser à autre chose ! Je me redresse d'un bond, Kuroi levant la tête, à moitié endormi et, se mit à bailler tout en s'étirant une patte avant de se remettre à dormir. J'ouvrit la porte tout en m'exclamant.
« C'est pas trop tard ! J'ai cru que j'allais devoir t'attendre encore longtemps ! »
Dis-je ironiquement, un large sourire sur mes lèvres.
À la réception du message de Kazuo, je dois avouer avoir eu un léger sourire s'affichant subtilement sur mon doux visage. Ou alors, à notre dernière rencontre, je l'ai fait bien trop fumer et il a oublié les détails de notre discussion. Ou sinon, sa mémoire est courte. Quoi qu'il en soit, son message m'a laissé penser qu'il me croyait habitant de Tavas. Jamais de la vie, pas chez les hippies. S'il a visité brièvement le patelin, il a du comprendre qu'en rien cette ville ne me correspond pour que j'y installe mon nid douillet. Mon nid est à Merya, là où ça picole partout et tout le temps, là où on s'amuse et où on est pas forcé de planquer notre si précieuse technologie. Quoi qu'il en soit, Kazuo a du comprendre sa boulette dans ma réponse. Heureusement, que je dois passer chez Sven pour notre petit trafic habituel.
Une fois devant sa petite baraque en taule, j'oubli toujours comme l'extérieur masque bien le confort qui règne à l'intérieur. Des coussins gigantesques, des couettes jonchent le sol de son salon, la pièce principale de sa maison. Un écran plat camouflé derrière un grand drap blanc, heureusement que je suis l'un des rares visiteurs à y entrer. Comme je ne vois pas Sven ni dans la cuisine, ni dans le salon, je l'appelle. Un bref son se fait entendre, alors je me dirige au sous-sol. Depuis la dernière fois, il a fait quelques modifications. Ses consoles sont désormais en bas, dans la cave. Il s'est aménagé une salle de jeu tellement géniale, autant dire qu'il passe sa vie dans sa cave maintenant. Groupe électrogène, plus deux autres en stock au cas où. Je ne comprends toujours pas pourquoi il vit ici, si ce n'est pour la proximité avec sa bonne copine Marijuana. Pourtant, dans mes souvenirs, ses plants envahissait la cave. Mais il m'annonce fièrement qu'il a fait installer une serre dans son petit jardin, et il y en a encore plus qu'avant. Que de changement en un an. Hypnotisé par son jeu, j'embarque ma dose et lui dépose l'argent sur son bureau. Je repasserais plus tard, peut-être.
En remontant, j'en profite pour me prendre un petit truc à grignoter. Je jette un bref coup d’œil au jardin dehors et à ses plantations. Pour un geek fainéant, il a plutôt la main verte ce sacré Sven.
***
Comme convenu dans le message, il est vingt heure et je suis devant l'auberge. Dire qu'il m'a renvoyé un message en soulignant la nécessité d'une ponctualité indiscutable. Et c'est moi le premier, à attendre, à la bonne heure. Comme les minutes passent, je me demande ce qu'il peut bien faire, sinon où est-il. Pas de message, pas d'appel donc pas d'imprévu. J'attends cinq bonnes minutes avant de me décider à entrer dans l'auberge afin de demander au gérant de m'indiquer la chambre de Kazuo. Heureusement que je me souviens de son nom, maintenant que j'ai révisé mon actualité sur les familles fondatrices d'Alcea. Je suis donc l'indication de l'aubergiste et monte quelques marches avant de finalement arriver devant sa porte. Poliment, je frappe à celle-ci et il m'ouvre assez vite.
« C'est pas trop tard ! J'ai cru que j'allais devoir t'attendre encore longtemps ! » « Tu vas rire, ça fait cinq minutes que je t'attends dehors, devant l'auberge. »
Non ce n'était pas spécialement marrant, comme anecdote. Pourtant, j'avais bien dis devant et lui, m'attend, pépère dans sa chambre et me fait remarquer, certes avec amusement, mon retard. Je lui affiche un sourire, malgré sa mémoire de magicarpe je suis plutôt content de le revoir. C'est quelqu'un de sympa, et j'avais aimé notre moment autour du feu sur les rives de Niniel. Mais quand même, il faut bien mettre les choses au clair, d'entrée !
« Bon, j'ai un peu soif ! Mais je me demande, comment t'as compris que j'habitais ce trou ? »
Il m'attendait devant l'auberge ? Je regarde ailleurs un instant en me remémorant notre appel. Putain le con c'est vrai ! Il m'avait filé rendez-vous devant ! Je me donne un coup sur le front face à mon idiotie.
« Oh merde c'est vrai on avait rendez-vous devant ! Désolé mec je me suis assoupi et j'ai complètement zappé ce détail, enfin rentre ! »
Une fois dans la chambre, Kuroi toujours sur le lit, il redressa la tête, observant l'arrivant un moment avant de se mettre à remuer joyeusement la queue, probablement a-t-il reconnu l'homme. Il descendit du lit pour aller le voir, émettant de petits couinements tout en restant collé à ses jambes. D'un sifflement, j'attire l'attention de mon Pokemon et lui ordonna de se casser plus loin afin de laisser Milos tranquille. Je me dirige vers le petit bureau de bois où se trouve mon sac et fouille dedans tout en répondant à mon compagnon du soir.
« J'ai beau vivre ici depuis toujours, j'arrive encore à m'y perdre avec tous ces patelins ! M'enfin, c'est un peu comme chez toi ici, non ? Du moins, pour ce qui est de l'herbe car pour le reste … Bref ! J'étais jamais venu ici en fait, j'en ai que entendu parler et mon dieu ! C'est vraiment de la merde cet endroit ! M'enfin j'suis aller faire un p'tit tour à l'arène du coup. Ah ! Ça y est ! »
Après m'être battu avec mon sac, je sors deux bouteilles, une de whisky et l'autre de vodka ! J'allais quand même pas partir de chez Mère sans prendre mes petites réserves ! Je pose les bouteilles sur le petit bureau et attrape deux verres en plastiques, bah ouais j'ai que ça dans mon sac ! Je pose les deux verres puis, demande à Milos ce qu'il souhaite entre les deux avant de nous servir à boire. Je reviens ensuite auprès de mon compagnon et lui tend son verre avant de m'installer de nouveau dans mon lit, lâchant un long soupir alors que mon derrière touche le matelas presque moelleux. Putain quand j'y pense, j'ai vraiment pensé ou rêvé de truc à la con tout à l'heure ! Passant ma main sur mon visage, je bu une longue gorgée de mon verre avant que Kuroi ne vienne se taper l'incruste sur mes genoux, au moins c'est rassurant … Il ne m'en veut pas tant que cela, tant mieux, ça me soulage un peu …
« Bon alors ! Quoi de neuf depuis tout ce temps hein ? T'as bien finit ton année ? »
Si j'ai bien compris, monsieur pionçait tranquille tandis que je me les gelais dehors à attendre comme un péquenaud. Bon, passons ce détail, j'ai vécu bien pire que cinq minutes par un temps froid. Puis, une fois à l'intérieur, j'ai droit à l'accueil enthousiaste du petit Zorua de Kazuo. Depuis le lit où il se dandine jusqu'à mes pieds où il continue sa fiesta, ce petit renard est quand même craquant. Je dois dire que sa réaction m'étonne, moi qui croyait qu'il avait plus accroché avec Ivana. En y pensant, j'espère que Sven ne fait pas de conneries avec eux, toutes mes pokéballs sont chez lui et il m'a déjà parlé de son envie passée d'être un dresseur. Nan, Sven est trop défoncé pour se rappeler que je lui ai laissé l'équipe, à coup sûr. Quoi qu'il en soit, je souris à ce petite renardeau pelucheux et lui offre quelques caresses avant que Kazuo ne le siffle histoire qu'il me laisse au moins faire quelques pas.
Après quoi, il fouille dans son sac tout en m'expliquant le pourquoi de la confusion. Il est clair que vivre à Tavas c'est plutôt la mort. Je comprends pas pourquoi Sven s'entête à rester ici, si ce n'est la vieille maison de ses parents et la proximité avec ses fournisseurs. Quoi qu'il en soit, à Tavas il y a au moins une arène et Kazuo m'apprend aussi simplement qu'il se l'est faite. Voilà un truc qui ne m'a jamais tenté, faire les arènes reste un peu une option de secours en cas de compte en banque à sec. Pour le moment, je vie trop bien pour m'embêter avec ça, cela dit, Kazuo s'est chargé du champion de cette ville de bouseux et tant mieux. Fêtons ça ! Aussi vite, il sort deux bouteilles pleines et prêtes à être vidée, Wisky et Vodka, moi qui aurais aimé une bonne Tequila !
« Allez. Fait péter le Wisky ! »
Lui dis-je en tendant mon verre, aussitôt rempli. Il boit une gorgée, accueil Kuroi sur ses genoux et me parle de la fin de l'année. Une fin d'année plutôt sympa dans ce bal de petit bourgeois où j'ai fais la rencontre d'un gars plutôt sympathique, et ranger en plus, apparemment pas trop à cheval sur les lois.
« J'suis passé à ce bal organisé à Talma, c'était sympa. Et toi, j'imagine qu'en tant qu'héritier t'as obligatoirement dû être présent quelque part, non ? »
Sinon il a eu le droit comme tout le monde à un trente et un décembre festif ? Ce que c'est agaçant de se souhaiter la bonne année entre inconnu sans trop savoir quelles merdes nous tomberont dessus dans l'année. Et puis claquer la bise à des crétins bourrés, pourquoi c'est devenu un inconditionnel d'une soirée de nouvel an ? Barbant. Personnellement, je file toujours avant l'heure fatidique. Ainsi, vingt minutes plus tard on a tranquillement échappé au désastre par le rituel du bédo de minuit. En tout cas, j'aime picoler pour le nouvel an, ça c'est un incontournable.
« Alors, qu'est-ce que tu viens faire à Tavas hormis rafler le badge du coin ? »
Parce que Tavas, c'est quand même la mort. Je crois même que le seul vrai coin sympa de ce trou c'est chez Sven, parce qu'il y a de tout niveau bouffe, de quoi occuper les gamers des plus débutants au plus fanatiques et de quoi fumer encore et encore jusqu'à oublier notre prénom. Cela dit, voyons comment se déroule la soirée. Boire un bon wisky et discuter des nouveautés de nos vies c'est une bonne entrée en matière.