Derrière son regard bleu glacier et son apparence bourrue, Greyson est un homme au grand cœur. Faisant preuve d’un paternalisme inné et inconscient. C’est en quelques sortes l’oncle sympa, celui qui donne de la bière aux mômes « parce qu’ils ont bien le droit de goûter », mais qui est capable de les remettre dans le droit chemin sans aucune hésitation et par la manière forte s’il le faut.
Reconnaissant de l’aide qu’il a reçu dans sa jeunesse, il se sent investit de la même mission que ceux qui lui ont tendu la main alors même qu’il ne pensait pas en avoir besoin. Pour Greyson, la délinquance est un appel au secours trop souvent ignoré ou mal pris en charge. S’il est effectivement bon, il ne faut pas non plus chercher à profiter de lui car sa gentillesse n’a d’égal que la puissance de sa colère. Dans ces moments là, il est plus sage de ne pas chercher à le raisonner. Il suffit bien souvent de laisser le temps de faire son office et à sa rage de s’apaiser d’elle-même.
Très attaché à son travail de ranger, Greyson préfère néanmoins le terrain aux tâches administratives, certainement conséquence de son séjour à l’armée. Cependant, même s’il rechigne devant la paperasse, il fera toujours son travail de manière exemplaire. C’est d’ailleurs cet amour pour son travail qui décida sa fiancée à partir faire sa vie auprès d’un homme plus présent.
C’est aussi à cause du peu de temps que lui laisse son emploi qu’il n’a pas lui aussi refait sa vie, se contentant au besoin d’une aventure sans lendemain, désabusé. Tout ce qui compte pour lui tourne autour du travail et des jeunes à aider. Cependant il lui arrive parfois de prendre du bon temps, quand cela arrive il aime que ce soit autour d’un bon verre.
Il est taquin, surtout avec les jeunes, et a parfois un humour un peu lourd et de mauvais goût. | • Taille : 1m92 • Teint : Pâle • Cheveux : Blancs • Yeux : Bleus clair • Particularité : Aucune |
Jusqu’à son adolescence, Greyson avait une vie que l’on peut qualifier de tout ce qu’il y a de plus normale. Aimé par ses deux parents, élevé par un couple stable composé d’une mère infirmière et d’un père enseignant, il était tout ce qui se rapproche le plus de l’image qu’on se fait du fils unique, à un rien près de l’enfant roi.
C’est d’ailleurs la difficile transition de l’âge ingrat qui lui fit prendre conscience de la chance qu’il avait étant enfant. A une période de la vie où les responsabilités commençaient à pleuvoir, ses parents lui faisaient aussi ressentir l’importance de l’avenir qui l’attendait. Son père envisageait pour lui une brillante carrière dans les sciences, le poussant toujours plus en avant dans cette direction.
Cependant, passer d’enfant à qui l’on accorde tout à adolescent devant se comporter comme un adulte n’est pas un changement facile. Très attaché à sa liberté, Greyson ne portait que très peu d’importance aux études que son père envisageait pour lui et préférait de loin la compagnie de ses amis avec qui il eut vite fait le tour des quatre cent coups que l’on peut avoir à l’esprit à 15 ans.
Ce fut son entrée au lycée qui accentua les choses. Placé par la force des choses dans une école qui ne lui convenait pas, le jeune loubard devint délinquant. C’était une petit frappe plutôt respectée, son apparence aidant à impressionner les plus faibles.
Dès ses 18 ans, devant l’échec cuisant que représentait sa vie aux yeux de son père, Greyson fut envoyé à l’armée. Décision radicale et irréfléchie qui, malgré tout, fut pour lui profitable. Son Capitaine était un homme sévère mais juste qui avait pour objectif d’inculquer le respect et la rigueur à ces jeunes délinquants, d’essayer de les sortir de la merde dans laquelle ils s’étaient fourrés. Il avait appris la constance militaire, s’était renforcé, se plongeant dans l’entraînement physique et avait fini par apprendre de ses erreurs. Rien ne s’était fait en douceur, il avait cherché plusieurs fois à affronter l’autorité mais en ces lieux ce n’était plus ses parents qui la représentaient.
Après 5 ans de contrat, le soldat première classe Lamb prit sa retraite de l’armée. Il voulait lui aussi aider les jeunes, comme son Capitaine l’avait fait. Mais il voulait s’y prendre plus tôt, ne pas attendre que ces gamins finissent à l’armée, où ils n’auraient pas tous la chance de connaître le même destin que lui. A 23 ans il quitta Talma et la caserne pour Frewick et son école de ranger, retrouvant ainsi par la même occasion sa belle Jen.
Jen était une jeune femme sublime. De deux ans sa cadette, elle était douce et délicate, un bel éclat de joie de vivre. Greyson l’avait rencontré alors qu’il était en permission pour une semaine à Frewick. Après s’être revus quelques fois, ils avaient commencé à s’envoyer des lettres pour garder le contact à chaque fois qu’il retournait à la caserne. Plus le temps passait et plus ils s’appréciaient, se retrouvant à chaque permission qu’il prenait. Finalement, l’idée de s’installer ensemble leur parut une évidence quand Greyson quitta la caserne.
Sa vie était à nouveau parfaite. Il suivait la formation pour devenir ranger, retrouvait sa belle Jen et ils passaient ensemble des moments fabuleux. Son passé militaire lui valait les meilleures performances sur les entraînements physiques et de manœuvres sur terrain. Le maniement d’armes aussi légères que celles réglementaires était pour lui un jeu d’enfant. Mais dès qu’il fallait retourner sur les bancs pour apprendre la théorie, il perdait tous ses moyens. Jen le soutenait alors même que tout le temps de son petit-ami était divisé entre, d’une part, le petit boulot qu’il avait pris pour payer l’appartement et ses études, et d’autre part, ces dernières qui le plongeait nuit et jour le nez dans des livres. Elle était patiente, pleinement consciente du rêve que représentait pour lui ce poste de ranger, et gardait l’espoir qu’une fois admis, leur amour redevienne l’idylle qu’il était auparavant.
Et, par bonheur, ce fut le cas, du moins quelques mois. Son diplôme en poche, Greyson demanda en mariage la belle Jen qui accepta sans hésiter, voyant là le signe de leur renaissance. Mais la jeune femme découvrit bien vite la cruelle réalité : son fiancé avait une maîtresse contre qui elle ne pouvait faire face, son travail. Chaque jour qui passait l’éloignait un peu plus d’elle. Les heures où il rentrait dormir à l’appartement s’amoindrissaient et, bientôt, elle ne le vit plus que le week-end, et ce quand il n’était pas en mission.
Un soir où il poussa la porte de l’appartement, il n’y eut que le silence et le froid pour l’accueillir. A la place du sourire et de la joie de sa belle, des enveloppes étaient posées sur la table du salon, toutes les lettres qu’il lui avait écrites et une nouvelle, son nom joliment écrit au feutre noir. Quand il l’ouvrit pour lire cette lettre, la bague qu’il lui avait offerte pour leurs fiançailles tomba au sol dans un petit bruit métallique qui lui glaça le sang.
« Puisqu’à l’époque on parvenait à communiquer par ces lettres alors je vais faire comme ça aujourd’hui… C’est fini Grey, je m’en vais. Je ne supporte plus de te sentir si loin de moi, d’être en concurrence avec ton travail… Ca ne peut plus marcher. »
Il ne prit conscience de ses larmes que quand l’une d’entre elles vint s’écraser sur le papier, entraînant avec elle l’encre qui laissa à sa suite une trace noire. D’un geste il envoya valser le vase qui alla se briser plus loin, déversant son contenu au sol. Il avait envie de crier, de hurler sa frustration. Il ne pouvait pas lui en vouloir, c’était lui-même qu’il détestait. Il l’avait abandonnée.
Lorsqu’il se réveilla le lendemain il avait l’impression que sa tête allait exploser. Une bouteille de whisky vide gisait au sol, brisée, tout comme les verres dont il ne restait plus que des éclats. Dans la salle de bain, les fragments du miroir recouvraient le fond de l’évier, mouchetés de traces de sang, expliquant les blessures sur ses mains. Il prit une journée pour réfléchir et la décision à prendre lui apparut bien vite à l’esprit.
Quand il retourna au travail le lendemain il demanda une nouvelle mission, puis une autre, accumulant les tâches. Il se noyait dans le travail, espérant ainsi pouvoir oublier. Il ne remit plus les pieds dans cet appartement, se contentant de le faire nettoyer de remettre à neuf avant de le revendre. Elle était partie, il ne servait à rien de lui courir après, il ne pouvait pas choisir entre elle et son travail ; au final, elle avait facilité les choses…
|