La fraicheur du matin fit frissonner Kenshîro. Les rayons traversaient déjà la tente, l'enveloppant d'une douce lueur orangée. S'extirpant difficilement de son duvet, le jeune homme attrapa un pantalon qu'il enfila machinalement, puis il sortit maladroitement, s'empêtrant à demi dans les fils et le tissu. Bougonnant, il enfila une paire de bottes et se redressa pour jeter un coup d'œil alentours.
Duncan était déjà réveillé et jouait à quelques mètres de là. Lorsqu'il aperçu son maître, il revint vers le campement en toute hâte. Derrière lui, le Prismillon qui s'était posé dans les hautes herbes s'envola rapidement et les rejoignit à son tour. Kenshîro faillit repartir se cacher sous la tente... lorsqu'il se rappela qu'il avait capturé ce Pokemon la veille. Poussant un soupir soulagé, le garçon lorgna son nouveau compagnon qui gazouillait et voletait autour de Duncan. Le Pikachu semblait content de ce nouveau partenaire. Ce qui n'était pas exactement le cas de son maître...

"Magnifique." grogna Kenshîro. "Bon, voyons voir ce que tu vaux."
Ce disant, le jeune homme attrapa son Pokedex qu'il pointa dans la direction de l'insecte. Comme ce dernier tournait cette fois autour du rongeur, il lui fut plus facile de le viser, et l'appareil électronique put enfin afficher les informations du Pokemon.
"Tss, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de lui..." songea Kenshîro. S'il avait étudié Pikachu en sachant que ce dernier serait son starter, le jeune homme n'y connaissait goutte en Pokemon Insecte.

"Bon, tâchons déjà de te trouver un nom." décida le fils Kiriyama en haussant les épaules. "Je vais t'appeler Martel. Je crois qu'un type qui travaillait au manoir s'appelait comme ça."
Un ancien serviteur, certainement, mais Kenshîro ne parvenait pas à mettre un visage sur ce nom. Le nouvellement nommé parut réfléchir quelques instants, avant de tourner sur lui-même dans un pépiement de satisfaction. Le garçon grogna. Si cela lui plaisait, et bien tant mieux.

La nuit avait été sèche, et aucune perle de rosée ne glissait sur les feuilles qui les surplombaient, noyant dans l'œuf la vision théâtrale que se faisait le jeune homme d'un réveil au milieu de la nature. Déçu par ce manque de romantisme que lui offrait la plaine, le dresseur retourna sous sa tente pour y attraper une bouteille de lait et deux barres de céréales. Après réflexion, le garçon ramassa une troisième barre dans son sac. Il n'avait pas prévu de s'encombrer d'un deuxième Pokemon aussi tôt ; il n'y avait plus qu'à espérer que la route vers Frewick ne serait pas trop longue. Rien qu'à l'idée de devoir chasser ou cueillir son repas, Kenshîro en avait des brûlures d'estomac.
Il ressortit donc offrir le déjeuner à ses deux Pokemon, puis s'installa contre l'arbre dressé près de sa tente. Ainsi vêtu d'un simple jean et de bottes de marche, le garçon entama son repas, contemplant la plaine en essayant de chasser le poids qu'il avait sur le cœur.

C’était le matin du cinquième jour. Haneko venait de quitter la ville de Domuraille, ou plutôt la forteresse de bourge, comme il l’avait déjà appelé. Jamais dans sa chienne de vie il n’avait vu une ville constituée uniquement de gens de la haute société. Tous des chiens, où lui n’était qu’un bâtard. Pourquoi dont ce terme ? Et bien un chien reste un chien, même s’il n’a aucun pedigree. Dîtes-vous d’un chat qu’il n’en est pas un parce qu’on lui a coupé la queue ? Pour Haneko s’était un peu ça au final. Il était riche, malgré le fait que sa famille l’ait renié et bafoué. Mais dans tous les cas, il ne se considérait pas comme tel. Il était riche mais c’était un dresseur comme les autres. A Domuraille, tout le monde se croyait supérieur aux autres, ça l’énervait au plus haut point. Pour qui se prenaient-ils ces gens là ? Haneko en aurait bien tapé un ou deux sur son passage, style de rien, mais il ne voulait pas de rabaisser à tant de violences. Il n’y avait que Kaline qui avait apprécié la visite au final. Les lumières de la ville l’avait réellement impressionné, sans compté le grand centre commercial où Haneko avait acheté ses pierres d’évolution. D’ailleurs Kaline venait tout juste d’évoluer, elle était sublime avec cette fourrure rouge cendre et sa crinière beige. Elle était telle que Haneko l’avait toujours rêvé durant toutes ces années d’études à l’école de Ranger. Ensemble, ils avaient donc repris la route.

Marcher à pied était une chose, mais sa promener tranquillement sur le dos de Spirit était beaucoup mieux. Spirit n’était autre que Ponyta, un jeune cheval fougueux que le jeune homme avait réussit à attraper la veille après en avoir bien bavé pour le dompter. Autant il avait été impossible de grimper sur son dos la veille, autant ce jour là, Ponyta se laissait faire docilement. Haneko l’avait donc enfourché dans aucune difficulté. La capture avait le don de réduire l’état sauvage des Pokémon, encore une fois cette théorie était prouvée. D’un simple effet de voix, il mit Spirit au pas. Haneko sentait chaque mouvement de musculature de son Pokémon sous ses jambes, c’était plutôt agréable. Ponyta avait du moteur sous la capot pourrait-on dire par image. Kaline s’était callée de son mieux sur le garrot du Pokémon shiney. Ah oui, au cas où, Spirit était effectivement un shiney. Un magnifique cheval à la crinière bleu, juste whaou ! Et Haneko avait la chance d’en avoir un. Pour peu il en oublierait presque son premier Ponyta. Pour peu ... Non il ne pourrait jamais oublier ses anciens Pokémons. Mais ce n’était pas pourtant autant qu’il ne prendrait pas soin des nouveaux.

Les pas du cheval s’enchainèrent alors que le soleil commençait à monter doucement en cette matinée qui s’annonçait déjà chaude. Haneko était parti tôt dans l’espoir que al fraicheur matinale lui aurait fait du bien pour voyager, hélas elle n’avait été que trop courte ! Le pas devînt trot puis galops. Les foulées de Spirit étaient amples, souples et légères. Haneko avait l’impression de voler au milieu de la plaine. Les Pokémons sauvages fuyaient sur le passage de Spirit et cela l’amusait. Haneko ferma les yeux un instant laissant le vent le fouetter. Il fut alors surprit du changement d’allure de son cheval et failli bien en perdre l’équilibre. Il se rattrapa comme il pu, de même pour Kaline. Regardant ce qui avait distrait Spirit, il aperçu une tente un peu plus loin. Il y avait des Pokémons mais de là où il était il ne pouvait pas les distingue clairement. Un dresseur se trouvait là lui aussi, mais c’était flou, sans compté que le soleil était contre lui. Rassurant Spirit, Haneko et sa petite troupe prit la direction du campement, histoire de voir ce qui se passait. Non pas qu’il était du genre à aller vers les autres, loin de là ! Mais Haneko souhaitait faire une pause, surtout pour son cheval. Arrivant à hauteur de la tente, il salua l’inconnu, tout en restant sur sa monture. Mieux valait rester méfiant, s’il n’était pas le bienvenu au moins il pourrait partir vite.

Une légère brise s'était levée, forçant Kenshîro à enfiler une chemise. Ceci fait, le jeune homme observa sa montre. Haussant les épaules, il fouilla dans ses poches à la recherche de son paquet de cigarettes, en alluma une, puis revint vers l'arbre pour la fumer tranquillement. C'est à cet instant que Duncan vint se planter devant lui. Le dresseur baissa son œil sévère sur son Pikachu, mais le rongeur, comme à son habitude nullement impressionné, tendit sa patte vers le nord.
Kenshîro fixa la direction que son Pokemon lui indiquait pour apercevoir le beau cheval enveloppé d'une lueur azure qui se dirigeait vers eux. Sur le dos de la bête se trouvait un jeune homme. Un dresseur, très certainement, car il était accompagné d'une deuxième créature posée derrière l'encolure de l'étalon.

"Allons bon !" grinça le fils Kiriyama. "J'espère que ce type n'est pas là pour chercher les coups. Vous deux, tenez-vous prêts au cas où !"
Duncan bondit vers l'avant pour accueillir le visiteur, très vite suivi de Martel qui voletait et gazouillait en direction du nouveau venu sans faire mine de craindre les Pokemon inconnus. Kenshîro cria au Prismillon de ne pas s'éloigner, et ce dernier, après quelques tours sur lui-même, vint finalement attendre au-dessus de la tête du rongeur, envoyant de petits nuages de poussière scintillante en direction du groupe qui approchait.
Le jeune homme se tint quelques pas derrière ses Pokemon, méfiant. Sa cigarette toujours vissée au creux des lèvres, il attacha rapidement son cache-œil et sortit son Pokedex pour pointer tour à tour les deux créatures du visiteur. La boule de poils était un Pokemon évolué, ce qui inquiéta quelque peu le jeune homme. Mais le poulain était une bête assez courante dans cette zone. Il avait quelque fois vu des Ponyta dans les écuries de certaines grandes familles, mais il ne connaissait pas grand chose à cette espèce, si ce n'est son appartenance au type Feu. Celui-ci, par ailleurs, semblait malade ou tout du moins étrange ; ses flammes était palotes, bleutées.

Avec un léger soupir méprisant, Kenshîro referma son petit ordinateur et le glissa dans sa poche, accueillant l'autre dresseur d'un œil perçant, le dévisageant sans gêne.
"Je peux vous aider ?" grogna-t-il tout en mordillant sa cigarette, tandis que Duncan et Martel détaillaient avec intérêt et sans aucune animosité le beau cheval qui s'arrêta près d'eux.

Plus il avançait et mieux Haneko distinguait l’individu près de la tente, un dresseur Pokémon de toute évidence. Il suffisait de voir le Pikachu et l’insecte pour le comprendre. Oh bien sur, même un scientifique pouvait avoir ce type de Pokémon, mais ce qui conduisait l’intuition de Haneko c’était plutôt l’attitude et le look de son futur interlocuteur. Non pas qu’il soit mal habillé, là n’était pas la question, mais il dégageait une attitude de ... provocation ou alors d’un certain « je m’enfoutisme » dirait-on. La clope au bec visiblement, bref le genre de comportement qui faisait grimacer le ranger d’ordinaire. C’était le cas à cet instant d’ailleurs, mais il n’en montra rien. Tout ce qu’il voulait c’était pouvoir se repose près de l’arbre, à l’ombre. Son cheval avait chaud, Kaline aussi. Voyant que toute évidence l’étranger ne voulait pas l’attaquer, Haneko incita Ponyta à avancer, ce que le jeune étalon fit. Une fois à hauteur de l’inconnu, Haneko le regarda, après tout l’autre jeune homme ne se gênait pas pour en faire autant et Haneko n’était pas du genre à se laisser intimider.

Voyant qu’il n’avait rien à craindre il descendit de sa monture. Ponyta ne se fit pas prier pour brouter tranquillement de l’herbe, baissant la jolie encolure tout feu tout flamme. Déséquilibré par ce changement de position, Kaline la Pyroli failli bien tomber mais Haneko la rattrapa à temps. Elle avait prit du poids avec son évolution la mémère et la porter n’était plus aussi évident qu’avant. Il déposa donc son Pokémon au sol avec précaution et Pyroli resta collé contre le mollet de son dresseur. Elle était comme toujours extrêmement protectrice et possessive surtout. Elle observait les deux Pokémons dont le Pikachu à la mèche étrange. Heureusement, c’étaient des mâles. Comment Haneko le savait-il ? Si ça n’avait pas été le cas Pyroli aurait grogné, de jalousie.

Haneko fit un pas vers l’inconnu, lui tendant la main. Il ne pu s’empêcher de remarquer le bandeau à l’œil du dresseur, mais ne s’y attarda pas. Ce n’était pas très poli de le faire et il n’y fit pas allusion non plus. A quoi bon de toute façon ? Ca ne le regardait en rien.

- Bonjour, je me présente, Haneko Urakami. La route est encore longue vers Frewick, acceptez vous de partager l’ombre que vous offre cet arbre ? Mes Pokémons et moi-même avons besoin de souffler un peu.

Haneko ne bougea pas et Kaline non plus. Elle était pire qu’une statue et ne quittait pas Pikachu des yeux. Il ne lui avait fait pourtant, mais tant qu’elle ne se montrait pas agressive, Haneko ne lui disait rien, question d’habitude. Ponyta, restait à bonne distance de l’étranger. L’étalon ne faisait confiance à personne à part son dresseur. Ainsi, le cheval broutait à quelques mètres de là, mais on voyait clairement que son museau ne touchait pas toujours le sol, le cheval était prêt à prendre la fuite au moindre mouvement d’agression.

Kenshîro observa un instant la main qu'on lui tendait, cherchant à déterminer si la courtoisie était de mise. L'autre garçon ne semblait pas agressifs, et si la boule de poils furibonde qui se collait à ses jambes le mettait mal à l'aise, son deuxième Pokemon n'avait visiblement aucune intention belliqueuse. Après quelques secondes de réflexion, le fils Kiriyama haussa finalement les épaules et prit sa cigarette en main pour répondre plus poliment.

"La plaine est à tout le monde. De quel droit pourrai-je me permettre de vous refuser la fraîcheur de cette ombre ?"
Hésitant encore quelque peu, son œil ambré surveillant la Pyroli, Kenshîro se décida à sortir sa main libre de sa poche pour serrer celle du prénommé Haneko, offrant à ce dernier la preuve de sa tension à travers la moiteur de sa paume. Après un serrement bref, le jeune homme recula rapidement son bras, faisant mine de s'inquiéter de la position de son Pokedex dans sa poche pour essuyer discrètement la transpiration qui le trahissait. Hors de question d'afficher pareille faiblesse, surtout devant un inconnu ! Après tout, si l'autre était un dresseur, il n'avait rien à craindre. Les combats ne se faisaient qu'avec l'accord des deux partis, n'est-ce pas ?

Reculant pour laisser place à Haneko afin qu'il ait accès à l'ombre imposante de l'arbre, Kenshîro emplit à nouveau ses poumons de fumée, tâchant de se concentrer sur la nicotine qui détendait doucement ses muscles et facilitait l'apaisement de son esprit soupçonneux.
Pendant ce temps, Duncan s'était très légèrement approché de la Pyroli, gardant néanmoins plus d'un mètre de distance pour prévoir une possible retraite si la bête se prenait à l'attaquer. Voyant que son maître n'avait aucune intention belliqueuse, le Pikachu offrit un sourire avenant à la canidé. Il attrapa cependant Martel par une patte pour l'empêcher de trop s'approcher, car le Prismillon avait déjà commencé à tournoyer en direction de la boule de poils en projetant des paillettes en tous sens, poussant un pépiement joyeux.

"... Vous venez de Domuraille ?" demanda finalement Kenshîro, se forçant à entamer la conversation.
Il avait en horreur ce genre de dialogue insipide, tout juste bon à contenter la plèbe, mais il s'était promis d'essayer de se fondre dans la masse. S'obligeant donc à se mettre au niveau de ce garçon qui, assurément, ne faisait pas partie des grands noms de la région, le dresseur se tenait prêt à parler de la pluie et du beau temps.
Son regard fut à nouveau attiré par les flammes bleutés du Ponyta, et il en profita pour enchérir :
"Votre Pokemon va bien ? Cette couleur est... inhabituelle, me semble-t-il."
Faire semblant de s'intéresser à l'inintéressant... quelle plaie...

Les yeux de Kaline pétillaient d’une lueur étrange. Haneko ne l’avait jamais vu réagir comme cela. Lorsqu’elle n’était qu’un simple Evoli, Kaline était toujours très pot de colle, mais jamais elle ne s’interposait comme cela entre un Pokémon et son maître, encore moins si le Pokémon en question avait déjà un dresseur. Pikachu était un mâle bon sang, qu’avait-elle à réagir de la sorte ? La souris électrique avait surement sentit le malaise car elle retenait une des pattes du papillon un peu trop curieux.

Pendant ce temps, Haneko faisait la connaissance de l’inconnu. Inconnu était bien le terme car le Ranger ignorait toujours son nom et avait un sérieux doute sur le fait de le connaître un jour. Le dresseur avait l’air méfiant et légèrement « spécial ». Il était plutôt hautain, mais ça Haneko ne pouvait rien dire il l’était tout autant au moins. Noblesse oblige surement. Peu bavard, tout comme lui, l’étranger lui laissa une place à l’ombre que Haneko se ne fit pas prier pour occuper comme il se doit. L’ombre faisait du bien, sans toucher sa tête il sentait clairement une forte chaleur sur son crâne. A ce rythme là l’insolation pointerait son né d’ici l’après-midi. Le ranger ne prêta guère attention à la transpiration de son interlocuteur, l’ignorant presque même si ce n’était pas là le but. Parler était difficile pour lui s’il n’avait pas réelle raison de le faire. Or on était pile dedans ! Haneko allait devoir faire des efforts et il le savait. S’il était venu à Alcéa c’était aussi pour recommencer sa vie à zéro, alors pourquoi ne pas bousculer un peu ses habitudes ? Inconsciemment, c’était peut-être cela qui l’avait poussé à s’approcher de la tente. En temps normal, il aurait passé son chemin. Oui c’était bien cela, au fond l’ombre n’était qu’un prétexte qui tombait à point nommé. Assit au pied de l’arbre, Haneko s’appuya contre le tronc. Un peu de repos lui faisait du bien. Mine de rien monter à cheval faisait mal aux cuisses et au dos. Kaline vint se caler entre ses jambes, forçant d’ailleurs le passage pour s’y lover. Décidément son comportement avait quelque peu changé depuis son évolution du matin même. Haneko n’appréciait pas forcément cela, il ne voulait pas perdre le peu de contrôle qu’il avait sur son starter. Kaline devait se sentir plus imposante, plus forte, alors elle en profitait à son avantage, c’était la seule explication plausible pour le ranger.
Des pailettes projetées par Prismillon s’éparpillèrent dans les airs et vinrent pour certaines se poser sur le poil de Pyroli. La femelle se redressa et quitta son cocon. Elle ne semblait pas vouloir attaquer, mais Haneko préférait garder un œil sur elle. La regardant avancer en rampant limite au sol, il répondit à la question qu’on venait de lui poser.

- Oui je suis passée par cette ville pour faire le stock de pierre d’évolution. Kaline vient d’évoluer alors je la garde à l’œil. Et vous, que faites-vous sur cette plaine ?

Haneko espérait que l’inconnu ne prendrait pas mal cette question. Mais en tant que Ranger, il fallait avouer que le jeune homme décoiffé était quelque peu curieux de nature.
Kaline n’avait pas prêté attention à la petite pique verbale de son dresseur et continuait d’avancer vers Pikachu. Son nez aurait presque pu se coller contre le sien maintenant. Elle ne bougeait plus. C’était étrange de la voir évoluer ainsi. Auparavant Evoli aimait jouer avec TOUS les Pokémon. Mais là, elle se montrait méfiante voire limite chiante pour rester poli. Comment allait r »agir la souris ?
L’attention se rapporta alors sur Ponyta qui broutait toujours tranquillement dans son coin, ne s’occupant de personne. Haneko eu un petit sourire devant l’effet que faisait Spirit au dresseur. Cela lui faisait plaisir et le remplissait de fierté, il adorait son nouveau cheval bleu.

- Spirit est un Pokémon Chromatique, il est né comme ça. Ca change des poneys rouges feu on va dire, mais il va bien.

La tête en arrière, Haneko respirait profondément, profitant d’une brise d’air frais qui passait par là.

Kenshîro redoubla d'attention en voyant le manège de la Pyroli qui, bougeant comme un prédateur, s'était approché dangereusement de son Pikachu. Tant que cette bestiole ne s'intéressait pas à lui mais seulement à ses Pokemon, tout irait bien. Mais l'on n'était jamais trop prudent. Surtout si le dresseur du canidé avouait de lui-même qu'il n'était pas certain des réactions de son Pokemon à cause de sa récente évolution.

"Hm... Je suis parti de Domuraille hier." grogna-t-il finalement pour répondre à son interlocuteur, finissant par reporter son regard vers le garçon. "Je fais moi aussi route vers Frewick. J'ai quelques affaires à y mener."
Inutile d'en dire plus. Après tout, il ne savait pas exactement qui était Haneko, et ses propres intentions n'étaient pas à crier sur tous les toits.

"Vous êtes dresseur ?" demanda-t-il finalement d'un ton légèrement guindé qui se voulait nonchalant. Il écrasa sa cigarette dans un cendrier de poche qui se referma sur le mégot et fit un pas vers le garçon, observant du coin de l’œil l'équidé.
... Passerait-il pour un idiot s'il demandait ce qu'était un chromatique ? Ce n'était donc pas une maladie ? Il n'en savait foutre rien. Et à vrai dire, c'était le cadet de ses soucis. Mais à l'évocation de ce terme et de l'état de son cheval, l'autre garçon sembla plein de fierté. Intrigué, cette fois, Kenshîro laissa la question lui échapper :
"Un... Chromatique ? Qu'est-ce ?" interrogea-t-il en fronçant les sourcils.

Pendant ce temps, Duncan avait relâché Martel qui, comprenant que son compagnon ne voulait pas qu'il approche la Pyroli, s'était mis à voleter et gazouiller en direction de Ponyta. Lui tournant autour dans un ballet gracieux, le Prismillon observait le beau cheval de ses grands yeux brillants. Ses flammes avaient beau être dangereuses pour lui, le Pokemon ne pouvait s'empêcher de les dévorer du regard, hypnotisé par la beauté de cette lueur bleuté.
Le Pikachu, quant à lui, restait sur ses gardes en fixant la Pyroli qui s'était approchée droit dans les yeux. Elle n'était plus qu'à quelques centimètres de lui, à présent, tapie au sol, son museau pointé vers le sien. Duncan n'avait pas l'habitude des Pokemon sauvages, ni... des Pokemon dressés en général. Les seuls qu'il connaissait étaient ceux qui avaient été élevés avec lui, entraîné depuis leur naissance. Alors... comment fallait-il réagir face à un Pokemon qui ne cherchait ni la bagarre, ni le jeu ? Car il ignorait totalement ce que désirait le canidé.
L'absence de réaction de la part des humains conforta néanmoins le rongeur dans l'idée que le Pokemon Feu ne comptait pas l'attaquer. Bougeant lentement, le Pikachu se pencha un peu pour renifler l'odeur du Pokemon étranger. C'était bien une femelle, nouvellement évoluée. Le rongeur détailla le poil magnifique de la Pyroli, et finit par laisser reparaître son sourire. D'un petit cri semblable à un crépitement, il la salua, faisant briller ses joues d'une couleur or pour lui signifier qu'il n'avait pas d'intentions belliqueuses. Il ignorait si le canidé connaissait cette méthode de dialogue propre aux Pokemon électriques, mais ça ne coûtait rien d'essayer.

Pendant que les deux dresseurs parlaient de la pluie et du beau temps, Kaline en profitait pour faire connaissance avec Pikachu. Il avait ce « petit truc en plus » que n’avaient pas les autres Pokémons qu’elle avait pu rencontrer jusque là. Elle s’en rendait compte, elle agissait comme une parfaite idiote. Que devais penser son maître de tout cela ? Serait-il jaloux si elle s’amusait avec cette souris électrique ? Kaline n’avait jamais autant eu la boule au ventre de toute sa vie, et pourtant elle n’était plus un bébé depuis des lustres ! Mais là elle était totalement perdue. Jusqu’aujourd’hui Haneko avait été le seul homme de sa vie, celui qui avait prit soin d’elle après la mort de sa vieille éleveuse. Cela faisait des années qu’ils voyageaient ensembles, qu’elle dormait dans son lit … qu’elle l’aimait secrètement. Mais alors pourquoi ce Pikachu l’intriguait-il donc tant ? Etais-ce sa mèche rebelle ? D’un côté, Pikachu lui rappelait quelque peu Haneko, son propre dresseur. Lui non plus ne se coiffait pas. Il était un solitaire, un rebelle. Accroupi au sol, la tête sur ses pattes avant, elle fixait la souris et n’osait plus bouger. La posture aurait pu paraitre agressive ou alors inciter au jeu. Mais là impossible de savoir, Pyroli était trop bizarre. Son regard fixait celui de l’autre Pokémon attendant une quelconque réponse.

L’amour rend bête, c’est prouvé.

Pikachu vint alors sentir son odeur, déclenchant un frisson incontrôlé chez la femelle. Si elle n’était pas déjà de couleur rouge brique, cela se serait vu qu’elle était intimidée. Pikachu poussa alors un petit cri et ses joues changèrent lui aussi de couleur, pour devenir jaune avec des petites étincelles. Pyroli pencha la tête sur le côté. Elle avait déjà vu ce comportement autrefois, mais qu’est ce que c’était déjà ?! Pyroli se replongea alors dans son passé, plus précisément au centre d’élevage de sa précédente dresseuse peu avant sa mort. Elle avait hébergé des Elekids et ils avaient eu ce même système pour parler entre eux. Sa vieille dame de maitresse lui avait alors expliqué que les Pokémon électriques communiquaient entre eux par ce système. Oui, mais Kaline était de type feu elle ! N’ayant pas d’autres options, Kaline répondit par son propre langage, balançant sa queue de fourrure de contentement et se mit à aboyer deux fois, invitant son nouvel ami à jouer.

De son côté, Haneko continuait de discuter avec l’inconnu. Comme lui il allait vers Frewick. Haneko ne pu s’empêcher de se demander si ce n’était pas lui le voleur qu’il recherchait. Mais là on retrouvait bien sa parano naturelle. Il devait arrêter de soupçonner tout le monde et tout le temps. Haneko gardât donc le silence jusqu’à cette question sur son métier. Le fait que l’étranger utiliser le nom de dresseur en premier confirma les premiers doutes d’Haneko. Cela devait être un dresseur pour qu’il pense qu’un étrange puisse en être un aussi. Mais impossible à confirmer tant qu’il ne lui aurait pas retourné la question.

- Ranger et vous ?
… Je me dirige vers Frewick pour une affaire de cambriolage, vous en avez entendu parlez ?

Il n’avait rien à perdre à essayer et de toute façon il n’avait pas pu s’en empêcher. Si son interlocuteur avait quelque chose à voire là dedans il ne tarderait pas à s’en rendre compte, il avait l’œil et l’instinct pour ça. En attendant sa réponse, Haneko décida de lui expliquer ce qu’était un chromatique, cela ferait moins agressif et moins style flic qui enquête sur tout le monde.

- Les chromatiques, appelés aussi Shiney sont des Pokémons dont la couleur est différente à la naissance. Ils ne sont pas forcément plus forts pour autant, c’est juste une anomalie. On ignore d’où ça peut provenir. Ce n’est pas non plus parce que vous avez deux parents shiney que le petit sera comme eux. C’est aléatoire et les couleurs varient d’une espèce à l’autre. Ils restent néanmoins extrêmement rares. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir Spirit.

A ces mots, Spirit releva la tête pour voir ce qu’on lui voulait, il reconnaissait bien son nom. Puis voyant qu’Haneko n’insistait pas, il se remit à brouter, gardant néanmoins un œil sur le papillon qui volait au dessus de lui.

Duncan fut soulagé de voir que la Pyroli n'avait finalement aucune intention belliqueuse. Elle n'avait peut-être pas totalement compris son langage, mais le mouvement soudain de la queue touffue du canidé et ses jappements amicaux ne prêtaient pas à confusion. Ravi, le Pikachu émit un petit rire crépitant, puis caressa la tête de la jolie boule de poils.
Il sauta alors sur ses quatre pattes, invitant sa nouvelle amie à le suivre pour jouer. En quelques bonds, Duncan atteignit les hautes herbes qui entouraient le campement galopant à travers elles, toujours content de pouvoir se dégourdir les pattes. Il fit un petit cercle dans la végétation qui le dissimulait presque entièrement - ne laissant apparaître que sa queue en éclair - puis revint vers la Pyroli pour savoir si la course l'intéressait.

Kenshîro haussa les épaules à la question du ranger. Une affaire de cambriolage ? À vrai dire, il n'avait pas vraiment suivi les informations, dernièrement, trop occupé par son propre cas. Un simple vol n'avait aucun intérêt pour lui.
"Je suis dresseur." marmonna-t-il en ouvrant un bras pour désigner ses deux Pokémon, derrière lui. "Et je n'ai aucune idée concernant votre affaire. J'ai moi-même suffisamment de problèmes, veuillez m'en excuser."
D'un regard impérieux, il détailla à nouveau le garçon. Un ranger, hein ? Il ne les portait pas dans son cœur. Ces types se croyaient la justice incarnée, et pourtant, ils n'avaient pas levé le petit doigt pour attraper Ezechiel, trop intimidés qu'ils étaient à s'en prendre à la Secte. Ils avaient préféré laisser s'échapper un assassin que de se confronter à cette organisation méprisable, à quoi servaient-ils donc ?!
Gardant sa colère pour lui, bien que son œil ambré soit chargé de reproches silencieux, le dresseur tâcha de se concentrer sur les autres paroles du nommé Haneko.

"Je n'en ai jamais entendu parler. En clair c'est... une créature de collection ?" hasarda-t-il en observant brièvement le Ponyta occupé à brouter.
Un "shiny", hein ? Il essayerai de s'en souvenir. S'il tombait sur un tel Pokemon, il pourrait toujours le revendre, si ces derniers avaient réellement de la valeur.

Pendant ce temps, Martel s'était posé à quelques pas du beau cheval, et projetait timidement sa poudre vers lui pour observer les scintillement que cela produisait devant les flammes bleutés de la créature.

Kaline n’aurait pas pu rêver mieux, elle profitait pleinement des caresses de Pikachu sur sa crinière. Dieu, que c’était agréable ! Fermant les yeux, elle se laissa aller, penchan la tête sous la patte de la souris jaune. Puis soudain plus rien. Plus de contact. Pyroli redressa la tête et s’aperçu que Pikachu partait en courant. Mais où allait-il ? Kaline comprit aussitôt qu’il voulait jouer. Ca ne pouvait pas tomber mieux ! Pour Pikachu c’était difficile de se cacher, sa queue jaune et noire dépassait des hautes herbes, comme un télescope pour un sous marin. Kaline le suivait du regard et s’élança à sa poursuite. Lorsqu’elle le trouva un peu plus loin, elle n’hésita pas à lui sauter dessus pour rouler dans l’herbe avec lui, en faisant attention de ne pas l’écraser. Kaline se rendait compte qu’elle pesait plus lourde que lorsqu’elle n’était qu’un simple Evoli. Haneko lui avait fait remarquer.

Que faisait Haneko d’ailleurs ? Le Ranger n’avait pas bougé d’un poil ! Adossé à l’arbre, il écoutait d’une oreille distraite le dresseur. Visiblement il avait eu des ennuis mais n’en dit pas plus. Qu’est ce qui avait dont pu lui arriver ? Haneko hésita à lui poser mais question, mais c’était aussi son travail que de le faire. Si l’étranger avait besoin d’aide, alors le ranger serait là pour lui proposer ses services.

- Pardonnez mon indiscrétion, mais que vous est-il arrivé ?

Le Ranger avait longuement hésité sur la tournure de sa phrase, dans tous les cas cela risquait d’irriter le dresseur à côté de lui. Mais il ne lui laissait pas beaucoup le choix malheureusement. Il était plutôt sur la réserve, n’exprimant aucun sentiment si ce n’est de l’agacement. Haneko hésitait même à reprendre la route dans les minutes à venir. Il se sentait suffisamment reposé pour cela maintenant. Mais avant cela, il voulait une réponse à sa question. Peut-être que les problèmes du dresseur étaient purement personnels, familiaux … Ou alors il avait eu un conflit avec un dresseur et un Pokémon et dans ce cas Haneko pourrait l’aider. En tout cas l’allusion au fait de collectionner les shiney avait autrement irrité le jeune homme. Collectionner … un mot qu’il détestait. Comment pouvait-on considérer les Pokémon comme des objets, des trophées, de la marchandise ?

- Chacun son point de vu. Pour moi ils restent des Pokémon comme les autres.

Détournant la tête, Haneko se demandait s’il avait bien fait d’envisager d’aider ce dresseur. Mais son sens du devoir le rappela vite à l’ordre. Il n’avait pas à juger les autres, mais à veiller au bon respect de la loi et jusqu’à preuve du contraire, tout était en ordre ici. Il fut alors surprit de sentir un souffle chaud dans son cou. C’était Spirit qui s’était rapproché de lui sans qu’il s’en aperçoive. Le cheval lui donna un petit coup de naseau dans l’épaule, réclamant son affection, ce qui ne se fit pas attendre. Si Spirit était prêt à reprendre la route, ça serait un bon prétexte pour ne pas rester ici plus longtemps. Ce dresseur était certes non agressif, mais plutôt antipathique. Mais bon à ce niveau là, Haneko était mal placé pour dire quelque chose.

Duncan fut ravi que la Pyroli réponde à son appel. Très vite, ils se trouvèrent tous deux à courir et bondir dans les hautes herbes, se chassant l'un l'autre. L'expérience était rafraîchissante pour le rongeur qui ne s'était plus amusé avec un autre mammifère depuis ses plus jeunes années. Levant parfois la tête pour observer son maître et s'assurer qu'ils ne s'éloignaient pas trop du camp, la souris électrique se laissa donc aller pleinement au jeu.

De son côté, Martel avait fini par s'éloigner du cheval pour venir s'accrocher au dos de Kenshîro. Ce dernier poussa un cri de surprise et failli basculer en sentant le poids soudain de l'insecte dans son dos. Il se rattrapa cependant, frissonnant à l'idée de l'énorme bête qui s'accrochait à son vêtement en regardant par-dessus son épaule, mais s'efforça de calmer rapidement les battements de son cœur. Que dirait le ranger s'il le voyait si effrayé par son propre Pokemon ? Et en parlant de ranger... La question de ce dernier fit relever un œil prudent au dresseur. Ce qu'il prenait pour de l'outrecuidance n'était bien sûr qu'une curiosité tout à fait logique de la part d'un personnage sensé faire régner la loi. Malgré tout, Kenshîro se renfrogna, plissant son œil ambré pour faire comprendre à l'autre qu'il n’appréciait pas vraiment la question. Et pourtant...
Il avait beau mourir d'envie de remettre le garçon à sa place, la volonté de rabaisser ses méprisables confrères fut plus forte.

"Ce qui m'est arrivé ne semble pas vraiment vous concerner, puisque vos fiers collègues ont préféré mettre l'affaire en suspend." cracha-t-il. "Mon habitation incendiée, mon père assassiné, et pourtant le meurtrier a réussi à leur glisser entre les doigts. En plein Domuraille, et en plein jour ! Que dites-vous de cela ?"
Tout en parlant, Kenshîro commençait à entrevoir une lueur, un avantage dont il pourrait tirer parti. Un ranger... certainement Haneko avait-il plus de chances que lui de tomber sur des indices concernant Ezechiel. S'il parvenait à jouer avec suffisamment de finesse... il y avait quelque chance que cette rencontre débouche finalement sur une piste. Mais au vu de la retenue du personnage, le dresseur ne doutait pas que la tâche s'avérerait ardue. Il tenta néanmoins le tout pour le tout. Adoucissant sa voix, Kenshîro mima une soudaine lassitude, et ferma son œil unique comme si la peine l'envahissait soudain :

"J'ai perdu un œil dans cette attaque, mais ce n'est rien comparé à..."
Il secoua la tête dans un soupir, puis braqua à nouveau son regard fier sur Haneko, attendant de voir si le garçon se défendrait de la lâcheté de ses confrères, ou s'il chercherait à les défendre. En fonction de sa réaction, le fils Kiriyama réfléchissait déjà à la façon d'inclure sa proie dans la discussion. Il devait absolument se faire du ranger un allié !

Haneko ne se sentait plus à son aise près de ce camp. De toute évidence il n’était pas le bienvenu ici, on lui faisait sentir. Cela ne le dérangeait pas plus que ça au fond. Il se moquait pas mal des pensés des autres à son égard. Il en avait toujours été ainsi. En venant ici, Haneko avait eu la vague intuition, ou du moins l’espoir, qu’un nouveau départ était possible pour lui à Alcéa. Que, pourquoi pas, lui aussi pouvait changer son comportement, tout comme sa région. Il était donc là, assis au pied d’un arbre, en compagnie d’un dresseur dont il ignorait tout ou presque. Mais il avait fait l’effort de venir, de s’assoir, de rester, de parler. Rien que pour cela, il avait déjà accompli à exploit digne de ce nom. Il y a environ un mois de cela, jamais Haneko ne se serait permis ce genre de « familiarité ». Il n’était pas franchement du genre à aller vers les autres et aujourd’hui non plus d’ailleurs. Se faire des amis était vraiment difficile. Le ranger en venait à se demander comment faisait les autres personnes pour avoir des amis, faire des sorties, s’amuser … Il ignorait ce que pouvait être ce mode de vie, ni même si ça lui plairait. Etait-il seulement capable d’apprécier les choses simples de la vie ? Il en doutait fortement. Alors que son esprit se tourmentait sur ses questions de sociabilité, le dresseur se décida à en dire plus que lui. Haneko avait du quelque peu lui tirer les vers du nez, mais au moins il parlait avec son cœur à présent. Haneko oublia donc son idée de partir et l’écouta avec attention. Ces paroles le touchèrent en plein cœur. Il se reconnaissait un peu dans cette situation. Certes, on ne lui avait pas cramé sa maison, on l’en avait expulsé. Quant-à ses Pokémons … Bref.

En tout cas ce dresseur avait l’air d’avoir passé un sacré quart d’heure avec ce qui lui était arrivé. Haneko ne pouvait qu’imaginer sa peine, mais aisément voir sa rage. Ce dresseur voulait la peau du meurtrier et le ranger ne pouvait que le comprendre. Haneko n’encourageait jamais la violence, mais dans certain cas il la jugeait utile. Si ce dresseur ne ressentait pas cet excès de colère et de pulsions meurtrières, sans doute aurait-il sombré depuis longtemps dans la dépression. Oui, les mauvais sentiments poussent à avancer parfois, il en était convaincu. Regardant droit devant lui, l’air pensif, le jeune homme se mit à parler à son tour.

- Mes collègues … en voila un grand mot. Je vais peut-être vous décevoir ou vous surprendre, mais je ne suis pas du genre à faire équipe. Je suis un ranger solitaire.
Quant-aux autres, d’après ce que j’ai pu en apprendre de mon supérieur, ils courent de droite à gauche mais n’arrivent pas à gérer les catastrophes qui s’enchainent.
Je ne peux guère réparer le mal qui vous a été fait. Mais je peux vous aider. Contrairement aux autres, je peux me permettre de gérer plus d’une affaire à la fois. Si vous l’acceptez, alors il faudra m’en dire plus sur cette terrible journée. Connaissez-vous l’identité de celui qui a fait ça, à quoi il ressemble ?

Haneko n’avait aucune idée de la réaction que pouvait avoir le dresseur. Soit il décidait de lui taper sur la tête pour se défouler, soit il acceptait de coopérer. En tout cas, l’affaire intéressait beaucoup le jeune brun. Bon, la ville de Domuraille le branchait beaucoup moins mais cela ne l’étonnait pas du tout que cette ville soit prise pour cible. Une ville fortifiée, gardée et bourge … rien de tel pour frapper : là où on ne s’y attend pas. Pendant cet instant, Haneko ne pu s’empêcher de repenser à son père. Où était-il à présent ? L’avait-il retrouvé, lui voulait-il toujours du mal ? Sentant son petit malaise passager, Spirit vint se coucher près de son dresseur et posa sa tête sur les genoux de son dresseur. C’était la première fois que Ponyta partageait un tel moment d’intimité. Il n’était pas du genre câlin lui non plus, et pourtant il était là.

…

A quelques mètres de là, Kaline s’éclatait comme une petite folle. Elle en oubliait tout, jusqu’à Haneko pour une fois. D’habitude elle ne pouvait pas vivre séparée de lui plus de quelques minutes, sous peine de se mettre à hurler. Mais là tout de suite, elle se sentait bien. Pikachu était capable de veiller sur elle. Kaline se rendait compte qu’elle avait juste besoin de se sentir en sécurité. Oh bien sur, elle n’abandonnerait jamais son maître, elle l’aimait toujours. Mais elle devait admettre qu’il était un humain et elle, un Pokémon. Pikachu en revanche était de son espèce et il était fort mignon lui aussi. Parvenant à le rattraper, Kaline se laissa aller à sa bonne humeur et déposa un petit bisou tout mignon sur la joue de Pikachu.

Duncan était enchanté de voir sa nouvelle amie aussi radieuse, alors qu'elle lui avait paru si méfiante au premier abord. Ses longues heures de course de la veille se faisaient néanmoins sentir, et le rongeur dû bientôt ralentir l'allure. Se roulant dans l'herbe pour profiter de la fraîcheur bienvenue, le Pikachu s'ébroua, jeta un nouveau coup d’œil à Kenshîro qui n'avait pas bougé, puis se tourna, tout sourire, vers la Pyroli. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, à cet instant, la canidé vint déposer un gentil baiser, du bout du museau, juste sur sa joue. Ses deux taches orangées commencèrent aussitôt à crépiter, trahissant un rougissement que le Pokemon ne put maîtriser. Reculant d'un pas, hésitant, Duncan avait détourné le regard en posant une patte à l'endroit où la Pyroli l'avait touché. C'était bien la première fois qu'une femelle agissait de la sorte avec lui ! Et bien que ce geste ne soit pas habituel de son espèce, le rongeur n'avait aucun doute sur sa signification.
Se giflant intérieurement pour se forcer à se reprendre, la souris électrique finit par oser relever le museau, s'obligeant à croiser le regard de sa compagne de jeu. Il lui offrit un sourire timide, puis s'approcha doucement pour caresser à nouveau la douce fourrure de sa tête. Ce n'était qu'un geste d'affection tout simple que les humains réservaient le plus souvent à leur Pokemon, il le savait, mais Duncan n'était vraiment pas familier avec ce genre de relation.

Loin de s'intéresser aux problèmes sentimentaux de son rongeur, Kenshîro était toujours occupé à étudier le garçon qui lui faisait face. Son Ponyta s'était rapproché de lui, ce qui mettait le dresseur mal à l'aise car la créature semblait vouloir reprendre la route. Allait-elle se montrer agressive s'il s'employait à retenir son maître ? Mais le dénommé Haneko ne semblait pas vouloir le quitter tout de suite. Visiblement, sa petite histoire avait fait mouche, et semblait intéresser le ranger. Mieux encore, ce dernier semblait faire montre d'une certaine empathie envers sa "douleur". Il chercha à défendre les représentants de l'ordre, mais affirma néanmoins son détachement en précisant qu'il travaillait en solitaire.
Lorsqu'il proposa son aide, Kenshîro plissa son œil unique, se demandant s'il avait réellement la chance d'être tombé sur quelqu'un qui serait prêt à prendre quelques libertés avec la loi, ou si ce ranger inconnu cherchait à le piéger comme le futur assassin qu'il se considérait être.

"... Avant de vous donner quelque précision que ce soit", intervint le dresseur, "j'aimerais savoir ce que vous avez en tête. Je voudrais être sûr que vous comprenez bien mes intentions : un garçon que je connaissais s'en est pris à ma famille et à mes biens. Je cherche à le retrouver coûte que coûte pour le confronter et comprendre son geste, même si je ne peux l'accepter."
Il s'aventurait en terrain glissant, il le savait. Se faire passer pour une victime en quête de réponses n'était pas une mince affaire pour un être perclus de haine et de ressentiments, mais il n'avait pas le choix ; il lui fallait continuer à marcher sur des œufs pour s'emparer de toute aide possible. Il inspira profondément.

"Vous comprenez... que j'aimerai revoir l'assassin de mon père avant que les forces de l'ordre ne lui tombe dessus et ne le juge pour ce qu'il a accompli, n'est-ce pas ? Je sais que tout ceci est contraire à la loi, mais je m'y tiendrai, si personne ne m'en empêche."
Prendre une voix hésitante ne lui était pas bien difficile ; chaque fois qu'il repensait à cet événement, le jeune homme finissait par se sentir mal. Y réfléchir et en parler libérait en lui une foule de sentiments incertains qui se bousculaient à l'en faire souffrir. La colère, bienheureusement, gardait le dessus, mais Kenshîro ne pouvait ignorer la peur, la confusion et peut-être même... la tristesse qui grouillaient sans cesse au fond de lui. Tout cela ne lui plaisait pas. Pas du tout. Il ne voulait pas s'arrêter pour analyser tout cela. Depuis l'incident, il s'y était refusé. La colère, c'est tout ce qui comptait. Il pouvait s'appuyer sur elle comme sur une béquille, pour l'aider à avancer. Alors, il ne fallait penser à rien d'autre, rien d'autre que la vengeance. Hors de question de se laisser aller au risque de s'effondrer !

Haneko caressait machinalement la tête de son cheval bleu. Il ne l’avait pas depuis très longtemps, amis une certaine complicité s’était déjà instaurée entre eux. Spirit était très sensible aux états d’âmes des autres. Il s’en était rendu compte dès la première minute. Il avait comme un don d’empathie très puissant malgré son caractère fougueux et indépendant. Le cheval vint poser la tête sur les genoux de son dresseur et ferma les yeux. Il était en confiance. Haneko en fut d’autant plus surprit qu’ils n’étaient pas seuls tous les deux. Il y avait toujours cet étranger bizarre et antipathique. Si Spirit se laissait aller sans prêter attention au reste alors il n’y avait surement rien à craindre à rester ici. Haneko continua à passer sa main droite dans la crinière de feu du cheval. Ca ne le brulait toujours pas. Sa paume glissait sur l’encolure pour revenir à son point de départ afin de mieux repartir. Spirit profitait de ce moment de repos, prenant des forces pour les aventures à venir. Relevant la tête, le ranger chercha à savoir ce qu’il advenait de Kaline. Elle semblait bien s’amuser à présent. Son petit passage agressif était passé et elle s’amusait sagement avec le Pikachu. Finalement peut-être que Kaline n’avait pas si changer que cela au final ? Elle avait toujours aimé jouer avec les autres Pokémons du temps où elle était encore Evoli. Alors qu’il voyait au loin sa Pyroli s’allonger dans l’herbe sous les caresses de Pikachu, il se tourna de nouveau vers le dresseur qui venait de prendre la parole.

Il semblait cacher quelque chose ou avoir une idée précise en tête. Haneko tenta de se mettre à sa place. Que pouvait-il imaginer faire ? La vengeance, la compréhension de ce drame : c’étaient là deux éléments essentiels. Le dresseur voulait-il tuer le meurtrier de son père ? Pour Haneko ça ne faisait aucun doute, mais il espérait ne pas en arriver jusque là. Il devrait aider le dresseur à obtenir réparation sans pour autant que sa vie ne soit gâchée plus qu’elle ne l’était déjà. Il l’aiderait de son mieux, Haneko s’en fit la promesse. Mais pour cela, il fallait encore gagner la confiance du jeune homme borgne. Le Ranger écouta avec beaucoup d’attention dans un silence presque de mort. Il essayait de percevoir les différentes intonations pour y déceler un élément important, mais rien. Haneko était incapable de dire si ce que disait le dresseur était la vérité ou non. Mais par expérience, il ne se faisait guère d’illusion. Si les deux individus se retrouvaient face à face, le borgne l’attaquerait. Haneko ne répondit pas de suite, réfléchissant à chaque parole qu’il allait prononcer. C’était un terrain glissant que cette enquête qui l’attendait. Il ne pouvait pas se permettre de prendre le moindre risque. Le fixant droit dans les yeux, il se décida à ouvrir la bouche.

- Ne vous faites pas d’illusion, je sais exactement ce que vous pouvez ressentir et ce que vous voudriez voir se passer. En un sens, je l’ai vécu moi aussi. Je sais très bien ce qu’on a en tête dans ce genre de cas. Mais ça, je ne pourrais l’accepter.
Je comprends qu’il vaut mieux pour lui, comme pour vous, que je le retrouve en premier sinon ça risque de très mal finir. Si par bonheur j’ai cette chance, vous pourrez vous confronter à lui, par la parole uniquement. Je vous autoriserais à le voir avant son arrestation, mais si vous tentez de vous en prendre à lui, c’est à moi que vous aurez affaire. Je vous ne laisserai pas vous détruire, que ce soit bien clair. Si les termes de ce contrat vous convienne, alors nous pourrons progresser sur cette enquête ensemble.

Appuyant ses paroles, Haneko lui tendit une carte de visite comportant ses coordonnées pour le joindre à tout moment. Si le dresseur acceptait de tenir sa promesse, alors Haneko pourrait réellement commencer son travail et recueillir le témoignage du jeune homme. Tout débuterait de là. Sans uns description physique de la personne qu’il recherchait, impossible de la trouver !

Kenshîro eut un rictus mauvais, fixant à présent le ranger d'un regard froid et perçant. Il attrapa sans ménagement la carte que son interlocuteur lui tendait, y jeta un œil, avant d'accorder à nouveau son attention à Haneko.

"On ne vous la fait pas, on dirait." siffla-t-il entre ses dents, abandonnant tout faux semblants.
Ce petit jeu commençait à sévèrement l'irriter, et le ranger était visiblement suffisamment malin pour deviner toutes ses intentions malgré le soin qu'il avait pris à les dissimuler. Il en avait assez de jouer les demoiselles éplorées.
Le dresseur lâcha la cigarette qui s'était presque entièrement consumée entre ses doigts et l'écrasa avant de croiser les bras pour toiser Haneko avec sévérité.

"Très bien, je suis prêt à coopérer. Mais ne tentez pas de me doubler. Si vous comprenez ce que je cherche et la hargne que je suis capable de mettre à profit dans ma quête, vous comprendrez qu'emprisonner ma cible avant que j'ai pu la rencontrer ne m'arrêtera pas."
Il hésita quelques instants à continuer, chassa son Prismillon qui devenait décidément trop lourd sur ses épaules et reprit enfin :
"Je me nomme Kenshiro Kiriyama, mais vous n'auriez eu aucun mal à découvrir cette information maintenant que je vous ai parlé de l'incident. Le garçon que je recherche s'appelle Ézéchiel R'lyeh."
Une grimace de dégoût lui échappa alors qu'il prononçait ce nom, mais il enchaîna très vite sur la description de sa proie. Grand, cheveux pâles, yeux rouges, portant les marques de son abominable culte et accompagné de son inséparable épée vivante, le portrait ne devait pas laisser la moindre place à l'hésitation. Une chance qu'Ezechiel ait une apparence si peu commune ; avec l'aide d'un ranger, Kenshîro était sûr de parvenir à ses fins.

Le Pokémon Insecte s'était posé au sol pour observer son nouveau maître exposer froidement des faits qu'il ne comprenait pas. Jetant un coup d'oeil au Ponyta qui gardait ses distances, puis à son ami le rongeur qui était occupé à jouer avec la Pyroli, Martel soupira et voleta vers la tente. Il fouilla dans le sac encore ouvert du dresseur pour un récupérer un petit sachet de croquettes. Puis il vint se percher dans l'arbre contre lequel était assis Haneko pour continuer à suivre la scène qui se déroulait tout en grignotant.

[HRP : Toute mes excuses pour cette longue attente, je ne recommencerai plus éè
J'ai malheureusement été sujette à une soudaine perte de motivation quand j'ai du reprendre le boulot avec un peu plus d'hardeur. Encore désolée donc.]

A peine Haneko avait-il finit d’expliquer les conditions du contrat que le comportement de son interlocuteur changea du tout au tout. De juste hautain il passa à … méchant ? Le mot était un peu fort mais le ranger ne se sentait pas du tout apprécier. On se méfiait de lui, peut-être jusqu’au mépris et il détestait ça. Il se retint pourtant de tout commentaire ou juste brusque, même si ce fut difficile. Haneko aussi avait son propre caractère et pas des moindres ! Quant-à Spirit, le cheval de feu avait subitement relevé la tête en sentant une main étrangère proche de lui. Il s’était redressé mais pas relevé. Il fixait d’un regard noir l’inconnu. Spirit sentait une incroyable noirceur dans ce personnage, quelque chose de sombre moche et débordant de haine. Bref il ne l’aimait pas du tout mais ne le craignait pas pour autant. Spirit n’avait peur de rien ni de personne.

Haneko surveillait de près les mouvements du dresseur qui venait de reprendre la parole. Il avait l’air très déterminé et Haneko comprit très vite qu’il devait prendre ces menaces au sérieux. Mais il devait avouer qu’il craignait de ne pas être à la hauteur. Non pas pour attraper le tueur, ça c’était son métier, mais pour contrôler la rencontre entre les deux protagonistes. S’ils voulaient vraiment s’entretuer, le ranger aurait bien du mal à les en empêcher, il devrait organiser la rencontre avec beaucoup de soin. Une description de l’individu lui fut faite, il prit soin de la noter dans son carnet personnel. Ce nom de lui disait rien et le culte encore moins. Haneko devait avouer qu’il n’avait pas vraiment étudié l’histoire du continent avant de venir s’y installer. Grosse erreur visiblement. Il se promit de faire de plus amples recherches à ce sujet afin de mieux connaitre son ennemi. De peur de passer pour un sombre idiot, il ne révéla rien au dresseur de son ignorance au sujet du culte. Au fond ce n’était pas si important que cela, il finirait par s’en rendre compte au fil de son enquête.

- Qu’il en soit ainsi. La réussite de cette mission reposera sur une confiance mutuelle. Je ferais mon possible pour le trouver et vous l’amener. Si vous tombez sur lui avant moi, je vous demanderez juste de ne pas commettre de gestes irréparables.

Haneko se releva doucement, poussant Ponyta à en faire autant. Au loin Pyroli vit son maitre bouger et arrêta de jouer son Pikachu pour revenir près d’Haneko. C’était son rôle d’être près de lui-même si l’idée de quitter la souris électrique lui faisait du mal.

- Nous voila reposés et avec une mission en prime. Nous garderons contact au sujet de cette affaire régulièrement. Je pars en direction du port. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez, je serais là.

Haneko lui tendit la main dans l’espoir qu’il la serre. Il était temps pour lui de reprendre la route avec une mission enfin digne de sa petite personne. D’un bon agile, il grimpa sur le dos de Ponyta qui se cabra de fierté. Haneko resta sur sa monture sans trop de mal et appela Kaline à monter elle aussi. Mais Pyroli semblait hésiter. Elle se dirigea finalement vers Pikachu pour déposer un bisou sur la joue puis regagna la proximité de son dresseur. La route était encore longue

Pas de soucis, les rp de groupe c'est fait pour prendre son temps. Je ne vois pas grand chose à ajouter à ce rp. Je te donne la possibilité de m'arrêter si tu vois autre chose, sinon tu pourras évoquer mon départ.

Ne pas commettre de geste irréparable...
Kenshîro ne put empêcher un sourire moqueur de prendre place sur ses lèvres. Il pouvait compter là-dessus le ranger...
Il hocha cependant la tête, fixant de son regard de serpent le jeune homme qui se relevait. Ce dernier l'informa qu'il souhaitait garder un contact régulier. Le dresseur aurait bien rechigné, mais il n'avait pas vraiment le choix. Après tout, c'est bien ce qu'il avait recherché, n'est-ce pas ? Il fouilla donc dans une poche pour en sortir une petite carte et l'offrit à Haneko comme ce dernier l'avait fait auparavant. La carte était blanche, simple, portant son nom, son numéro d'holokit et son adresse mail en jolies lettres dorées. À l'arrière, l'adresse du manoir familial que l'on avait barré au feutre noir.

"J'espère que nous nous reverrons vite." s'efforça d'ajouter Kenshîro avec une apparente réticence. "Et ne vous inquiétez pas, je vous contacterai si je découvre quoique ce soit qui pourrait faire avancer votre enquête."
Haneko acquiesça et lui tendit la main. Le dresseur borgne eut un léger frisson et lança un regard condescendant à ce geste qu'on lui imposait. Mais il ne dit rien et serra sagement la paume du ranger, acceptant le protocole. Ceci fait, il recula pour regarder Haneko bondir sur sa monture, monture qui se cabra un court instant, surprenant légèrement le dresseur qui fit un pas de plus en arrière. Il sentit son Pikachu attendre à côté de lui, observant lui aussi le départ du ranger. La Pyroli de ce dernier sembla hésiter à rejoindre son maître. Sous le regard surpris de Kenshîro, elle revint vers eux en quelques bonds, déposa un... baiser ?! sur la joue de Duncan, avant de se détourner pour grimper sur le cheval de feu.

Tandis que la monture et son équipage s'éloignaient, le jeune homme borgne jeta un regard noir à son rongeur. Mais ce dernier n'en avait que faire, visiblement ravi de cette charmante rencontre. Le Pikachu fit un geste d'adieu en direction du trio puis, sans un regard pour son maître, revint vers leur petit camp pour commencer à ranger ce qui traînait.
Kenshîro eut un soupir méprisant. Peut-être avait-il fait avancer les choses, peut-être les avait-il envenimées. Il le saurait bien tôt au tard. Tandis qu'il se dirigeait lui aussi vers sa tente pour la démonter, son regard se posa sur Martel, son nouveau Prismillon. Ce dernier, toujours posé plus loin, lui rendit son regard et s'illumina subitement. Visiblement ravi qu'on s'intéresse de nouveau à lui, l'insecte décolla dans une nuée de poudre scintillante pour venir danser gaiement en gazouillant autour de l'humain, arrachant à ce dernier un flot de juron alors qu'il tentait de rassembler toutes ses affaires au milieu de ce flot d'amour à sens unique.

[clôture du sujet, merci Haneko !]