La nuit était tombée, traverser dans sa totalité la route quatre fut un long et fatiguant périple. Nous avons pris la route de sorte à ne pas voir surgir des champs un sauvageon qui m'en voudrait pour une raison inexpliquée. La route était tranquille et au croisement de celle-ci et la route Ouest, nous avons donc établit un petit campement. Toujours grâce à l'aide de ma tente magique, l'installation ne prends pas vraiment de temps. Maintenant que le soleil se levait et me leva à mon tour j'avais le choix de partir pour l'ouest ou l'est, même si le chemin ne devait pas être bien différent puisqu'ils longeaient tous deux le lac. Je ne sais pas pourquoi particulièrement vers le lac, si ce n'est pour visiter les lieux, prendre quelques photos souvenirs. J'espère tout de même tomber sur quelque chose d'intéressant dans les parages. Avec un peu de chance, non ? Parce que la mauvaise étoile qui me maudit de toutes les pires situations du monde, non merci, j'ai ma dose. Que la chance me sourit, ce n'est pas trop demander quand même ?

Aka observe partout autour, tourne frénétiquement la tête comme s'il avait bien trop de chose à voir. Il était tout aussi impatient que moi à l'idée d'explorer de nouveau lieu, pour l'idée de nouveaux compagnons, je ne suis pas dans sa tête. De toute façon, je suis maître à bord et nous verrons ce que la nature décide de mettre sur notre chemin. Je ne m'attends à rien, je suis d'abord dans une optique de découverte, si la situation le permet, je capturais peut-être mon premier pokémon, grâce à Aka évidemment. Mais l'idée me laisse encore perplexe, Aka est-il réellement prêt ? Ou alors même face aux moins entraînés il se prendra une raclée. Une question de temps avant d'obtenir réponse, j'opte pour une série de victoire glorieuse, pourquoi pas d'abord ?

Le lac s'étendait à perte de vue, on ne voyait pas l'autre rive d'ici. Tout y est très calme pour le moment et rien ne semble vouloir pointer le bout de son nez jusque là. Aka marche à mes côtés, guettant attentivement, même si je pense qu'il manque encore de force, d'agilité, de résistance.. de tout en fait, pour s'en sortir dans un match. Je reste évidement inquiète quant à la suite de l'aventure, moi qui nous croyait prêt à ça. Quelque peu déçue, je profite de cette ballade paisible au bord du lac pour y réfléchir, observer Aka, toujours si frêle et maigrichon. Le mieux reste de l'entraîner quotidiennement jusqu'à qu'il prenne une forme plus combative. Et cela me semble assez loin pour le moment, plus loin encore le temps de défier l'arène. Et c'est exactement pour cette raison que je dois réussir à capturer d'autres pokémons qui nous permettront d'avancer un peu plus. En attendant, rien ne file à l'horizon, comme s'il n'y avait rien.

Aka joue les curieux, fouille ici et là tout en restant prudent . C'est vrai que le voyage serait beaucoup plus sympa avec d'autres pokemon, en capturer reste une tâche indispensable. J'ai encore une bonne partie de la région à découvrir et destas de petits monstres à rencontrer. J'espère avoir un peu plus de chance dans ce coin. Aka fini par me faire signe en m'indiquant une chose qui broute paisiblement plus loin. Autant passer discrètement sans y prêter attention. La chose est rebutante de toute façon, autant la contourner et éviter les problèmes. Ce n'est pas encore ca, peut-être que nous en croiserons d'autre. Sauf si ma maudite étoile plus mauvaise que bonne ne décide de s'acharner une fois de plus sur moi.

Aka et moi avançons à petits pas à côté du pokémon qui ne remarque pas notre présence et continue sereinement son repas. Une chance qu'en me voyant celui-ci n'a pas réagis, j'ai l'impression qu'on a une certaine poisse depuis le début du voyage. À croire que mon paternel a trafiqué mon périple pour me faire rentrer... mais non, ce serait trop gros et je l'imagine très mal s'embêter pour ça. Quoi qu'il en soit, peut-être que cet endroit nous accorderait quelques faveurs. En attendant, Aka et moi continuons tranquillement notre balade, toujours un peu plus au nord du lac qui s'étend toujours à perte de vue. Ce soir, nous pourrons camper au bord du lac, la pleine lune se reflétera dans l'eau, ce serait un cadre agréable. Et le lac nous offrira même quelques poissons, de quoi permettre à Aka de montrer de nouveau ses talents de pêcheur sauvage. D'ici là, voyons ce que cette belle journée légèrement glacée a à nous offrir.

Plus loin, sur la rive du lac, une jeune fille blonde traîne, les pieds dans l'eau elle observe le lac qui ondule sous les rayons du soleil. Elle ne semble pas avoir remarqué ma présence, alors avec Aka nous continuons sans volonté d'engager un dialogue sans raison apparente. Si ce n'est peut-être l'ennuie, mais ça c'est autre chose. Qu'elle barbote tranquillement dans l'eau et nous, nous continuons simplement notre route. Je me dis que seuls, nous serions plus discret s'il fallait dénicher un pokémon plutôt que de marcher sur un fond de bruyante discussion. J'espère cette exploration fructueuse et efficace, revenir avec un nouveau compagnon serait une savoureuse victoire, après le temps qu'on a mis pour arriver jusqu'ici. L'espoir c'est une chose, mais le destin semble persister dans sa persécution quotidienne d'une dresseuse débutante sans histoire, qui en attire des tas. Sans comprendre, j'obtiens le contraire ce que j'attends ce qui s'avère plutôt décevant dans le constat final. Aka scrute les environs, ce que je tâche de faire avec attention également. Encore faut-il qu'Aka s'en sorte face à l'adversaire, sinon espérer une bestiole qui se contente de nous ignorer. A nous d'essayer des approches discrètes, qu'on les trouve avant qu'ils nous trouvent.

Je me demande ce que je vais finir par trouver, en remontant le lac. Il va me falloir du temps pour faire tout ça, peut-être que je m'arrêterais finalement à mi-chemin. En y pensant, je consulte la carte et essaye plus ou moins de nous situer en fonction du temps qu'on a déjà pris. C'est assez difficile à dire, l'échelle indiquée n'est pas bien pratique. Mais je pense que je suis encore très loin de la moitié, j'y serais peut-être avant la nuit, et nous repartions demain matin vers la ville pourquoi pas. Mais j'aimerais repartir en ayant capturer un pokémon, un qui ait du potentiel, un minimum. Pour le moment, la seule chose qu'on a pu voir c'est un tas rose qui broutait pas très loin de la rive. Bref, rien de fascinant, pas pour moi et puis ce truc est dégueulasse.

Finalement, derrière nous, au rythme d'une caillou qui navique sur la rivière, encore ce truc. Pourquoi ? Je vais finir par croire qu'il y a comme une force cosmique qui me blâme de son courroux. Tout ce qui ne doit pas m'arriver, finira quand même par arriver. Il y a une certaine forme d'inévitable là-dedans, comme une fatalité. Mais dans ce cas présent, j'ai l'occasion d'éviter un tas lent et gluant. Cette situation semble moins dramatique que bien d'autres possibles et inimaginables. Je finis par regarder Aka qui me fixe déjà, mais il observe également la bête qui nous pourchasse. La bête, ou une grosse guimauve gluante et pourrissante. J'embarque Aka dans mes bras, loin de cette horreur et il observe depuis mon épaule à quelle distance se tient le pokémon. Quant à moi, je me contente d'avancer en pressant le pas petit à petit pour finir au pas de course. Avec ça, je finirais bien par le distancer, il lâchera l'affaire et retournera brouter ailleurs. Avec de la chance ? En fait, je suis pas certaine d'en avoir. Disons que dans le cas présent, ce n'est qu'une question de logique : je marche bien plus vite que ce tas tout mou.

Quand je me retourne, la chose n'est finalement plus là, elle a enfin lâchée l'affaire. Aka et moi ralentissons notre rythme pour en profiter comme la balade que c'est censé être. Le coin est asse joli, plus on marche vers le Nord et plus la nature se laisse découvrir. L'endroit est paisible, pas un cri, pas un bruit. Aka tente de rester parfaitement attentif et observe tout autour de lui. Entre les arbres et les buissons, l'étendue du lac se laisse parfois entrevoir. Un paysage qui change de Wilma et de ses environs. Même pour quelques bois et petits bosquets, tout reste différent. Le cadre montagneux à l'arrière ne change pas réellement non plus. Le lac reste le plus inédit, je décide de continuer vers la rive pour profiter d'un cadre agréable. Le temps ne reste pas propice à une baignade, c'est dommage. Le vent souffle un peu plus fort, il est même plus frais, l'air y est plus humide. Ce n'est pas désagréable grâce au soleil, bien qu'il se fasse discret. Cela reste une bonne journée, mais pour me conforter dans cette idée j'ai besoin d'y croire, vraiment, et pour ça il me fallait de la chance.

« Hé! Héhoo! Toi ! Attend! »

Au loin, une petite tête blonde qui trottine avec fatigue tout en faisant de grands signes de ses bras. En parlant de chance, justement. Je me retourne vivement et après une brève analyse je ne pense pas me tromper en supposant qu'il s'agit de celle croisée un peu plus tôt sur la rive du lac. Je croyais pourtant ne pas m'être fait repérer. Loupé. Je m'arrête, sans avoir trop le choix et attend que cette inconnue arrive à ma hauteur pour savoir ce qu'elle me veut. Ce n'est pas que je me fiche de cette fille, mais j'ai des projets plus intéressants qui m'attendent. Et puis, en quel honneur d'abord ? Enfin... à ce rythme, la chose gluante et molle reste bien le seul jusque là, il y a de quoi rendre la situation presque désespérée. Mais la journée est encore longue, je n'ai même pas de raison d'être pressée. Elle pourrait courir un peu plus vite quand même, d'ici elle semble mollassonne.

« T'es dresseuse pas vrai ? » Cette question idiote et inutile posée par une parfaite inconnue me laisse perplexe quant à ma réponse. En voyant ce crâne blond aux cheveux ébourrifés, ses grands yeux bleus, ronds et me fixant avec attention, j'ai comme une envie de l'emmerder. Elle qui m'interrompt sans scrupule dans ma promenade au soupçon de recherche d'un nouveau compagnon. Et son intervention va me gêner profondément dans ma progression. « Wah ! Mais comment as-tu deviné que j'étais une fille ! » Je m'exclame avec un semblant de surprise, me faisant rire moi-même. En face la blonde me regarde d'un air béat, ne saisissant sans doute pas la subtilité de mon humour. Sourcils froncés, je l'observe brièvement, pas bien grande, plutôt jeune, possède apparemment des pokémons. « Bon.. Tu veux quoi ? » À cette question, elle commence à se tripoter les mains, gigote légèrement de droite à gauche et ne me lâche plus du regard. Elle affiche finalement un grand sourire et se saisi de sa pokéball, l'air enthousiaste.

« Je veux un combat contre toi ! »
« Non merci. »

Et je tourne aussitôt les talons, traçant ma route de mon côté avec Aka qui me suit de très près. Je préfère ne pas me retourner pour voir cette fille bouder, je l'entends de toute façon frotter son pied contre le sol. Pauvre blondinette, son plan tombe à l'eau. Aka me fait soudainement remarquer la présence d'un pokémon à notre droite, qui semble s'approcher doucement vers nous. Pas agressif, mais pas forcément amical non plus et apparemment, robuste. Un combat perdu d'avance pour Aka qui ne vaut pas la peine d'être tenté, autant dire risqué même. D'un bref mouvement de tête j'invite Aka à accélérer le pas tout en prenant la direction inverse du pokémon, retournant vers la route pour mieux le décourager. Il est bien mieux près de son lac, qu'il y reste.

Le pokémon s'éloigne, mais la blonde revient à la charge. D'un bref coup d’œil au-dessus de mon épaule je la vois s'avancer vers nous, réduisant la distance qui nous sépare à chaque seconde. Quelle poisse ! Cette gamine a décidé de me coller, elle ne pourrait pas retourner faire trempette dans le lac et me laisser poursuivre ma route. Il faut croire que cela est bien trop difficile pour cette jeune fille. Elle finit par nous rattraper, une fois à quelques mètres à peine derrière nous, elle reprend ses négociations.  « Est-ce que je peux t'accompagner ? J'habite Hyarma mais mes parents ne veulent pas que je m'éloigne trop toute seule. Même si j'ai mon propre pokémon ! » Pourquoi parler autant de façon inutile ? Je pousse un soupir, exaspéré bien trop vite par cette situation et par cette présence, si au moins elle était muette. « Passionnant. » Et je tente de rajouter un peu plus de distance entre elle et moi, oubliant Aka qui trottinait dans son coin, loin de ce problème. En effet, c'était mon problème, elle me suivait comme un ponchiot suit sa mère, désespérément. « Ecoute, fait ce que tes parents t'ont dit et rentre chez toi ! » Les parents disent des choses pour le bien de leurs enfants, cette gamine n'est certainement pas née de la dernière pluie, sinon Arceus l'a maudit d'un mal fourbe : la connerie. Quoi qu'il en soit, elle ne semble pas du tout réceptive aux signaux que je lui envoi. Faudrait-il lui dire littéralement, méchamment, mais avec toute la sincérité du monde. J'y pense très sérieusement, mais faire pleurer une enfant ce n'est pas non plus très glorieux.  « Où est-ce que tu vas ? Tu voyages ? Moi j'aimerais bien voyager et découvrir la région, je m'ennuie à Hyarma. » Mais faites la taire, par pitié. Qu'un éclair la foudroie là maintenant. Qu'une bête sauvage l'emporte dans les profondeurs du lac, tout de suite. Qu'on m'en débarrasse, c'est trop difficile de lutter face à un être si profondément désespéré. Surtout, ça n'est pas mon problème. Mon paternel était retissant à l'idée que je parte avant ma majorité, j'ai du rester à Wilma, apprendre et étudier un tas de choses qui ne me serviront sans doute plus jamais. « Tu es encore un trop jeune chenipan pour devenir papillusion et prendre ton envol » Tiens, ça c'était profond comme réflexion. Pourtant elle me fixe d'un air béat, comme si mes propos n'avaient pas le temps d'être assimilés qu'elle les oubliait aussitôt. C'est agaçant, à croire que Hyarma c'est un des trous perdus d'Alcea dont on ressent le besoin d'en échapper plus vite encore qu'ailleurs. Faut dire, une petit ville d'agriculteur et d'eleveur, faut aimer l'odeur de la campagne pour survivre là-bas. Mais non, je ne prendrais pas cet enfant en pitié malgré ses grands yeux ronds qui me fixent avec tant d'espoir. Les rêves sont parfois fait pour être brisés.

Voyant que je ne faiblis pas face à sa demande, elle semble petit à petit baisser les bras. Au moins, cela n'aura pas été bien difficile de s'en débarrasser et tant mieux ! Elle semble vouloir ouvrir la bouche pour débiter plus de raisons inutiles, je fronce automatiquement les sourcils ce qui la freine instantanément dans son élan. La magie opéra, la blonde la ferma. Elle tourne les talons, traîne les pieds et s'avance misérablement par là d'où elle vient. Son allure de petite mendiante était plus flagrant de dos, cette tignasse blonde pleine de nœuds est plus bordélique vu de derrière. Elle retourne tristement à Hyarma. Qu'elle s'en aille à l'aventure avec son pokémon si vraiment la vie là-bas est terrible à ce point. Bien entendu, je ne l'inciterais pas à contredire ses parents et à, en quelque sorte, fuguer. Mais bon, si elle était moins nian nian, elle y aurait pensé. À la place, elle préfère dialoguer avec une inconnue sur sa condition misérable de petite fille vivant dans une ville de fermiers. En tout les cas, ça reste définitivement bien loin de me concerner de quelque façon que ce soit. Malgré son pas lent et ramollo d'un ramoloss, elle finit par s'éloigner.

De nulle part, intervient alors un jeune pokémon aquatique. J'avoue bloquer sur le nom et m'empare donc très vite du pokédex. Un Mustébouée qui nous tourne autour pour je ne sais quelle raison. En tout cas, il n'est pas agressif c'est déjà ça. Aka reste près de moi, comprenant que cet affrontement inutile est à éviter. Je vais simplement tenter de m'en débarrasser, comme du Sancoki précédemment. Décidément, on aime interférer dans mes histoires à moi. Je ne vous demande pas pourquoi, c'est une question sans réponse. La question est, ce truc va t-il nous lâcher ? J'aimerais, il nous faudrait continuer un peu plus vers le nord. Mais pas trop pour ne pas mettre trop de temps à revenir sur nos pas ensuite. Quant bien même je pourrais faire le tour du lac, je ne suis pas préparé. Il nous faudrait de toute façon passer par Hyarma pour quelques provisions. La blonde étant encore visible un peu plus loin, j'invite le petit être à aller la suivre elle et de nous laisser tranquille. « Va jouer ailleurs toi. » Que j'essaye de lui annoncer avec une voix sèche, mais monotone. Le tout, en gesticulant les mains et les avants bras pour le pousser à avancer par là-bas. Je recule petit à petit, avant de tourner les talons puis d'essayer de reprendre la route dans notre coin, sans perturbateur, si ce n'est positif.

La chose semble comprendre, mais son petit air furieux ne présage rien de très bon pour la suite. Sans surprise, il me crache un jet d'eau dans la figure et s'en va aussitôt, impunément. Le temps n'est certainement pas approprié pour une petite douche improvisée, les cheveux humides rendent l'atmosphère plus froid encore. J'enroule mes cheveux sous un bonnet pour éviter de choper bêtement un virus, le temps que nous trouvions un endroit où nous installer pour la soirée. Sur le chemin, j'en profite pour demander à Aka de ramasser des baies qu'il peut trouver sur des arbustes à sa hauteur. De mon côté, je constitue déjà un petit tas de bois pour vite allumer un feu une fois installé. Du reste, il fallait trouver le petit coin adéquat pour passer la nuit, pourquoi pas au bord du lac.

Aka s’attelle très sérieusement à sa tâche, ces petites baies nous permettront de patienter en attendant que quelque chose soit pêché. Sinon, il doit y avoir une boite de quelque chose au fond de mon sac. Le problème, c'est que ça ne se trouve pas tout au fond sans bonne raison. Alors je me dit que ce quelque chose ne doit pas bien être à mon goût, sinon je suis trop difficile. Mais si la pêche ne s'avère pas intéressante, sachant qu'une seule prise suffit, nous pourrons nous estimer définitivement poisseux de l'univers, rejeton mal-aimé de mère nature. En attendant, le contenu de la boîte m'est toujours inconnu.

« Par là-bas, viens ! »

À nouveau, nous coupons la route afin de retourner sur les rives du lac. Aka reste toujours très concentré dans sa tâche, c'est qu'il reste un petit gourmand malgré sa petite taille toute chétive. Mes bras sont remplis de brindilles et branches, le feu jaillira très vite une fois le lieu de campement idéal trouvé. Difficile comme je suis, j'aimerais un arbre ou deux dans les parages tout en évitant les quelques nids qui pourraient se trouver dans les environs. Comme le soleil se couche, nous profitons de cette magnifique vue qui se reflète sur les eaux calmes du lac. De si beaux paysages, là est également de plaisir du voyage et de l'aventure bohème. Même si tous les plus beaux couchers de soleil du monde ne valent pas une ascension à travers les arènes de la région. Le plus difficile, c'est de rester patiente.

Quelques instants, nous nous laissons attirer par les ondulations et les lueurs qui planent sur l'eau. J'observe mon reflet, constate l'état crasseux et crépis de mes cheveux, heureusement il n'y a que ça qui ne va pas vraiment. Je profiterais du retour à Hyarma pour visiter et y séjourner une nuit sans doute, l'occasion de profiter d'une douche chaude et d'un lit plus ou moins confortable, mais toujours plus qu'un simple morceau de tissu sur le sol. Cette nuit, ce sera camping, quelque part dans le coin. Le soleil ne se couchera pas tout de suite, ce qui nous laisse quelques heures pour nous installer. Mais après avoir tant marché et évité ces choses, j'ai bien envie d'une petite pause tranquille. Alors j'arrête Aka qui me rejoint assez vite et nous nous installons sur les rives du lac. J'en profite pour fouiner dans mon sac à la recherche d'un petit quelque chose à grignoter. Je trouve une moitié de chewing-gum, des petits biscuits secs et même la montre que je croyais avoir perdue. Elle était en fait là, juste au fond du sac. Tant mieux, mais je devrais y faire du tri bientôt, repoussons tout à Hyarma pour le moment.

J'entame le petit sachet de gâteaux, en tend un à Aka qui le prend avec plaisir et le grignote tel un petit rattata. Mais rester assis nous rappelle à quel point les températures sont encore malheureusement bien trop fraîche. Je m'arme de ce gros gilet en maille blanc, si chaud et moelleux. Aka se blottit contre l'épaisse couche de laine douillette et savoure ce moment agréable. À ce rythme, il ne va plus vouloir la quitter non plus le bougre !

Nous reprenons la route, puisqu'il serait judicieux de s'installer dans les heures à venir. Enroulé sous cet imposant gilet taille L au moins. Aka lui est confortablement installé dans mes bas, seul sa petite tête est apparente hors de la laine. Nous faisons finalement abstraction du froid, malgré la fraîcheur qui règne et l'humidité des côtes. Je repère un peu plus loin une chose plutôt énorme, comme la bête visqueuse et dégueulasse de tout à l'heure, mais en plus gros, plus visqueux et plus dégueulasse encore. Encore une chose à éviter soigneusement, aucune envie que ce monstre ne bave sur mes affaires.