Virgil est né dans la ville de Vergazon en plein milieu du mois de juillet. Autant dire que les conditions dans lesquels c'est déroulé étaient excellentes. Le temps était clément, aucun orage créé par la chaleur estivale en vue et la vieille voisine, auparavant infirmière, était venue en vitesse malgré l'urgence de la situation. Eh oui, Véronique Roots avait subitement perdu les eaux alors qu'elle passait du temps avec sa fille Oriana, elle avait dépêché cette dernière chercher leur voisine. Celle-ci était sortie à peine eut-elle entendue la jeune fille alors âgée de sept ans l'appeler depuis la rue. Puis, avec un professionnalisme venant d'une quarantaine d'année d'expérience, elle avait prit les choses en main en ordonnant d'abord à la jeune fille d'aller jouer dehors. Le bambin naquit à peine une heure et demie plus tard en hurlant comme seul un nouveau-né savait le faire. Il fut baptisé Virgil, c'était le troisième prénom de son père qu'il ne verra par la suite que quatre fois en tout.

Car il fallait savoir que les parents des enfants Roots portaient mal leurs noms puisque ces derniers étaient toujours en déplacement. Leur mère était conseillère de vente d'une entreprise produisant des médicaments  depuis sa promotion, quelques mois avant sa grossesse, alors que le paternel lui avait un poste à haute responsabilité dans une société multi-régionale. Ainsi, seule leur mère passait parfois à Vergazon, ville où elle était née, non seulement elle appréciait le cadre paisible et naturel de la cité, ce qui contrastait en totalité avec ses bureaux métalliques où elle était quasiment tout le temps stressée, mais aussi parce qu’elle désirait voir ses enfants grandir de ses propres yeux. Elle se débrouillait à chaque fois pour passer les fêtes ensemble, que cela soit leurs anniversaires ou Noël. Même si elle l'aimait, elle en voulait tout de même terriblement à son époux qui, malgré qui soit le père des enfants, ne passe jamais les voir. Virgil ne l'avait encore jamais vu et sa sœur aînée à peine deux fois. La rencontre entre Krauss Roots et son fils se fit lorsque ce dernier eu huit ans.

À cette période-là, les deux enfants reçurent un mail de leurs parents leurs apprenant qu'ils venaient leur rendre visite tous les deux dans quelques jours. Si Oriana était ravie de la nouvelle, pour Virgil elle était source d'inquiétude. Quelle serait la réaction de son père ? S'entendrait-il aussi bien avec lui que sa sœur avec sa mère ? Car oui, même si sa mère faisait tout pour que son fils se sente bien, il fallait dire qu'il ressentait un certain écart avec les deux autres membres de la famille, sa mère et sa sœur étant deux personnes de sexe féminin, elle discutait de choses qui ne l'intéressait pas. De plus, la différence d'âge qu'il avait avec sa sœur faisait qu'ils n'avaient pas du tout les mêmes centres d'intérêt. Elle adorait le chant et passait pas mal de temps, seule ou avec ses copines dans sa chambre à chanter alors que lui restait dans ses couvertures en essayant de faire abstraction du bruit pour pouvoir dormir la nuit. D'où un certain sentiment de solitude qui l'envahissait. Au début, il y avait bien la vieille voisine mais elle est décédée lorsqu'il a eu à peine cinq ans.

La rencontre avec le paternel ne se déroula pas de la meilleure des manières. En effet, dès qu'il vit son fils, il éleva sa voix contre lui :

« Tu vas relever un peu la tête oui !? »

Il fallait dire que Krauss Roots était de par sa carrure et sa haute taille un homme imposant ce qui faisait, qu'en plus du stress né de l'importance du moment à ses yeux, que Virgil avait instinctivement mit ses mains dans ses poches et rentré la tête dans ses épaules tout en fixant le sol à l'arrivée de ses parents. Suite à cette remontrance qu'il ne comprenait pas, les larmes lui venaient aux yeux et il se fit accompagné à la cuisine par sa mère qui ne tarda pas à le consoler et à le rassurer en disant que le voyage avait été long et que son père, avec la fatigue, était sur les nerfs.

« Il est naturellement intransigeant avec les autres mais, sache qu'il a bon fond. C'est pour ça qu'il est votre père. »

Cependant, cela ne suffit pas à complètement le mettre à l'aise en présence de son paternel et dès lors, il évita ce dernier durant la totalité de son séjour de quelques jours. Cependant, à chaque fois qu'il le croisait, il le voyait lui lancer un regard qui n'était pas des plus sympathique. À son départ, Virgil ressentit comme un soulagement, ce qui peina quelque peu sa mère et sa sœur. Aussi, après que sa mère soit aussi partie, Oriana décida de s'occuper un peu plus de son jeune frère. Même si elle-même ne s'y intéressait pas, elle le conduit vers la voie des Pokémons, elle pensait, le futur lui donna raison, que ces petites bêtes pouvaient lui donner un peu plus de joie de vivre. De plus, lorsqu'il atteignit ses douze ans et elle dix-huit et qu'elle avait un peu de succès en tant que chanteuse, elle l'emmena avec elle. Non pas en tourné mais elle l'engagea, en faisant la sourde oreille à ses protestations, comme agent technique.

Lui qui s'exilait auparavant dans le fond du jardin enroulé dans sa couverture le plus loin possible du garage où répétait maintenant sa frangine avec ses amies, il prenait maintenant pleinement part à ces événements musicaux. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il s'était ouvert aux autres. Il s'installait en effet à l'écart des autres tout en ayant la possibilité de voir ce qu'il se passait sur la scène. Plus le temps passait, plus il avait envie de conjuguer ses deux passions : les Pokémons et la scène. Il était dans la ville idéale pour ça puisque Vergazon possède sa propre salle où peuvent se dérouler des concours. Aussi, dès qu'il y en avait un, il y allait en tant que simple spectateur et s'installait tout en haut des gradins, dans un coin, au-dessus des sièges afin de rester seul et au calme. D'ici, il pouvait voir la totalité de ce qu'il se passait sur scène.

Le jour de ses quatorze ans, son père vint lui rendre une visite surprise. Avant de lui dire quoique ce soit, il lui mit une Pokeball dans les mains et ce n'est qu'après qu'il lui fit passer son message.

« Si tu veux voyager et t'exhiber avec des Pokémons libre à toi de faire comme tu veux mais ai au moins le talent de capturer toi même ton starter. »

Cependant, cette première excursion se révéla être catastrophique. Virgil s'était baladé sur la Route 117 dans le but de capturer son premier Pokémon mais il avait tellement marché avec la tête dans les nuages qu'il s'était perdu et avait dû donc passer la nuit dehors au pied d'un arbre. Or, le matin il se fit réveiller par de drôles de sensations sur son corps. Quand il ouvrit les yeux, il remarqua qu'il était couvert d'Aspicot qui souhaitaient grimper à l'arbre rejoindre des Coconfort. Le vacarme qu'il provoqua réveilla des Dardagnans qui le poursuivirent jusqu'à l'entrée de la ville où l'attendait son père et sa sœur, qui était au passage la seule à réellement s'inquiéter. En voyant l'échec de Virgil, Krauss Roots confisqua la Pokeball et lui dit déclara qu'il aurait une autre chance l'an prochain.

Le jour des quinze ans de Virgil arriva finalement et avec lui son père et la Pokeball qui devait accueillir son premier Pokémon. Cela se révéla être encore un échec désastreux. En effet, pendant qu'il cherchait du regard un Pokémon facile à attraper, il ne fit pas attention où il marchait. Lui qui longeait le bord d'un lac depuis une petite falaise tomba en plein dedans. Son salut il ne le devait qu'à la chance qui lui avait envoyé un dresseur. Ce dernier était en train de pécher quand il vit le jeune homme tomber et il avait alors envoyé un Pokémon aquatique pour le secourir avant de le ramener à Vergazon. Son père en voyant ce nouvel échec le prévint que l'année prochaine serait sa dernière chance après, il devrait abandonner ses rêves et venir travailler avec lui.

Cette idée lui était insupportable aussi, Virgil fit plusieurs excursions sur la Route 117 dans le but de renforcer son corps et de la connaître un peu mieux. Plusieurs mois passèrent et au fur et à mesure, le stress se faisait de plus en plus présent pour le jeune homme surtout que dorénavant il était seul. Sa sœur avait emménagé dans la région d'Alcea, un producteur local avait bien aimé ses chansons et avait demandé au groupe d'enregistré un disque, depuis, elle vivait dans une ville nommée Merya. Elle lui avait fait une promesse : S'il réussissait le défi de leur père, elle le ferait emménager avec elle afin de l'aider à couper les ponts avec lui. Il lui en était reconnaissant et cette promesse le motivait encore plus. Il ne cependant pas la rencontre de son starter le jour de ses seize ans.

C'est lors d'un énième « entraînement » qu'il rencontra Furaiglon. Alors qu'il faisait un jogging dans un terrain herbeux avec en contre-bas un petit bosquet qui camouflait parfaitement les inégalités du sol. Ce fut une de ces inégalités qui lui fit perdre l'équilibre et dévaler la pente avant de le faire se fracasser contre un épais tronc d'arbre. Par malheur, ce dernier abritait un Migalos qui semblait détester se faire réveiller en trombe comme ça. C'en suivit une course-poursuite où Virgil finit par se faire acculer par une côte trop abrupte pour qu'il puisse la grimper. Croyant sa dernière venue, il sentit ses yeux s'embuer de larmes qui n'allaient pas tarder à couler. C'est alors que débarqua un miracle en la présence d'un Furaiglon qui avait attaqué, lors d'un piqué, la tête du Migalos pour accaparer son attention avant de s'enfuir ensuite pour l'emmener loin d'ici. Ce ne fut qu'après quelques minutes qu'il revint, Virgil n'avait pas bougé tellement il était surpris par l'événement. Le Furaiglon le fixa quelques instants tout en restant en vol stationnaire avant de se poser sur un de ses genoux pour ensuite se percher sur son crâne. Le message était claire : Je reste avec toi que tu sois d'accord ou pas. En plus, t'as une dette envers moi.

C'est alors que le fameux jour arriva. Ce jour-là Virgil avait décidé de tenir tête à son père, du moins tenter, il s'était préparé à ce moment depuis que Furaiglon avait décidé de rester avec lui et faire équipe. Il avait tenté de lui expliquer que lui voulait participer aux concours et lui avait même montrer des vidéos de concours mais l'oiseau ne semblait pas vouloir changer d'avis et à chaque fois, il finissait à s'installer sur son crâne, heureusement qu'il avait pas mal de cheveux et qu'ainsi il ne sentait pas les serres. Mais, grâce à cette présence à ses côtés, il se sentait mieux et avait un peu plus confiance en lui. Aussi, quand il vit son père et que ce dernier afficha un air surpris en voyant le Pokémon juché sur le crâne de son fils, ce dernier était content du résultat et tendit la main pour réclamer la tant attendu sphère noire et rouge. Krauss Roost la lui donna avec un masque impénétrable d'afficher sur son visage avant de fermer la porte et de repartir aussitôt.

Quelques jours plus tard, Virgil partait avec son Furaiglon pour Alcea rejoindre sa grande-sœur. Il n'avait pas encore décidé quand il le ferait mais il avait déjà prévu de parcourir cette région avec son fidèle camarade volatile dans le but de récolter des rubans afin de réussir en tant que coordinateur. Ce jour arriva bien vite car si la ville avait un rythme et une ambiance qui plaisait à sa sœur chanteuse ayant du succès pour un garçon comme lui, cela était de trop après seulement quelques jours en ville. Cela ne voulait cependant pas dire qu'il n'y reviendrais jamais pour saluer sa chère grande-sœur qui a toujours été présente pour lui.