Je lui avais couru après pendant un long moment, si bien que maintenant j'avais du mal à reprendre mon souffle. Je haletais tout en jouant avec le petit corps inerte entre mes pattes. Il se mit à remuer, émettant ces choses qui faisaient grésiller mes poils. Je le calmais d'un coup de griffes l'achevant. Sa petite fourrure était déchirée par endroit de du sang commençait à la tâcher attisant mon appétit. D'un geste précis je le fis rouler plus loin, m'amusant à le voir s'animer par mes actes, ça me rappelait mon enfance.
Soudain, un bruit se fit entendre plus loin, des voix, des rires… Je bondis dans les fourrés empressement et oubliai mon festin dans la précipitation. Je me collai au sol, les brins d'herbe chatouillaient ma truffe me distrayant de la peur qui m'envahissait peu à peu. Les voix se rapprochaient, plus elles avançaient et plus mes chances de récupérer mon goûter s'amenuisaient. Pointant mon museau hors du buisson, je me ravisais aussitôt voyant une forme bleue foncer à toute vitesse dans ma direction.
- Vient Ari ! J'ai vu des baies là-bas !
- Ralentit un peu tu veux ! J'ai du mal à te suivre.
Le nuage de poussière soulevé par la cavalcade arriva bientôt dans mon champ de vision. La créature bleue fit un roulé-boulé en poussant un cri de terreur.
- Aaah ! M-Mais ! Qu'est-ce que c'est !?
Un oiseau vint se poser à quelques foulées de moi, se déplaçant par petits bonds vers ma proie. Je serrai les dents, attendant le bon moment pour sortir.
- J'ai déjà vu ça dans la forêt où je vivais…
Attiré par le cri du félin un Humain s'approcha. Il posa ses pattes avant devant sa tête, l'air choqué. Mais ça n'avait rien de choquant, c'était mon repas et il en approchait ses pattes !
- C'est ce qui se produit quand vous êtes faibles dans la nature. Ce qui vous arriverait sans doute…
Un drôle de coquillage était apparu, entre lui et l'oiseau ça me ferait un super goûter.
- On n'est pas faibles !
Mes griffes labouraient le sol et je me mis à grogner. L'Humain touchait à ma proie ! Je me déplaçai discrètement dans les buissons, cherchant le meilleur angle d'attaque en grommelant.
- Ne touche pas à mon repas sale Humain…
Les muscles de mes pattes arrière se raidirent, j'étais prêt à bondir. Qu'est-ce qu'il avait à avoir cet air ? Voulait-il me retirer ma nourriture ? Jamais !