J'étais resté quelques jours supplémentaires à Talma afin de pouvoir bien préparer mon départ de la ville, mais aussi dans l'espoir de retrouver Virgil dans cette immensité. Futeki avait été très clair là-dessus, il avait reconnu l'aura du coordinateur aux cheveux flamboyants lorsque je faisais ma prestation. À mes yeux, c'était une vérité, Virgil était arrivé en ville le jour du concours, mais il avait raté les dernières inscriptions et n'avait pas résisté à l'envie de voir ce qui allait s'y passer. Toutefois, je restais sans nouvelle de lui et cela m'attristait énormément. Plus j'y réfléchissais, plus je me disais que ce sentiment était trop puissant pour être vrai... Depuis que je l'avais rencontré, je voulais rester à ses côtés, faire la route ensemble, apprendre à le connaître, passer de bons moments ensemble. Je ne savais pas trop quoi en penser, les seules personnes humaines à m'approcher étaient mes parents et mon professeur particulier, je n'avais jamais réellement côtoyer quelqu'un de mon âge. La sensation que j'éprouvais était différente. Je n'osais pas m'approcher de peur qu'il me repousse, mais je n'étais pas capable de m'éloigner sans sentir une tristesse incompréhensible... Peut-être que je devrais demander à Futeki ce qu'il en pensait, surtout qu'il avait largement eu le temps d'étudier nos auras, il pourrait m'en apprendre plus. Pourtant, quelque chose en moi refusait cette option, j'avais l'impression que je devais trouver la réponse par moi-même, que je devais étudier mes sentiments pour mieux les comprendre, ensuite, j'aurais une vision plus claire de la chose.

D'ailleurs, en parlant de Futeki, ce dernier me boudait toujours du fait que je l'avais repris sèchement lors de sa rencontre avec Cyrille, le dresseur à la cicatrice étrange. Il avait voulu comprendre à tout prix le phénomène d'auras qu'il avait sous les yeux, mais il nous avait mis tous les deux mal à l'aise si bien que j'avais dû élever la voix pour l'interrompre et qu'il n'avait pas vraiment apprécié. C'était la première fois qu'il était aussi distant avec moi et je n'avais pas besoin de ma lecture d'aura pour savoir ce qu'il ressentait. Il était mon starter, il était considéré comme le chef de tous mes Pokémon, si jamais j'étais absent, c'était lui qui gérait les autres. Il était également mon égal, le fait que nous puissions nous comprendre d'un simple regard nous permettait d'avoir ce genre de relations, mais pour cette fois, j'étais passé au-dessus de cela pour l'arrêter avant qu'il aille trop loin. Du coup, il était toujours à mes côtés, mais il y avait comme une distance entre nous que je n'aimais pas du tout. Que faire si je perdais Futeki après Virgil ? Je n'aurais plus aucun repère... Il fallait que je m'explique avec lui et j'allais devoir réunir tout le courage nécessaire pour lui faire face une seconde fois afin de m'expliquer clairement. Néanmoins, j'avais pris plusieurs jours pour en être capable si bien que nous étions déjà arrivés à la forêt Lumna lorsque je décidai de discuter avec mon starter.

Ecoute Futeki, je sais que tu n'as pas apprécié la manière dont je t'ai parlé l'autre fois et je m'en excuse... mais tu ne vas pas faire comme ça tout au long de notre voyage quand même ?

Le loup bleu ne montra aucun signe me permettant de savoir qu'il m'avait entendu, il continua tout bonnement à me faire la tête sans même m'écouter alors que je regrettais ce que j'avais fait. Je ne voyais pas comment j'allais pouvoir me sortir d'une telle situation, il fallait que je me réconcilie avec lui, sinon je ne pourrais plus avancer. Après tout, il était ce qui m'avait permis d'avancer aussi loin, s'il n'avait pas été présent à mes côtés, je n'aurais jamais pu sortir de Bourg Limë et découvrir le monde de mes propres yeux, je n'aurais jamais pu faire la connaissance de mes autres Pokémon, ni de tout ceux que nous avions croisés, ni de Virgil d'ailleurs...

	Je... je regrette de m'être emporté, je ne voulais pas te blesser, je sais que tu as ta fierté et que tu veux toujours me permettre d'avancer, mais il fallait que je t'arrête à ce moment.
	C'est bon arrête... C'est de ma faute aussi, je n'ai pas pris en compte que la situation allait te gêner, j'ai agi impulsivement et je voulais à tout prix savoir ce qu'il cachait. C'est à moi de m'excuser, pas à toi en fin de compte.

Je lui souris de bon cœur en lui signifiant que je comprenais ses sentiments et que j'étais heureux de voir que nous reformions notre duo comme s'il ne s'était rien passé. Son aura ne m'avait jamais paru aussi réconfortante et, même si je savais qu'il arrivait à deux amis de se disputer, je préférais tout de même les bons moments comme celui-ci. Nous pûmes donc nous remettre en route pour notre prochaine destination et au passage, prendre quelques baies si jamais nous en découvrions, après tout, j'étais parvenu à réussir ma dernière recette.