Le voyage était long, très long. Sonora ne tenait plus en place. Les paysages défilaient lentement derrière la vitre du bus. Nnanjindu était accoudée à la structure et contemplait l'horizon. Quant au petit espiègle, il ne cessait de bouger, humant l'air de droite à gauche, allant jusqu'à embêter les autres passagers en fouillant dans les sacs, reniflant les vêtements, amusant les deux seuls enfants de l'autocar. Il faut dire que la fille n'avait pas d'idée précise de son départ. Elle voulait faire comme son cousin, trouver une clairière magnifique où vivent pokémon et nature en parfaite harmonie. Hélas, cela ne se présentait pas ainsi, en effet, plus le temps passait, plus le véhicule se vidait de ses occupants jusqu’à qu'il soit vide. Le conducteur l'avertit que le prochain arrêt serait le dernier et qu'il va falloir descendre.

"Ranch El Matout, dernier arrêt !" Signala la boite vocale. Soupirant, elle prit ses affaires et fit signe à Sonora de la suivre, ni une, ni deux, le pokémon se précipita à la porte. Un fois dehors, elle s'étira et sursauta lorsque le bus redémarra bruyamment. Le Sabelette se précipita en boule dans toutes les directions pour se dégourdir un peu.

- " Hmmmmm qu'est-ce que ça fait du bien quand ça s'arrête. Aaaah, il y a un bon air frais ici et .... beurk, l'odeur du purin. Viens Sonora, on va s'avancer un peu !"

En effet, le ranch avait une forte odeur vu l'élevage de bovin qu'il avait, des Tauros tous agglutinés les uns sur les autres...Quelle horreur. Une fois éloignés, ils reprirent une grande inspiration, le parfum de l'herbe et de la terre fraichement foulée vint leur chatouiller les narines. Contemplant le paysage, Nnanjindu eut un air satisfait, c'était pas si moche que ça en fin de compte, de toute façon, il fallait bien commencer quelque part. La plaine était vaste, très vaste, et on pouvait noter quelques structures au loin, probablement des ranchs comme celui-ci. Elle remit correctement son sac en bandoulière, son épaule étant endolorie, son compagnon quant à lui fila dans les hautes herbes à vive allure, toujours en boule, créant un sillon sur son passage. Le crépuscule rendait le paysage somptueux, rendant la verdure rougeâtre et le ciel violacé, la jeune femme ne pouvait que se féliciter d'avoir été aussi patiente. La soirée s'annonçait tumultueuse.  

Sillonant la plaine, caressant l'herbe haut du bout des doigts, le soleil dans les yeux n'était pas une gène, au contraire, il lui réchauffait le visage avec douceur. Quant à Sonora, il s'amusait à aller à droite et à gauche en roulant. Souhaitant se satisfaire de ce moment au maximum, elle s'allongea dans l'herbe en étoile. C'était fort confortable, la verdure chatouillait à peine et le sol n'était pas humide. Elle décida de s'y poser quelques minutes et savourer cet instant en regardant le ciel violet qui la surveillait de haut jusqu'à ce qu'une drôle de forme la surplombe. Ouvrant de grand yeux elle s’aperçut que ce n'était qu'un Zigzaton curieux qui l'observait un peu de trop près. Surprise, elle se releva rapidement, assise sur le sol, elle pivota vers la créature qui la fixait nonchalamment.

Comme deux chiens de faïence, ils se regardèrent les yeux dans les yeux, sans mot dire jusqu'à ce que Sonora, déboula sans prévenir, écrasant la queue de ce pauvre Zigzaton qui hurla de douleur. Sur ce bruit atroce, le Sabelette s'arrêta dans sa course folle pour voir d'où ce son provenait. Encore endolorit, le pokémon ne fit rien jusqu'à ce qu'il se mit à japper après Sonora, enragé et haineux. Un peu perdu, le Sabelette le fixait à son tour, sans rien faire tandis que l'autre bestiole se positionna avec stabilité sur le sol, prêt à attaquer. L'instinct de Sonora reprit alors le dessus, comprenant la situation, il était temps pour lui de faire comprendre à ce Zigzaton qui il était. Nnanjindu, étant un peu déconcertée ne comprit pas ce qu'il se passait, ils n'allaient tout de même pas se battre pour si peu ?

Les rayons du soleil couchant éclairaient d'une lumière blafarde et rougeâtre la scène de bataille. Sonora semblait déterminé, il ne fuirait pas devant cet adversaire casse-pied. Ce Zigzaton l'avait grondé pour peu de choses et l'avait arrêté dans sa course aussi amusante soit-elle. Les deux bestioles se faisaient face et Nnanjindu semblait hésitante, voulant empêcher le conflit, elle se dit peut-être que c'était l'ordre naturel des choses et qu'il fallait  laisser agir et se comporter comme tel. Malgré cette résolution, son inconscient lui dictait de faire quelque chose, d'arrêter cette zizanie sans queue ni tête. Mais elle se contenta d'être spectatrice et croisa les doigts pour que rien ne se passe.

Seulement, ces souhaits furent vains, en effet, le Zigzaton commença à pousser un prompt rugissement qui fit baisser la tête de Sonora, le son étant fort il avait plié ses oreilles et reculé de quelques centimètres, intimidé. Le Sabelette, s'étant remit de ce cri strident, remua légèrement  la terre avec sa patte arrière et fonça la tête la première vers son adversaire. Arrivé à bonne distance, il brandit sa patte et lança un violent coup de griffe sur le museau du Zigzaton. La bête hurla sa douleur et fut projeté quelques mètres plus loin dans un nuage de poussière, laissant le Sabelette victorieux. Mais le pokémon semblait vouloir se relever, tremblant de tout son corps, il gémissait de douleur et saignait sur tout son museau fixant Sonora d'un regard déterminé. Il semblait vouloir repartir à l'attaque, pour sauver... sa dignité dirons-nous. Mais Nnanjindu ne pouvait supporter ça, et avant qu'il puisse faire quoique ce soit, elle lança une pokéball afin de le capturer et de le protéger de son obstination. Ce pokémon avait assez souffert ainsi, elle se refusait à le voir tomber devant ses yeux.

Prêt à subir le prochain assaut, Sonora se cramponnait au sol avec ses griffes acérées, et lorsque son adversaire s'apprêtait à donner le coup en chargeant, l'objet percuta l'arrière train de ce dernier avant de s'ouvrir et d'éjecter un halo rouge autour du pokémon avant de disparaitre et de rentrer dans la pokéball. Elle tomba au sol, gigotant rapidement, essayant de contenir le Zigzaton, mais sans grande difficulté, étant déjà bien affaiblit. Une fois inerte, Nnanjindu s'approcha de l'objet en question en hésitant, puis se pencha pour le ramasser et le saisit. C'était chaud au toucher, on pouvait y sentir l'âme prisonnière à l'intérieur. Quel drôle de phénomène tout de même, mais qu'importe, le pire était évité, et sous les yeux abasourdis et intrigués de son Sabelette, elle relança l'objet dans le vide, libérant la créature prisonnière sur le sol encore surélevé de poussière.

Le Zigzaton apparut donc dans un flash blanc, encore déboussolé de ce qui venait de lui arrivé, il se contenta de fixer la jeune femme d'un regard étonné avant de tomber allongé sur le flanc, trop blessé pour se mouvoir. Nnanjindu, apeurée et inquiète, se précipita sur la pauvre bête et vint lui porter secours sous les yeux remplis de regrets de Sonora. Elle le prit dans ses bras, tremblant et gémissant, elle le blottit contre elle en le caressant tout en s'asseyant dans l'herbe, le Sabelette, plein de remord, reniflant la truffe du blessé. Le temps passa ainsi sous les rayons du soleil qui se faisaient de plus en plus froid et sombres : Il était temps de dresser la tente en kit que la copine de son cousin lui avait offert. Sortant un étrange cercle de son grand sac coloré, elle le jeta et fit apparaitre un abri pour la nuit en un instant, ainsi qu'un sac de couchage étonnamment bien plié dans ce sac. Les trois amis rentrèrent dans la tente, le Zigzaton toujours dans le bras de Nnanjindu. Une fois installée, elle disposa le nouveau compagnon sur son sac, quant à Sonora, il prit place non loin de lui pour veiller à son chevet. Et c'est après une soirée riche en émotions qu'ils fermèrent les yeux sous un ciel noir et bienveillant.

Alors que les trois compagnons commencèrent à retrouver Morphée, une ombre furtive se faufila près de la tante, se rapprochant en zigzag. Zoom s'était réveillé le premier, alerté par son ouïe plus sensible sans doute, il vint auprès de sa nouvelle maitresse, la reniflant pour tenter de la réveiller mais en vain. Il est vrai que lorsque Nnanjindu dort, il est très difficile de la réveiller, un vrai bloc de pierre. Il tenta donc de réveiller Sonora qui était en boule, ce dernier ouvrit les yeux et tituba légèrement avant de reprendre ses esprits. Le zigzaton l'alerta de la présence non désirée dehors et le sabelette décida de tenter de réveiller Nnanjindu qui demeurait imperturbable... Ils comprirent qu'ils devraient se charger de faire déguerpir l'étranger loin du campement. Ils sortirent tous deux par la trappe faite exprès pour eux en cas de "petites urgences", et scrutèrent les environs avec leur odorat. Il sentirent une odeur familière derrière la tente et s'y précipitèrent pour y voir un autre zigzaton, ce dernier, très curieux s'était rapproché du campement avec quelques baies dans la gueule, alerté par la simple présence des deux compères, il les lâcha au sol et se mit en garde. Zoom tenta de le calmer, mais trop affolé par le manque de visibilité, il paniqua et s'éloigna un peu afin de se cacher dans les herbes et peut-être ne plus revenir.

Ne souhaitant pas laisser ses baies ainsi aux pattes d'inconnus, il s'embusqua dans les herbes prêt à bondir sur eux si 'ils s'avisait de s'approcher des baies. Sonora et Zoom se regardèrent, interloqués par la situation, il ne comprirent pas pourquoi ce Zigzaton était venu déposer des abies devant eux si c'est pour chercher la bagarre par la suite. Cherchait-il à s'amuser, à les défier, les narguer... personne ne le sut. Mais une chose est sûre, si jamais cet intrus réveille Nnanjindu, la fin du monde pointera le bout de son nez. Nos deux compagnons durent se serrer les coudes pour faire face à la menace, pour cela, ils durent se reclure derrière une pierre et discuter de leur futur plan. Quelques minutes plus tard, Sonora s'enfuit derrière la tente à la recherche d'un objet, tandis que Zoom fit diversion en essayant de s'attraper la queue, car il n'avait rien trouver de plus "divertissant" le bougre. Quelques minutes après, le sabelette revint déboulant comme un fou.... dans un sceau. Sa maitresse étant complétement sourde lorsqu'elle dort, Sonora prit l'initiative de faire un grand boucan en valdinguant dans le sceau à eau, créant un tintamarre monstre. Quant à Zoom, il fit mine de prendre peur à cette "chose" et prit se pattes à son cou en gémissant. En espérant que ce stratagème marche, ils croisèrent les coussinet pour que cela fonctionne, le sommeil se faisait lourd.