Mon histoire n'est pas vraiment différente de celle des autres même si certains envient ma vie, elle n'a été jusqu'alors qu'une grande prison dorée où je n'avais pas le droit d'être simplement moi.

Je suis née et j'ai toujours vécu dans la noble ville de Domuraille, mes parents gagnent beaucoup d'argent grâce à leur travail, ma mère est avocate et mon père écrivain. Leur carrière est très prenante et même si c'est ce qui nous permet de vivre aisément, j'aurais préféré qu'il en soit autrement. Je n'ai jamais eu de petit frère ni de petite sœur, pour ça non plus ils n'avaient pas le temps, alors depuis toute petite, c'est une gouvernante qui s'occupe de moi la plupart du temps. Ce n'était pas si mal que ça, parce qu'elle était vraiment gentille et elle prenait bien soin de moi.

Les années défilaient et ma mère exigeait de plus en plus de moi, je me devais d'être une petite fille modèle pour faire honneur à ma famille. À Domuraille, il avait deux sortes résidents, ceux qui étaient implantés ici depuis plusieurs générations et qui faisaient partit de la descendance des Fondateur de la région, puis ceux qui avaient payé le droit de vivre dans la ville fortifiée. Comme nous faisions partit de cette seconde catégorie, il fallait toujours être au plus près de la perfection pour prouver que nous avions assez de noblesse pour cette ville prestigieuse. Du moins, c'est ce que disait a mère pour justifier le fait qu'elle me fasse étudier aussi durement depuis que je suis en âge d'apprendre à lire et à écrire. Quant à mon père, il était extrêmement rare de le voir, il restait toujours enfermé dans son bureau à écrire un nouveau livre sur l'histoire d'Alcea.

Ainsi se déroula la majeure partie de mon enfance dans une routine des plus stricte qui ne laissait que peu de place aux jeux. J'étudiais sans relâche pour que mes parents soient fiers de moi, j'y avais même pris goût et cela me permettait de chérir d'autant plus les quelques moments que nous passions en famille. Pourtant il manquait quelque chose. En ville, tous les autres enfants avaient des pokémons de compagnie, mais moi pas. Mes parents estimaient que le voyage initiatique accompagné de ces créatures était une perte de temps et qu'il n'y avait aucun avenir à travailler avec des pokémons. Même les domestiques n'avaient pas le droit d'amener leur pokémons avec eux. Cette interdiction ne fit qu'attiser ma curiosité pour ces fascinantes créatures alors je me mis à les étudier en secret et plus j'en apprenais sur eux, plus la logique de mes parents me paraissait absurde. La seule personne qui me comprenait c'était Mary, ma gouvernante. Elle me parlait souvent de sa région d'origine, Kanto et de ses pokémons. Lorsqu'elle était plus jeune elle était partie en voyage et s'était spécialisée dans les pokémons de type feu.

Chacune de ses histoires me transportait dans un monde rempli d'aventures, si bien que pour mes quatorze ans je décidais de demander à mes parents de me laisser partir en voyage pokémon, Mary était même prête à m'en donner un pour commencer. Ils refusèrent catégoriquement et Mary partit prendre sa retraite à Kanto, elle avait l'âge d'être ma grand-mère, mais je sais qu'elle aurait préféré rester ici, mes parents l'avaient probablement renvoyée et tentaient de me cacher la vérité. Suite à cela, je m'enfonçais dans la solitude, mais je n'abandonnais pas l'idée de partir un jour en voyage, même si devant mes parents je faisais mine de ne plus y penser. En réalité, j'étudiais les pokémons pour être prête dès que j'en aurais l'occasion, hélas, sans une de ses créatures à mes côtés tout cela était vain. Je gardais secrètement contact avec Mary qui, malgré son âge, savait très bien se servir d'un ordinateur et communiquer par email.

Deux ans après son départ, Mary me parla d'un incident survenu dans sa ville à Kanto, des voleurs avaient tenté de braquer un centre pokémon, mais avaient été mis en échec par les rangers et toute une cargaison de pokémons volés avait été saisie. Étant experte en pokémon feu, elle s'était proposée d'accueillir chez elle les pokémons de ce type le temps qu'ils soient adoptés ou restitué à leur propriétaire. Cependant, les semaines passaient et l'un d'eux restait toujours chez la gentille gouvernante. La recherche de propriétaire de ce pokémon en avaient déduit qu'il n'avait pas de dresseur et tous ceux qui décidaient de l'adopter le ramenait rapidement parce qu'il était incontrôlable, il ne pouvait pas non plus être relâché dans la nature car ce n'était pas un pokémon de Kanto. Mary n'avait plus l'énergie nécessaire pour s'occuper d'un tel pokémon alors elle décida de me le confier.

Ce soir-là, mes parents n'étaient pas à la maison, ma mère était sur un procès difficile à l'autre bout de la région ce qui l'obligeait à rester sur place jusqu'à la fin de l'affaire et mon père était partit en tournée de dédicace pour son nouveau livre. Les connaissant ils en auraient probablement pour plusieurs semaines alors lorsque Mary me proposa de m'envoyer ce pokémon, je décidais de le prendre avec moi, tout en sachant que cela ne serait pas facile. Le transfert du pokémon vers le centre pokémon de Domuraille ne prit que quelques minutes, puis je le ramena à la maison. Nous avions à peine passé la porte qu'un flash rougeoyant sortit de la pokéball et le fit apparaître devant moi. Je reconnaissais ce pokémon, je l'avais vu dans le livre sur les pokémons feu que Mary m'avait offert, c'était un Pyronille. Mais je n'avais même pas eu le temps de faire un pas que la chenille de feu s'enfuit dans la maison. Cela ne fut pas facile de la retrouver dans cette grande maison et ce n'était que le début.

La pauvre petite avait dû en voir de toute les couleurs avec ces voleurs, je pouvais lire la peur dans ses yeux à chaque fois que je m'approchais d'elle. Mais j'avais promis à Mary d'en prendre soin alors je mis à profit l'absence de mes parents pour gagner peu à peu sa confiance. Et, quelques semaines et quelques brûlures plus tard, Pyronille semblait enfin avoir comprit que je ne lui voulais aucun mal, de là nous avons pu passer plus de temps ensemble et nous sommes même devenues amies. Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, mes parents seraient de retour dans quelques jours et ils m'obligeraient à m'en débarrasser, à moins que... je ne parte avant.

C'était décidé, avant qu'il ne rentre j'allais partir en voyage pokémon, je ne les laisserais pas nous séparer. C'était sans le moindre regret que je fis mes valises, je voulais découvrir le monde, trouver un endroit où je pourrais enfin être moi. Avec mes économies je pris le taxi jusqu'à la ville voisine, Frewick où je me fis enregistrer comme apprentie éleveuse pokémon avant de partir sur les routes.