Je m'appelle Sara Marshall. Avec un nom pareil, difficile d'envisager une autre voix que celle qui m'a été choisie dés ma naissance. Je suis née à Cimetronelle, de parents rangers. A l'âge de deux ans, on a déménagé pour Frimapic où j'ai été élevée à la dure, parfois jusqu'à en être blessée.
Mon père ne voyait pas d'autre destin pour moi que celui de ranger, et à dire vrai, parcourir le monde en n'ayant d'autre objectif que de collectionner des bouts de métal, très peu pour moi. J'aime l'aventure, le danger... J'ai grandi avec la conviction que je ferais une super ranger. Mon père voudrait que je sois la meilleure, et j'ai très vite montré des dispositions naturelles à cette destinée. Douée à la course, forte dans tous les jeux de réflexion... Mes parents ont très rapidement été fiers de moi.
Jusqu'à ce tremblement de terre. J'avais dix ans quand la terre s'est déchirée au pied du Mont Couronné, engloutissant une caravane que mes parents escortaient... Ma mère n'a pas survécu, mais elle a sauvé trois petites filles. Elle a reçu une médaille du mérite à titre posthume. Mon père s'est fait rouler dessus par un rocher. Tibias fracassés, et coma. Aujourd'hui encore, il dort. Ca va paraitre méchant, mais j'espère qu'il ne se réveillera pas, car c'est une vie de souffrance qui l'attend...

Je me suis donc retrouvée livrée à moi-même. Mais mon père avait pris ses dispositions. J'ai été recueillie par l'école des rangers de Féli-cité, où j'ai complété ma formation sous la férule de grands rangers, qui connaissaient bien mon père. Leur enseignement n'était pas très différent du sien, mais la différence d'âge à joué. J'étais en âge d'apprendre plus de choses...

Sept années durant, j'ai été formée, et souvent considérée comme la meilleure recrue de l'école. Ca m'est monté à la tête, et je me suis retrouvée à être prétentieuse, trop sûre de moi. Et ce qui devait arriver arriva. Certaine que j'allais réussir une mission, j'ai pourchassé un voleur avec l'aide des Caninos et des Luxio de l'école. La course poursuite était acharnée, et je gagnais du terrain. Sauf qu'il avait une agilité incroyable, et devait avoir le soutiens d'un pokémon télépathe, car il a sauté entre deux immeubles... Et je l'ai suivi. Mais j'ai raté mon coup, et suis tombé de 10 étages. Juste avant de toucher sol, un Dracaufeu m'a récupérée et m'a emmenée auprès de sa dresseuse qui passait pas là.Seul cet événement mérite d'être raconté avec des détails alors le voilà.

Lorsque le dracaufeu me déposa sur le sol, j'étais étourdie. Mais moins qu'après avoir reçu une baffe de la part de celle qui m'avait sauvée.
- Pauvre imbécile. Quelle idée de sauter comme ça ? tu voulais mourir ?
- Je...
- La ferme ! Si j'avais pas été là, l'école des rangers aurait été débarrassée d'une recrue bien pompeuse... Mais je n'allais pas laisser quelqu'un mourir sous mes yeux sans rien faire. Et tiens ! Comme ça tu n'oublieras pas cette leçon de sitôt.
Elle avait ponctué sa phrase au moment du "tiens" d'une nouvelle giffle sur l'autre joue. Les larmes me sont alors montées aux yeux. Pas pour la honte qu'elle m'infligeait, ni pour la douleur de ses coups, mais à cause du contrecoup. J'ai failli mourir.
Contre toute attente, la seconde suivante, elle me serrait dans ses bras.
- Pauvre chérie... Quasi-orpheline, sans personne pour modérer tes ardeurs, livrée à ces chiens de l'école qui ne cherchent qu'à faire des machines de guerre...
- Comment vous savez que...
- J'ai connu ta mère il y a longtemps. Tu lui ressembles beaucoup. Ce qui lui est arrivé n'aurait pas du avoir lieu.
- Vous voulez dire que les enfants auraient dû mourir et que...
- Non, me coupa-t-elle sèchement. Son comportement n'est pas reprochable.  Ce qui l'est, c'est l'attitude des convoyeurs. Par peur de perdre de l'argent, ils ont voulu prendre une route qui n'était pas sûre. On voit le résultat...
Sa déclaration me laissa perplexe. Je n'avais jamais entendu cette version de l'histoire. Intriguée, je lui demandais des détails sur la relation avec ma mère, et elle se mit à glousser.
- On sera mieux autour d'un verre. D'autant que tu as besoin d'un remontant.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle m'emmena dans un bar branché où je pris une consommation sans alcool, et elle commença à me révéler son histoire. Ma mère et elles étaient voisines étant petites. L'inconnue me révéla de nombreuses anecdotes sur ma mère, parfois anodines, mais parfois révélatrices.
- Tu vois, ta mère n'avait pas tes aptitudes physiques et mentales. Au début du moins. Alors comment a-t-elle fait pour devenir une ranger aussi renommée aussi vite ?
- Euh...
- Rah cette jeunesse... Son corps, petite idiote. Le corps d'une femme est une arme mortelle, et ta mère a su s'en servir aussi efficacement que le venin d'un Arbok.
Il m'a fallu quelques instants pour comprendre le sens de ses paroles. Il faut dire que je n'avais jamais prêté attention à la sexualité jusqu'aà aujourd'hui.
- Et ça marche ?
- Y'a qu'à voir la carrière de ta mère ! dit-elle en éclatant de rire.

Je n'ai pas osé parler plus de ça avec cette femme, qui m'avait échangé son numéro d'holokit. Elle s'appelait Emma. J'ai gardé contact avec elle, et j'ai souvent pris conseil auprès d'elle. Et j'ai bien retenu la leçon qu'elle m'a donné. Enfin, les leçons... Celle sur la chute, et la leçon sur ma mère... Sur son arme secrète. J'ai très vite cherché à la mettre en application. Non content de découvrir quelque chose de très plaisant, j'ai également acquis une méthode pour obtenir plus de résultats, avec moins d'efforts et plus de plaisir.

J'ai également appris qu'il fallait garder cette arme pour moi seule. Si certains connaissaient mon secret, ça aurait pu avoir des répercussions : rumeurs, réprimandes... Je me suis donc forgé un masque. Personne ne doit me connaitre sous ce jour.

Voilà pour le gros de mon histoire. Il ne me reste qu'à raconter dans quelles circonstances j'ai du aller à Alcea en compagnie d'un petit Riolu très attachant...

Tout a commencé il y a quelques semaines. J'étais partie en mission vers Frimapic. En chemin, j'ai aperçu quelque chose d'étrange pendant une tempête de neige assez virulente. Et puis j'ai entendu une voix. Etrange, me direz-vous, avec ce blizzard qui frappait... Mais j'ai entendu une petite voix. Et je me suis dirigé vers l'endroit d'où elle provenait, en dépit des injures de mon compagnon. Et j'ai tendu les mains assez vite pour rattraper un Riolu transit de froid. Il ne devait pas avoir plus de six mois... Pauvre petit...
Ignorant les contestations de mon compagnon, qui était un ranger de bas étage (le genre de mec qui a passé 10 ans de sa vie sans jamais monter en grade), j'ai fait demi-tour, en enfouissant le bébé entre mon pull et la fourrure chaude de ma veste. J'ai enfourné mon Galopa et me suis rué à Celestia, où j'ai pu le confier au centre pokémon qui l'ont rapidement mis hors de danger.

Il s'est réveillé au bout de quatre jours de soins intensifs à base de potions de chaleur et autres médicaments. Son réveil a été particulièrement brutal. On est venu me chercher alors que je pianotais un rapport sur l'ordinateur du centre, en me disant que le petit était en phase de réveil. Je suis donc allé le voir, et j'ai entendu des éclats de voix. Apparemment, il n'avait pas apprécié de se réveiller dans les conditions dans lesquelles il était maintenu, et faisait de l’esbroufe. Il chutait quand je suis arrivée, et je l'ai de nouveau rattrapé avant qu'il ne se fasse mal. Il s'est calmé tout de suite, et j'ai commencé à lui faire des reproches.
- Tu dois rester tranquille, lui disais-je. Ces personnes ne te feront pas de mal, au contraire. Tu es blessé, tu as besoin d'eux, alors ne recommence pas !
J'ignore encore pourquoi j'ai réagi comme ça. Intriguée, j'ai fait demi-tour et j'ai quitté la salle de réveil.

- On aurait dit que vous étiez sa maîtresse, me dit une infirmière...
- Hm ?

L'hospitalisation du petit Riolu a duré environ un mois. J'ai demandé une affectation spéciale à Celestia le temps qu'il reprenne des forces, prêt à être relâché. Comme ça, je continuais de travailler tout en m'occupant de lui. Il a vite appris à écouter, et s'est montré très curieux. Au début, il ne semblait pas nous comprendre, mais il a très vite montré des signes d'adaptation .Je me demande sérieusement comment eux peuvent nous comprendre et comment nous ne pouvons pas parvenir à traduire les grognements, hurlements et cris de ces animaux.

Lorsque les médecins ont déclaré qu'il était complètement remis, j'ai reçu une injonction du QG : je devais déposer le petit dans une clairière et le laisser partir. Quelle ne fut pas ma surprise de le voir rester sur place, s'asseoir et me regarder avec de grands yeux brillants. Je crois qu'il attendait que je lui dise quoi faire. Troublée, j'ai contacté le QG.
- Oui, ici Sara Marshall... Quelque chose cloche avec le Riolu que je devais remettre à l'état sauvage et...
- Il refuse de bouger ? me demanda l'officier en ligne.
- Euh, oui. Il s'est assis.
- C'est tout à fait normal. Ce pokémon n'était pas complètement sevré lorsque vous l'avez trouvé, il a donc reporté son affection sur vous. Il ne pourra pas survivre à l'état sauvage, et les officiers en ont donc profité pour officialiser votre statut.
- Euh...
- Sara Marshall, vous êtes désormais un ranger certifié. Si vous le souhaitez, ce Riolu peut être votre partenaire. Vous recevrez dans les prochains jours une lettre vous affectant à un poste. Félicitations !
- Euh... M... Merci mais...
- Oui ?
- Non rien... Je vais m'occuper du pokémon. Merci, officier Rayley !

La communication fut interrompue et je me suis retournée vers le pokémon. Il était là, assis, toujours, à me regarder. J'aurais même juré qu'il souriait.
- Et bien, mon petit, il semblerait que nous allons devoir faire un peu de route ensemble.
Il ferma les yeux, apparemment content. J'ai alors sortis une pokéball pour la tendre vers lui et il s'est laissé aspirer, fermant la pokéball qui faisait ses manipulations complexes pour le lier à cette sphère. Lorsque le déclic se fit, je me mis à sourire. J'ignore pourquoi... et poussai un cri. La pokéball s'était rouverte et le Riolu en était ressortir, puis s'était jeté sur moi en faisant un bruit semblable à un ronronnement. Depuis ce moment il refuse de rester dans sa pokéball...

Comme l'avait annoncé l'officier, un Roucool était venu me remettre mon affectation. Alcea. Une lointaine région qui a un long passé avec Sinnoh. Je ne crois pas au hasard : les rangers d'Alcea font partie des meilleurs. Je sais que je dois encore évoluer, c'est donc le meilleur moyen. Il restait encore tant de régions isolées... En découvrir une nouvelle me plaisait fortement. Je me suis donc mise en route vers Rivamar, en compagnie du pokémon, juché sur mes épaules, que j'avais décidé d'appeler Lury. Il semblait chantonner, pendant le voyage, et je crois que le vent tiède du début d'été le satisfaisait.

Les premiers jours en bateau furent un calvaire pour lui. Le mal de mer, ça ne pardonne pas, et il resta confiné dans sa chambre pendant la première semaine. Le capitaine me conseilla de le remettre dans sa pokéball, mais il refusa catégoriquement en envoyant ladite ball dans le nez du capitaine. Bien malgré moi, je me mis à éclater de rire.

Il reprit vite du poil de la bête, et commença à déambuler sur le bateau en courant. Il me faisait rire, ce petit bonhomme, et j'étais plus satisfaite de la tournure que prenaient les choses. Le voyage fut agréable, la chaleur de l'été commençant à s'installer, mais l'air marin nous dispensait d'une violente canicule. Et un beau jour...

- Mesdames et messieurs, votre attention, s'il-vous-plait. Le porte de Hopa est en vue. Le débarquement commencera dans deux heures, veuillez je vous prie réunir toutes vos affaires pour que le personnel se charge de conduire vos valises sur le quai. Nous espérons que le voyage fut agréable, et nous espérons que votre séjour sur Alcea se passera bien.

Un frisson glissa le long de mon échine. Cette terre qui approchait était synonyme d'aventures.