Le réveil sonna, le soleil n’était même pas encore levé. D’un geste lourd, l’homme abattit sa main sur la machine en grognant. L’écran digital affichait 5 heures de sa lumière verte blafarde. Dans une routine bien ancrée le ranger se leva de son canapé, la veille il n’avait même pas eu le courage de se traîner jusqu’au lit. Il jeta un regard au dossier qui trônait sur la table, il arriverait bien à le boucler dans les temps, il ne se faisait pas de souci à ce sujet. Juste à côté était installée une tasse contenant un fond de café froid qu’il s’empressa de boire non sans une grimace.

Dans un bâillement bruyant un Caninos s’étira, il avait passé la nuit blottit contre le petit frigo, certainement le point le plus chaud du studio. Il n’était pas vétuste, mais pour le peu de temps qu’ils passaient dans ces lieux, le ranger ne jugeait pas toujours nécessaire d’allumer le chauffage, ni de remplir les placards d’ailleurs. Il s’achèterait de quoi manger plus tard. Ayant enfilé un jogging et un sweatshirt, il se dirigea vers l’entrée.

- Aller Nero. C’est l’heure d’aller courir.

A peine le ranger eu-t-il ouvert la porte que le Caninos bondit dans le couloir. Depuis son séjour à l’armée ils avaient gardé un rythme de vie strict. Le sport, c’était ce qu’il y avait de plus sain dans son hygiène de vie.

La montre à son poignet affichait bientôt 6 heures et le soleil commençait à peine à pointer le bout de ses rayons. C’était à une cadence réduite qu’il arriva devant l’entrée de son immeuble. Ses muscles le tiraient toujours même après toutes ces années et il avait la sensation que ses poumons étaient sur le point d’exploser. Nero haletait, la langue pendante mais heureux comme à chaque fois qu’ils allaient courir ensemble. Une fois rentrés il fouilla les placards à la recherche de quelque chose à lui donner à manger, s’il pouvait se priver de repas ce n’était pas le cas de son équipier canin.

Après quelques pompes il alla se doucher, lançant un regard à son reflet devant le lavabo il gratta sa barbe de trois jours, il se raserait demain. Il enfila sa tenue ainsi que les deux holsters d’épaules contenant ses armes de service. Sa longue veste rouge sur les épaules il rappela Nero dans sa Ball et sortit. Il enfourcha sa moto dont il fit vrombir le moteur par pur plaisir avant d’enfiler son casque et de filer à travers la ville vers le Market le plus proche.

Fouillant dans les rayons, l’homme avait saisi quelques fournitures et un casse-croûte, petit-déjeuner d’appoint. Il avait déjà bien assez de chances comme ça de trouver une boutique ouverte si tôt pour faire la fine bouche et puis, dans tous les cas, ce n’était pas son genre ; même si parfois il regrettait de ne pas prendre plus le temps pour s’accorder festin et ripaille, il n’avait au final pas envie de gâcher de précieuses minutes pour ça. En sortant du Market il rangea ses achats dans la grande sacoche en cuir accrochée sur le côté de sa bécane qu’il enfourcha rapidement, l’heure avançant, et démarra à pleine vitesse.

Dans un crissement de pneus laissant une odeur de gomme et d’asphalte chaude flotter dans l’air, le ranger vint garer son véhicule en vrac devant le bâtiment. Il savait bien qu’on le lui ferait encore remarquer mais bon, peut-être comprendraient-ils un jour qu’à force de marner comme il le faisait il jugeait normal de prendre quelques libertés.

Poussant la porte du QG, il salua la personne à l’accueil d’un sourire chaleureux ; en onze années de loyaux services il en avait vu défiler des visages à ce poste. Avec toutes les obligations sous lesquelles il se noyait, se remémorer le nom associé à chaque nouvelle tête n’était pas chose facile et représentait un long travail d’anamnèse. Il n’avait jamais été très bon pour retenir les noms de ses collègues.

Sa longue veste rouge pliée en deux sur son bras et croquant dans son sandwich, il se dirigea de manière presque automatique vers le tableau où était regroupées les missions, les tâches ainsi que les diverses informations qui étaient nécessaires aux rangers. Il pensa une seconde au dossier qui traînait sur la table de son studio, oui, il pouvait se permettre de prendre un travail en plus sans problème ; son emploi du temps était vide et dans tous les cas modulable.