Tous les habitants de Bourg Limë connaissaient cette rumeur comme quoi ils descendraient d’humains capables de comprendre les Pokémon, qu’ils étaient si étroitement liés à eux qu’ils pouvaient aller jusqu’à communiquer ensemble. Étant un habitant de ce village, je connaissais également ce que je pensais être un conte pour enfants, une vieille légende liée au lieu dans lequel j’étais né et j’habitais. Toutefois, si je vous disais que je pouvais comprendre celui qui était devenu mon compagnon de toujours, que diriez-vous ? Que je racontais n’importe quoi pour attirer l’attention ? Que je me servais de cette histoire pour essayer de paraître plus important que les autres ? Il n’en était pourtant rien, j’étais réellement ainsi et voilà comment je le découvris.


C’était le début d’un mois de juin qui s’annonçait chaleureux, le ciel était d’un bleu magnifique, les quelques nuages présents jouaient ensemble dans cette étendue infinie et une brise légère et rafraichissante se levait pour le plus grand bonheur de la personne qui admirait le paysage sous ses yeux. Assise dans un fauteuil à bascule où elle avait été forcée de s’installer par son mari, elle caressait le ventre proéminent qui était le sien. Son enfant n’allait pas tarder à vouloir sortir de son cocon protecteur et elle sentait qu’il était de plus en plus actif, bien qu’il était bien moins remuant que prévu. Les mères l’avaient avertie que plus elle allait arriver à terme, plus elle allait sentir des coups internes, mais son enfant avait l’air de vouloir rester tranquille, lui signalant sa présence que rarement. Elle ignorait son sexe, puisqu’elle avait préféré le connaître juste le moment venu, au grand malheur de son mari qui était pressé de savoir. Alors qu’elle était en train de rêvasser, elle sentit qu’elle perdait les eaux et alerta son mari qui accourut au plus vite pour l’emmener d’urgence en maternité. Cinq heures plus tard, elle était assise en train d’observer le nouveau né qui allait découvrir le monde dans lequel il venait de voir le jour, le père s’était approché d’eux et se demandait alors comment ils allaient l’appeler si bien qu’ils finirent par tomber d’accord sur un choix commun. La famille Hassan venait de gagner un nouveau membre : Hiroi.

En grandissant, Hiroi se forgea un caractère calme et réservé, trop même, il était incapable d’aller vers les autres et d’avoir une vie sociale. D’abord inquiet, ses parents finirent par lui trouver une occupation pour occuper ses journées, comme tout enfant de son âge, il était passionné par les Pokémon et s’était mis à étudier avec sérieux tout ce qu’il pouvait apprendre sur eux. Néanmoins, l’école était un enfer pour lui, être entouré de tant de personnes inconnues lui était totalement impossible, sans compter que tous ceux qui auraient pu devenir ses camarades de classe allaient se jeter sur lui pour apprendre à le connaître : une situation qu’il ne pouvait même pas imaginer. Il prit alors des cours par correspondance afin d’apprendre tout ce qu’il avait besoin de savoir, son sérieux et son acharnement étaient très appréciés par son professeur particulier qui voyait en lui de très bonnes capacités. À côté de ses cours, Hiroi poursuivait son apprentissage seul ou avec l’aide de ses parents qui voulaient suivre ses progrès. Au final, il avait développé ce côté indépendant qui lui permettait de gagner en maturité et de montrer à ses parents qu’ils n’avaient pas à s’en faire pour lui, il était capable de se débrouiller seul et il avait de plus en plus de liberté. Pour le récompenser de son dur labeur, ses parents et son professeur avaient organisé une visite au laboratoire. Tous les élèves y allaient dans le cadre scolaire, mais n’étant pas affilié au système, Hiroi passait à côté néanmoins il allait quand même pouvoir profiter d’une journée pour accroître davantage ses connaissances sur le sujet.

Alors que le soleil venait de se lever, Hiroi était déjà prêt à partir et il attendait sagement que l’heure vienne non sans montrer des signes flagrants d’impatience. Il avait déjà beaucoup appris de ces créatures, mais il ne les avait jamais vues en vrai. Le trajet lui avait paru durer une éternité alors qu’il ne s’agissait que de vingt petites minutes, durée durant laquelle il n’arrêtait pas de se rappeler tout ce qu’il savait. Une fois arrivé, il fut le premier à sortir de la voiture afin d’observer le terrain qui lui faisait face, rempli de Pokémon en tout genre. Le professeur vint à leur rencontre et se chargea de faire le guide tout en répondant à toutes les questions de l’enfant, à son plus grand bonheur. Puis, vint enfin le moment où il put gambader seul sur le terrain pour aller à la rencontre des Pokémon présents dans la propriété, lui qui avait tant de mal à approcher d‘autres personnes, il n‘hésitait pas une seule seconde à aller à leur rencontre. Il finit par suivre un groupe de Capumain qui l’emmenaient au cœur de la forêt tout en ricanant avant de forcer l’allure. Hiroi avait beau courir, il se faisait distancer et il finit par remarquer quelque chose, à force de tourner en rond, il était totalement perdu.

Il se rendait compte qu’il n’aurait jamais dû suivre ces Pokémon aussi loin, il aurait dû se contenter de ceux qui étaient à sa portée. Il cherchait à se repérer dans cette forêt, mais il était incapable de trouver son chemin dans cette étendue d’arbres se ressemblant tous autant les uns que les autres. Il avait beau tourner la tête pour tenter de voir quelque chose qui pourrait lui permettre de se repérer, c’était tout bonnement impossible, il n’y avait que du vert et du marron qui dansaient devant ses yeux. Il se recroquevillait sur moi-même en s’adossant à un arbre tout en essayant de ne pas perdre son sang-froid, mais la peur de rester perdu ne faisait que monter en lui. La situation était désespérée, sans compter qu’il voyait le soleil se coucher signifiant que la nuit allait rendre les recherches encore plus complexes. Sans même s’en rendre compte, les larmes commencèrent à couler sur ses joues, signe qu’il était en train d’abandonner tout espoir, il n’était pas le plus peureux des enfants, mais il était loin d’être le plus courageux. L’obscurité gagnait du terrain petit à petit, faisant croître l’appréhension qui le dévorait de l’intérieur, il discernait de moins en moins ce qui l’entourait, de toute façon à quoi bon le reconnaître, tout se ressemblait dans une forêt.

Un bruissement de feuilles attira soudainement son attention, le faisant même sursauter vu que le silence régnait s’il mettait de côté ses sanglots. Il tourna la tête pour voir ce qui se passait tout en retenant sa respiration pour ne pas attirer l’attention sur lui. Il ne savait pas ce qui allait sortir de là, mais il espérait de tout cœur que ce soit quelqu’un qui pourrait l’aider. Une forme jaillit alors de l’ombre et vint se placer devant lui sans aucune crainte tandis qu’il était terrifié à l’idée d’être nez à nez avec une bête féroce. Toutefois, la créature ne fit rien d’autre, elle se contentait de l’observer et il décida de faire de même. Elle était bleue, devait faire la moitié de sa taille, avait des oreilles pointues et une tache noire sur les yeux qui rappelait la forme d’un bandeau. Sa queue oscillait tandis que ses yeux rouges le détaillaient du regard alors qu’il n’osait plus faire le moindre geste, ni même crier pour lui faire peur. Mais le plus étonnant restait sans doute ce qu’il percevait de ce Pokémon, il voyait une sorte de lumière bleutée tout autour de lui, comme s’il produisait cette lueur reposante. Le Pokémon s’approcha alors de lui tandis qu’il restait figé dans sa position, puis il lui tendit une de ses pattes comme s’il l’invitait à le suivre. Perplexe, il se leva et hésita à lui prendre la patte avant de finalement lui faire confiance, après tout, s’il avait voulu l’attaquer, il l’aurait fait dès le début, il n’aurait pas attendu ainsi. Il ne savait pas pourquoi, mais sa présence le réconfortait, il avait l’impression qu’il savait ce qu’il pensait, qu’il n’était là que parce qu’il l’avait senti triste et qu’il voulait l’aider. Tout en se laissant guider, il ne pouvait pas s’empêcher de le fixer et de sentir des émotions qui n’étaient pas les siennes, il ne comprenait pas grand-chose à tout ceci, mais il avait une certitude, ils étaient liés d’une manière ou d’une autre.

Il finit par s’arrêter et faire demi-tour très rapidement avant qu’une lumière n’éblouisse le garçon aux yeux bleus et que des cris se fassent entendre comme quoi ils l’avaient retrouvé. Tandis qu’un homme était en train de le ramener vers le laboratoire pour retrouver ses parents, il regarda en arrière pour tenter d’apercevoir en vain ce Pokémon afin de le remercier de son aide. Sans lui, il aurait été incapable de retrouver le chemin du laboratoire et il aurait sûrement fini par s’endormir là où il était resté en train de se lamenter. Le professeur lui demanda ce qui s’était passé et il lui expliqua tout en détails, sa poursuite des Pokémons dans la forêt, le fait qu’il les avait perdus de vue si bien qu’il s’était perdu à son tour, sa rencontre avec ce Pokémon qu’il ne connaissait pas. Le propriétaire des lieux fut plus intrigué par la dernière partie et l’enfant dut lui détailler avec précision le Pokémon avant d’affirmer qu’il s’agissait d’un Riolu et qu’il n’était pas à lui. Ainsi donc, il avait été sauvé par un Pokémon sauvage, du moins, pas si sauvage qu’il n’y paraissait; il était encore bouleversé par ce lien étrange qu’il avait ressenti entre eux deux, comme s’ils lisaient les émotions de l’autre. En lui naissait l’idée folle de retourner là-bas pour le revoir et vérifier si cette sensation était réelle ou non et surtout de la comprendre.

Plusieurs semaines passèrent après l’épisode du laboratoire. D’après ses parents, le professeur avait décidé de faire des recherches pour retrouver le Riolu qu’il avait rencontré, mais il n’avait aucune piste et l’enfant était de plus en plus tenté d’aller vérifier par lui-même. La nuit, il avait parfois l’impression que les yeux de Riolu étaient fixés sur lui, il arrivait à se rappeler de tous les détails, surtout de cette lueur qui l’entourait. Plus il y pensait, plus il parvenait à voir ce Pokémon à chaque instant de sa vie, comme si ce dernier l’espionnait mais dès qu’il clignait des yeux, la créature bleue disparaissait de son champ de vision. Était-il en train de rêver ? Il se posait réellement la question, il ne parvenait pas à savoir si ces visions étaient le fruit de ses envies dissimulées ou la réalité pure et simple si bien que Riolu n’était pas loin de lui. L’impression de sa présence ne faisait que se renforcer chez le jeune garçon, mais il avait tellement peur du monde extérieur, des gens qu’il pourrait croiser, qu’il était incapable de sortir vérifier s’il avait raison. Il avait toujours besoin de ses parents pour approcher des gens qu’ils ne connaissaient pas, mais il ne voulait pas non plus les déranger pour quelque chose d’aussi futile. Comment certifier la présence du Riolu dans ce cas ? Si seulement il était plus courageux, il pourrait braver sa peur pour retourner au laboratoire par ses propres moyens et retrouver le Pokémon qui hantait son esprit. Hiroi tentait de trouver des alternatives afin de contourner sa phobie, mais rien n’y faisait, il était obligé de demander l’aide de ses parents ou aller seul vers sa destination en priant qu’il ne croiserait personne. Alors qu’il désespérait à trouver un moyen, il était loin de se douter que le destin allait encore lui jouer un tour.

En plein de la nuit, il se réveilla soudainement et il chercha à trouver ce qui avait troublé son sommeil quand il se rendit compte qu’il était présent. Il le savait, il le sentait. Hiroi se précipita dans le jardin tandis que ses parents se demandaient ce qui lui arrivait vu le boucan qu’il avait fait, mais il était déjà dans le jardin et il se trouvait devant personne, pourtant il en était convaincu et il ne se trompait pas. Ses parents arrivèrent dans son dos alors que le Pokémon bleu faisait son apparition, les défiant du regard. Le jeune garçon fut étonné de voir tant de détermination dans le regard de Riolu et il décida de le présenter à ses parents pour détendre l’atmosphère avant de les convaincre de le laisser le garder. Le bipède de couleur bleue devint ainsi le starter de Hiroi mais également son meilleur ami. Durant les quelques années qu’ils passèrent ensemble, ils apprirent à se connaître; Hiroi avait remarqué que s’il avait souvent peur, il en était rien pour son nouveau compagnon, si bien qu’il finit par le baptiser Futeki. Le duo était aussi différent que le jour et la nuit, malgré tout, ils arrivaient toujours à bien s’entendre, comme s’ils lisaient dans les pensées de l’autre, qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes. Il y avait une raison simple à cela, à force de s’entrainer, ils pouvaient communiquer ensemble grâce à l’aura; Riolu la lisait naturellement chez Hiroi et ce dernier ne devrait pas en être capable, toutefois, il avait appris qu’il existait une légende comme quoi les habitants de Bourg Limë avaient eu le don de communiquer avec les Pokémon. Il était leur descendant et il pouvait donc voir l’aura autour de son starter mais il ne parvenait pas à voir celle des autres et il n’en avait jamais parlé à personne, même ses parents l’ignoraient. L’enfant aux yeux bleus s’était épanoui en compagnie de Futeki et l’idée d’un voyage Pokémon germait dans son esprit. Il ne se sentait pas prêt, mais avec l’aide de son partenaire, il sentait qu’il pouvait enfin arriver à découvrir le monde sans en avoir peur.

Mais c’est une autre histoire et elle vous sera contée quand je l’aurai rédigée.